Discours d'investiture
Strasbourg, lundi 25 janvier 2016

Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, chers collègues, chers amis,

C'est aujourd'hui le premier jour de mon mandat en tant que Président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, et c'est un honneur pour moi de m'adresser à vous pour la première fois en cette occasion officielle très spéciale.

J'aimerais tout d'abord remercier Anne Brasseur, qui m'a précédé à ce poste, pour l'énergie et l'engagement dont elle a fait preuve au cours de ces deux dernières années à la tête de l'Assemblée.

Anne, je sais que ces deux années n'ont pas été faciles en raison de tous les événements survenus en Europe, mais vous avez eu la vision nécessaire pour relever ces défis et conduire les débats dans cette maison de la démocratie.

J'aimerais aussi remercier tous ceux qui ont soutenu ma candidature pour la nouvelle Présidence de l'Assemblée. Je souhaite remercier mes collègues du Parti populaire européen mais également ceux des autres groupes.

Mes remerciements vont aussi au Secrétaire Général du Conseil de l'Europe, Thorbjørn Jagland, à la Secrétaire générale adjointe, Gabriella Battaini, et au Secrétaire général de l'Assemblée, Wojciech Sawicki.

Un mot encore pour le personnel de cette Assemblée, dont le travail garantit le succès de chaque session et de chaque période entre les sessions parlementaires.

Et enfin, un mot pour mes enfants, qui sont venus ici aujourd'hui pour me soutenir en cette occasion très particulière.

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Mesdames et Messieurs,

C'est notre première session depuis quatre mois et pendant cette période, de nombreux Etats membres ont fait l'objet d'attaques du terrorisme djihadiste, comme la France, la Turquie et la Bosnie-Herzégovine. D'autres pays et leurs ressortissants, comme le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Allemagne et la Russie, ont également été pris pour cibles en territoire étranger.

Enfin, de nombreux autres états en dehors de l'Europe ont également été l'objet de terrorisme djihadiste, y compris parmi nos voisins les plus proches comme la Tunisie, la Syrie ou l'Egypte.

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Mesdames et Messieurs,

Je suis espagnol et je serai toujours espagnol, mais je suis et je me sens européen. Je suis européen parce que je suis espagnol.

Les intérêts communs sont la base la plus solide et la plus durable pour les bonnes relations politiques entre les peuples, et cela devrait toujours être le cas.

Lorsque le processus de l'intégration européenne est remis en question en raison de problèmes politiques ou financiers, nous devons adopter une perspective historique pour apprécier les actes de personnalités comme celles des pères fondateurs du Conseil de l'Europe qui, dans une période dramatique de l'histoire européenne, ont surmonté l'adversité pour lancer un processus de reconstruction et d'unité au-delà des différences nationales.

Adenauer, Monnet, De Gasperi et Spaak ont été les forces motrices de la nouvelle Europe, ils se sont battus, avec d'autres personnalités de leur génération, en faveur des idéaux européens classiques de paix entre les nations, de bonne gouvernance démocratique et de bien-être socio-économique, ils ont jeté les bases de la plus grande période de paix et de prospérité qu'ait connu notre continent.

Lorsque le Conseil de l'Europe a créé son Assemblée parlementaire, le premier Président élu à sa tête, Paul-Henri Spaak, l'appelait la «Grande Assemblée».

Son objectif était que les parlementaires qui s'y rencontraient devaient avoir une double mission, européenne et nationale. Leur rôle est de faire connaître au niveau européen la pluralité des points de vue et des avis de millions de citoyens européens, tout en rapportant chez eux une vision européenne et une multitude de perspectives nationales à partager avec leurs propres citoyens, enrichissant ainsi le débat politique et social.

Spaak pensait que construire une Europe unie et unifiée serait un processus long et laborieux.

Tel a été le cas.

Vingt-sept ans après la fin de la guerre froide, le processus est de toute évidence toujours en cours et les valeurs de démocratie, pluralisme, droits de l'homme et État de droit ne sont pas encore pleinement respectées dans tous les Etats européens.

