Allocution à l'occasion de la Cérémonie de remise du Prix des Droits de l'Homme Václav Havel
Strasbourg, lundi 30 septembre 2013

Mesdames et Messieurs, Chères/Chers collègues et ami(e)s,

Les droits de l'homme ne sauraient progresser sans l'engagement et le travail dévoué des défenseurs des droits de l'homme qui agissent sur le terrain au prix de leur sécurité personnelle, mettant jusqu'à leur vie en danger, afin que nos sociétés deviennent plus démocratiques et justes.

En signe de reconnaissance de leur courage et leur dévouement, notre Assemblée parlementaire récompense depuis 2007 ces actions exemplaires, en leur octroyant son Prix des droits de l'homme.

A partir de cette année, ce Prix portera le nom de Václav Havel, un visionnaire et Grand Homme politique européen, qui a consacré toute sa vie et son parcours politique au combat pour les droits et les libertés fondamentales, contre le totalitarisme.

Je souhaiterais, au nom de tous les membres de l'Assemblée, remercier nos partenaires de la Bibliothèque Václav Havel, de la Charte 77, et, bien sûr, le Gouvernement tchèque, pour leur engagement et leur contribution, sans lesquels le Prix Václav Havel n'aurait pas pu voir le jour.
Les candidats présélectionnés cette année – M. Ales Bialitski, l'Association des jeunes juristes géorgiens, et le Réseau Défense des Droits, ont fait, tous trois, la démonstration de leur engagement inébranlable et exceptionnel en faveur des droits de l'homme.

Dès le début des années 80, M. Ales Bialiatski s'est engagé dans le combat en faveur des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Il a organisé les premières manifestations contre le régime totalitaire soviétique et résisté courageusement devant les pressions et harcèlements des autorités.

Depuis 1996, le Centre des droits de l'homme Viasna, qu'il a créé, apporte un soutien concret aux victimes des violations des droits de l'homme au Belarus, tout en diffusant des informations dans le monde entier sur la situation en matière de droits de l'homme dans ce pays. Même lorsque le Centre  s'est vu priver de son statut officiel en 2003, M. Bialiatski a poursuivi son action en faveur de la démocratie et des droits de l'homme au Belarus. Cet engagement lui a valu une condamnation à quatre ans et demi de prison ferme en 2011 pour « évasion fiscale », à l'issue d'un procès qui fut unanimement condamné par la communauté internationale. Aujourd'hui, à notre plus grand regret, M. Bialiatski est toujours en prison et c'est son épouse, Mme Pinchuk, qui le représente auprès de nous.

L'Association des jeunes juristes géorgiens est active dans le domaine de la protection des droits de l'homme depuis 1994. Elle propose aux citoyens une aide juridique et judiciaire, et protège plus particulièrement les droits des personnes en détention. Cette association contribue également très activement au processus législatif, par son examen des projets de lois du point de vue de leur conformité aux standards en matière de droits de l'homme et de démocratie. L'élection présidentielle prévue prochainement en Géorgie se tiendra dans un environnement électoral beaucoup plus ouvert, compétitif et équitable. Votre contribution à ce processus est essentielle.

Le Réseau Défense des Droits a été lancé en 2005. Aujourd'hui, ce groupe rassemble des militants, juristes, journalistes, écrivains, dissidents et syndicalistes qui oeuvrent à la collecte, au partage et à la diffusion d'informations concernant les droits de l'homme en Chine et à l'organisation d'actions en faveur de la défense des causes qu'ils poursuivent. Au cours des sept dernières années, nombreux sont les membres du Réseau qui ont été la cible de manœuvres de harcèlement et de persécutions. L'un d'entre eux, Liu Xiaobo, lauréat du Prix Nobel de la paix 2010, actuellement  emprisonné, purge une peine de onze ans pour « incitation à la subversion ».

Mesdames et Messieurs, Chères/Chers collègues,

C'est aux côtés de nos partenaires de la Bibliothèque Václav Havel et de la Charte 77, du Président de la Cour européenne des Droits de l'Homme, M. Dean Spielmann, que je salue, de notre Commissaire aux Droits de l'Homme, M. Nils Muižnieks, que je salue également, de la Secrétaire Générale adjointe du Conseil de l'Europe, Mme Gabriella Battaini, que j'ai enfin l'immense honneur d'annoncer le nom du Lauréat du Prix des Droits de l'Homme Václav Havel de 2013.

Le Prix est décerné à Ales Bialiatski.

Chères amies/Chers amis, c'est avec beaucoup d'émotion que je remets aujourd'hui ce trophée à son épouse, Mme Pinchuk,  M. Bialiatski étant emprisonné pour avoir défendu ses idées et ses convictions, qui sont aussi les nôtres. Dans ce contexte, le fait  de lui attribuer le premier Prix des Droits de l'Homme Václav Havel revêt une signification toute particulière. Václav Havel a de tous temps défendu l'existence d'une Europe sans blocs, sans clivages, et la cause d'une communauté des Etats démocratiques respectueuse des droits et des libertés fondamentales de tous les Européens. Force est de constater que ce projet est bien loin d'être achevé. Dans son combat quotidien contre les violations des droits humains, l'injustice, l'arbitraire et l'autoritarisme, M. Bialiatski a œuvré sans relâche pour que les citoyens du Belarus puissent prétendre un jour aux standards européens qui sont les nôtres. Notre Assemblée a le devoir de soutenir les efforts de toutes celles et tous ceux qui, au Belarus et au-delà, dans d'autres Etats européens et partout dans le monde, mènent des actions en faveur des valeurs universelles de la démocratie, des droits de l'homme et de l'Etat de droit. Le Prix des Droits de l'Homme Václav Havel porte un message politique fort qui va dans ce sens.