L'euphorie a cédé le pas à l'anxiété. Le monde n'est pas forcément un endroit plus dangereux qu'il ne l'était pendant la guerre froide, mais il est assurément devenu plus chaotique, plus incertain et plus complexe.

Le niveau de tensions dans le monde est stupéfiant.

Au Moyen-Orient, nous assistons à la menace que représente l'État islamique, à une guerre sanguinaire en Syrie et à l'effondrement d'États comme l'Irak, la Libye et le Yémen.

Ici, en Europe, nous devons faire face à quatre enjeux interdépendants qui créent une situation de bouleversements permanents.

Le premier, c'est le terrorisme international, qui constitue un véritable danger aux multiples facettes.

Le deuxième, c'est la crise des réfugiés, qui a suscité de nombreux débats sur l'identité et les valeurs européennes.

Le troisième, ce sont les conflits qui ne sont toujours pas résolus en Europe. La situation en Ukraine demeure très délicate. Le conflit a déjà fait plus de 9000 victimes, les séparatistes soutenus par la Russie contrôlent toujours une partie du pays et la paix demeure un rêve lointain.

Des menaces à la sécurité et des conflits gelés existent toujours dans les régions de Transnistrie, en République de Moldova, d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, en Géorgie, et du Haut-Karabakh, en Azerbaïdjan.

En outre, la récente crise entre la Turquie et la Russie ne peut que susciter de l'inquiétude.

Enfin, je souhaiterais parler de la vague de populisme de gauche comme de droite, de la montée du nationalisme et de l'érosion des principes démocratiques et des droits de l'homme dans certains endroits, qui affectent notre cohésion et notre capacité d'action commune.

Ces enjeux sont interdépendants, s'alimentant et s'exacerbant les uns les autres.

Telles sont les questions qui sont au cœur de nos priorités en ce début d'année; elles sont devenues plus urgentes et menacent d'anéantir des décennies de progrès vers une plus grande union, des frontières plus ouvertes et une intégration plus étroite.

Nous devons agir aujourd'hui car l'Europe est perdue si elle reste divisée.

Nous sommes des sociétés démocratiques et ouvertes et nous devons être conscients des menaces qui pèsent sur notre sécurité, notre stabilité et nos institutions. Par conséquent, nous devons trouver les moyens de nous protéger.

Il ne faut pas oublier que nous devons être des démocraties militantes et nous disposons de la base juridique pour le faire.

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Le terrorisme islamique vise à détruire l'occident, a détruire nos principes, nos droits, nos traditions et notre civilisation.

Rien ne motive plus les terroristes que l'érosion des valeurs attribuées à l'occident et l'annihilation des libertés et des garanties individuelles.

L'état islamique n'est pas une illustration de l'islam.

Ces criminels et meurtriers, qui vouent un culte à la mort, ne représentent qu'une petite fraction d'individus comparée au milliard de musulmans dans le monde, y compris les millions de musulmans européens, qui rejettent leur idéologie de haine.

Si nous voulons vaincre le terrorisme, nous devons coopérer et reconnaître les communautés musulmanes en tant que l'un de nos plus forts alliés, au lieu de les pousser à la suspicion et la haine.

Il ne faut pas oublier que la majorité des victimes du terrorisme dans le monde sont aussi des musulmans.

Mais de la même manière qu'il relève de la responsabilité des musulmans du monde d'en finir avec les perceptions erronées qui conduisent à la radicalisation, c'est notre responsabilité à tous, quelque soit notre religion, de rejeter la discrimination.

Nous avons le devoir de nous défendre contre les terroristes, mais au sein de cette assemblée, nous avons aussi un rôle éducateur, pédagogique qui doit primer face à la démagogie.

Nous devons livrer bataille pour protéger notre mode de vie, au lieu de tomber dans le racisme, dans l'hystérie islamophobe et dans une nouvelle "guerre au terrorisme".

Les coeurs des citoyens qui ont souffert dans leurs pays des attaques terroristes ont été blessés dans l'une de nos principales valeurs: la liberté.

La liberté de sortir, de voyager, de s'amuser, d'écouter de la musique ou de la vie quotidienne.

C'est la raison pour laquelle je souhaite que "la liberté de vivre sans peur" devienne l'un de nos principaux axes de travail pour ma présidence.

La liberté individuelle est et restera toujours le plus grand bien de tout un chacun.

Chaque européen doit pouvoir vivre pleinement sa vie quotidienne sans voir ses libertés restreintes par les menaces terroristes ou par des conflits.

L'Europe ne peut pas être soumise à cette peur, imposée par l'Etat Islamique.

La répression tend à engendrer une plus grande radicalisation ce qui se traduit par la formation et l'apparition sur scène de nouveaux djihadistes. C'est un cercle vicieux.

Si l'on en arrive là, les attaques de l'Etat Islamique auront atteint leur objectif: montrer aux musulmans qui vivent dans nos sociétés et qui sont hostiles à l'intégrisme islamiste qu'ils ne seront jamais acceptés comme des citoyens égaux et que, finalement, les états occidentaux, c'est à dire nous, sommes ses ennemis.

L'Assemblée parlementaire a récemment adopté une série de recommandations pour lutter contre le terrorisme et le fanatisme dans les Etats membres du Conseil de l'Europe. Nous devrions accorder une attention particulière à ce problème et en assurer le suivi par le biais d'un organe institutionnel, qui pourrait suivre de près, si nécessaire, les questions relatives à la lutte contre le terrorisme qui touche l'Europe dans son ensemble.

Il s'agira là d'un défi majeur pour les mois et années à venir si nous voulons vivre en paix en Europe et avec nos voisins.

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Mesdames et Messieurs,

Nous avons une mission qui nous vient de nos pères fondateurs: être unis dans les valeurs, dans une union de droits et de responsabilités.

Des millions de personnes se dirigent vers l'Europe pour être sauvées. Des personnes qui fuient d'horribles guerres civiles comme celle qui fait rage en Syrie et qui a déjà fait 250000 victimes.

L'année dernière, un million de réfugiés sont arrivés dans les Etats membres de l'Union européenne, et il ne faut pas oublier les 2millions de réfugiés qui se trouvent dans l'un des Etats membres du Conseil de l'Europe, la Turquie.

La crise des réfugiés constitue donc un défi, y compris vis-à-vis de nos valeurs.

Pour les femmes et les hommes du Moyen-Orient et d'Afrique, l'Europe d'aujourd'hui représente une lueur d'espoir et un havre de stabilité.

Je tirerai deux conclusions de la crise des réfugiés.

La première est que le démantèlement des institutions de l'État sans l'adoption de mesures rapides et efficaces pour mettre en place de nouvelles structures politiques, administratives et de sécurité a toujours été une opération à haut risque.

La deuxième est que les difficultés qui se posent pour intégrer ces nouvelles communautés dans les sociétés européennes ont conduit à une radicalisation politique, qui fait le jeu des partis nationalistes, et a abouti à une fragmentation du continent.

La crise des réfugiés constitue donc un test pour la capacité de l'Europe à trouver un consensus.

Si les discours démagogiques et intolérants l'emportent, la notion d'Europe en tant que communauté d'Etats qui défendent les droits de l'homme et l'État de droit va commencer à s'effriter.

La solidarité doit être un processus à double sens.

Les Etats membres ne peuvent accepter la solidarité sous la forme de financements de la part de l'Union européenne, par exemple, et refuser ensuite la solidarité lorsqu'il s'agit de partager le fardeau de la crise des réfugiés.

La solidarité doit s'appliquer dans tous les domaines.

Comme vous pouvez le voir, nous sommes de plus en plus confrontés aux mêmes défis récurrents.

Nous avons les mêmes problèmes à résoudre. C'est pour cette raison que les politiques étrangères se transforment de plus en plus en politiques intérieures, et vice versa.

Le Conseil de l'Europe existe depuis près de 70 ans.

Les caractéristiques de cette période ont été la démocratie, les droits de l'homme et l'État de droit, notamment la liberté et la paix, la diversité et la tolérance, la justice et la solidarité.

Le respect de nos valeurs n'est pas un sujet abstrait que l'on réserve aux beaux discours. Le défi qui consiste à vivre nos valeurs est au cœur de nos activités politiques de tous les jours.

En dépit de toutes ses réalisations, le Conseil de l'Europe devra continuer à agir en tant que gardien de ces valeurs européennes.

Une Europe désunie ne deviendra jamais un acteur mondial majeur, tandis qu'une Europe unie sera toujours dans une meilleure position pour rivaliser de manière pacifique avec d'autres Etats.

Chers collègues,

L'évolution de notre continent n'aurait pas été possible sans la réconciliation franco-allemande et, à l'heure actuelle, la stabilité en Europe n'a toujours pas été atteinte. Le processus de réconciliation a débuté en 1989, mais des fêlures sont apparues ces dernières années avec la guerre en Géorgie, l'invasion illégale de la Crimée et le soutien russe aux séparatistes dans l'est de l'Ukraine.

La situation en Ukraine demeure hautement inflammable.

Dans les régions contrôlées par les séparatistes, de nombreuses et graves violations des droits de l'homme ont été dénoncées et le Conseil de l'Europe devrait pouvoir accéder à ces régions afin de mener des enquêtes plus approfondies.

Il y a deux ans, l'Ukraine souhaitait s'engager dans une voie pro-européenne plus démocratique et se débarrasser d'un régime de kleptocratie qui avait commis des violations de droits de l'homme et emprisonné des dirigeants de l'opposition.

Pour cette raison, nous ne devons jamais oublier que la crise en Ukraine a été déclenchée par la désillusion profonde de sa population vis-à-vis de ses institutions politiques.

La Russie doit faciliter la reprise en mains par l'Ukraine de son territoire, et le Président ukrainien doit faire preuve de la volonté d'engager un dialogue avec l'est du pays, d'appliquer les normes européennes pour la protection et la promotion des minorités nationales et d'encourager la reprise économique de la région.

De notre côté, nous devons continuer à débattre des conflits gelés dans certaines régions de l'Europe, comme dans les régions de la Transnistrie en République de Moldova, de l'Abkhazie et Ossétie du Sud en Géorgie et du Haut-Karabakh en Azerbaïdjan, qui constituent des menaces à la sécurité de l'Europe.

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L'un des objectifs de ma Présidence sera de défendre les droits des parlementaires de l'Assemblée afin qu'ils puissent remplir leur mandat en tant qu'élus, au Conseil de l'Europe et dans leur propre pays.

C'est pourquoi la libération de personnalités telles que l'Ukrainienne Nadia Savtchenko et d'autres prisonniers politiques comme Giorgi Ugulava en Géorgie, et la défense de leur droit à la liberté, notamment la liberté de circulation et la liberté d'expression, doit être l'un des thèmes à aborder en priorité avec les autorités des pays concernés.

Chers amis,

Ce qui nous réunit ici aujourd'hui, ce n'est pas l'idée que l'Europe serait parfaite; c'est la conviction qu'en Europe, nous devons résoudre nos problèmes ensemble.

Depuis sa création, le Conseil de l'Europe joue un rôle moteur et central en matière de réconciliation. Le succès de la réconciliation franco-allemande dans les années 50 et 60 du siècle précédent, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a posé les fondations d'une Europe puissante, prospère et unie.

C'est avec cet exemple à l'esprit que nous avons ouvert nos portes à l'Est après la chute du mur de Berlin.

Assurer la transition harmonieuse d'un régime autoritaire vers un système de gouvernance démocratique, respectueux du pluralisme des opinions politiques, des libertés fondamentales et de l'Etat de droit, est l'une des plus grandes réalisations du Conseil de l'Europe et de notre Assemblée qui, historiquement, a été le moteur de ce processus.

Mais la transition est loin d'être achevée et nous voyons encore des tensions et des conflits, gelés ou armés, en particulier à nos frontières orientales.

Les conséquences du conflit en Ukraine sont nombreuses et profondes pour l'Ukraine et pour la Russie, qui sont nos Etats membres, mais aussi pour l'Europe dans son ensemble. Ce conflit a déjà coûté plus de 9000 vies humaines et plongé des centaines de milliers de familles dans le malheur; il doit prendre fin, et il est de notre responsabilité, en tant qu'Européens, de le résoudre. L'Europe a besoin d'une réconciliation authentique et sincère, car la confrontation est contraire à nos intérêts européens communs.

La Russie a un rôle crucial à jouer à cet égard, et doit faire preuve de respect pour les valeurs et les normes que nous partageons.

Cela dit, nous devons tous assumer nos responsabilités, nous ouvrir au dialogue et rechercher ensemble des solutions.

Il est important de maintenir le dialogue avec la Russie, et le Conseil de l'Europe offre une enceinte adéquate à un tel dialogue.

Je suis convaincu qu'un vaste rapprochement en Europe est non seulement nécessaire, mais aussi possible. C'est pourquoi l'Assemblée a la responsabilité d'entreprendre tous les efforts nécessaires pour que ce processus puisse avoir lieu. Nous devons écouter les parlementaires et les représentants de la société civile, formuler des recommandations et promouvoir des propositions qui contribuent au rapprochement.

L'Europe traverse une période mouvementée; elle est confrontée à des égoïsmes nationaux, à l'absence de position commune sur les politiques en matière de réfugiés, et au refroidissement des relations entre certains pays membres. Dans ce contexte, il est nécessaire de faire connaître les bonnes pratiques qui permettent aux Etats d'améliorer leurs relations mutuelles, de promouvoir la coopération, d'encourager le rapprochement et de progresser vers des objectifs communs.

Je souhaite proposer la création d'un prix spécial qui serait décerné aux responsables politiques, aux personnalités de la société civile et à toute personne qui apporte une contribution remarquable au renforcement des bonnes relations de voisinage entre nos Etats membres ou au niveau mondial.

Notre Assemblée a toute légitimité pour décerner un tel prix, compte tenu de son rôle historique dans la promotion de la coopération entre les Etats européens. Je me réjouis de discuter de cette idée avec vous tous.

Parmi les autres questions qui doivent retenir notre attention, je citerai le Bélarus.

Notre objectif stratégique est l'intégration du Bélarus au sein du Conseil de l'Europe sur la base des valeurs et des principes de l'Organisation, conformément à la Déclaration du Sommet de Varsovie de mai 2005.

C'est pourquoi nous devons relancer nos efforts dans l'espoir de normaliser nos relations avec le Bélarus, de la même façon que l'UE a mis fin à ses sanctions à l'égard de ce pays.

Le Bélarus a libéré des prisonniers politiques, et il nous appartient de reprendre contact avec ses parlementaires et sa société civile, notamment à l'approche des élections législatives qui doivent avoir lieu cette année.

Notre objectif doit être de débloquer le «statut d'invité spécial», mais pas à n'importe quel prix. Le Bélarus doit remplir des conditions essentielles pour que cela soit possible. Celles-ci ont été clairement énoncées dans les résolutions de l'Assemblée: adoption d'un moratoire sur l'application de la peine capitale et amélioration du respect des valeurs et principes démocratiques défendus par le Conseil de l'Europe.

Chers collègues,

Lorsqu'il s'est exprimé devant l'Assemblée parlementaire en 1988, le pape Jean-Paul II a dit qu'il était difficile de définir l'identité européenne.

Cette difficulté est peut-être moins grande aujourd'hui qu'il y a 25 ans. Le premier signe de développement d'une identité européenne commune est l'adhésion à la Convention européenne des droits de l'homme.

Mais le chemin est encore long.

En Europe, les nationalistes, les bellicistes, les eurosceptiques et les mouvements populistes ont en commun la haine de toute forme de coopération entre les pays européens, et ils s'efforcent d'affaiblir la démocratie traditionnelle.

Nous devons travailler ensemble pour combattre l'agression de l'ultranationalisme.

Nos valeurs se sont développées au fil des siècles. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et assister à leur destruction en quelques jours.

Nous devons nous réunir autour des idéaux du Conseil de l'Europe, la démocratie, les droits de l'homme et l'Etat de droit, pour garantir la paix sur notre continent. A une minorité qui cherche à faire obstacle à la volonté de la majorité et à remettre en question nos idéaux, nous devons opposer notre destin politique commun et notre vision d'un avenir commun.

En Europe, les citoyens de chaque pays européen devraient considérer les autres nationalités comme étant «des nôtres».

Si nous attachons trop d'importance à l'altérité d'autrui, nous aurons du mal à mener des politiques communes.

J'ai l'intention de promouvoir le concept d'identité européenne afin que les jeunes Européens puissent découvrir l'identité culturelle de tous les peuples d'Europe, et considérer les problèmes communs comme des problèmes qui nous touchent tous

Il faut garder à l'esprit que, pour la jeune génération, la Seconde Guerre mondiale appartient à une histoire lointaine, comme les guerres napoléoniennes ou la guerre de Trente Ans. Fort heureusement, l'histoire récente est exempte de guerres de cette ampleur, mais de graves conflits ont néanmoins éclaté, notamment dans le Caucase, dans l'ex-Yougoslavie et plus récemment en Ukraine. Cela montre que la paix ne va pas de soi. Nous devons travailler au maintien de la paix, sans relâche, génération après génération.

Chers amis,

La démocratie a besoin de notre soutien, jour après jour. Pour être prêt à soutenir la démocratie, il faut l'aimer. Pour l'aimer, il faut savoir ce qu'elle signifie.

Cette semaine, l'Assemblée aura le plaisir d'accueillir le parlement jordanien, qui est l'un de nos partenaires pour la démocratie; mais elle souhaiterait aussi accueillir plusieurs autres pays de la région méditerranéenne et d'Asie centrale, et nous devons poursuivre nos efforts pour les faire venir à nous.

Toutefois, nous ne devons pas chercher à leur imposer une démocratie de style occidental, et nous devons nous garder de toute arrogance. Il n'y a pas lieu d'exclure des sociétés qui n'ont pas notre longue expérience en matière d'ouverture politique. Une telle attitude pourrait entraîner un rejet des valeurs occidentales et se révéler aussi dangereuse, si ce n'est plus, que la situation d'origine, celle dont nous voulions encourager le changement.

A l'évidence, la création de l'Assemblée parlementaire est un élément essentiel du succès du Conseil de l'Europe et de la consécration des principes européens dans les normes juridiques internationales.

Si les pouvoirs formels de l'Assemblée sont relativement limités, son autorité morale est considérable.

Pierre Pflimlin considérait déjà en 1963 que l'Assemblée n'avait pratiquement aucun pouvoir, mais une réelle autorité.

Je vous tends la main pour coopérer avec vous tous, pour travailler avec les présidents de tous les groupes politiques, des commissions et des délégations nationales.

Nos prédécesseurs ont apporté une contribution historique à la démocratie, aux droits de l'homme et à l'Etat de droit en Europe; c'est une tâche à laquelle chaque génération doit s'atteler à nouveau, en s'appuyant sur la diplomatie parlementaire comme outil irremplaçable.

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CUENTO CON USTEDES.

JE COMPTE SUR VOUS.

ICH ZÄHLE AUF SIE.

CONTO SU DI VOI

VASÍZOMAI PÁNO SAS

CONTO COM VOCÊS

YA NA TEBYA RASCHITYVAYU

Merci beaucoup. Je vous adresse tous mes vœux de succès dans votre travail.