Allocution à l'occasion de la cérémonie de Commémoration en mémoire des victimes de l'Holocauste
Strasbourg, jeudi 30 janvier 2014

Mesdames et Messieurs, Chères/Chers collègues et ami(e)s,

« Ils ont tenté de briser notre volonté en inventant des techniques de plus en plus humiliantes, nous forçant même à nettoyer le sol alors que nous étions nus. Mais ils n'ont pas réussi à nous enlever notre fierté. Nous avons résisté.
En nous privant de notre nourriture, ils ont cependant réussi à nous ôter notre dignité, à nous dégrader en tant qu'êtres humains, à nous reléguer au rang d'animal. La seule chose à laquelle nous pensions alors était la nourriture et comment nous pourrions trouver quelque chose à manger. »

Tels sont les mots d'une luxembourgeoise, Madeleine Weis, exprimés dans ses mémoires, sur son vécu de la Seconde guerre mondiale, à l'intention de ses petits-enfants.

C'est un témoignage parmi d'autres, mais qui m'a profondément marqué.

Il y a 69 ans et 2 jours, la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau a mis fin aux atrocités commises par le régime nazi.

Aujourd'hui, 69 ans plus tard, il est de notre devoir solennel de montrer que nos valeurs ne sont pas négociables et ne peuvent être remises en question.

En même temps que nous rendons hommage à toutes les victimes de l'Holocauste, cette cérémonie nous rappelle qu'il faut rester intransigeant dans notre lutte contre l'antisémitisme, ainsi que contre toutes les formes de haine et d'intolérance. Loin d'avoir été éradiqué, force est de constater en effet que celui-ci est en progression sur le continent européen ces dernières années. Relativement banalisé, il est présent à des degrés divers dans tous les Etats membres du Conseil de l'Europe : profanations, vandalisme, publications, injures, menaces, agressions, voire meurtres. Une recrudescence qui devrait inciter ces mêmes Etats à redoubler de vigilance et à s'attaquer aux menaces que l'antisémitisme fait peser sur les valeurs fondamentales que le Conseil de l'Europe a pour mission de défendre.

Chères/Chers ami(e)s,

Entretenir le devoir de mémoire pour que cela ne se reproduise plus, mais également combattre l'antisémitisme, de même que toutes les formes de haine et d'intolérance, voilà notre rôle.

Depuis plus de six décennies, le Conseil de l'Europe, symbole de la diversité linguistique, des idées politiques et des cultures, œuvre pour la défense de la démocratie, des droits de l'homme et de l'Etat de droit, démontrant ainsi que ces trois piliers sont les bases essentielles de la paix et de la stabilité.

Aux côtés d'autres organes du Conseil de l'Europe, l'Assemblée s'efforce d'éradiquer l'intolérance et la discrimination. Cependant, cela ne suffit pas et je souhaiterais vous donner l'assurance que ce sujet restera toujours une priorité. Vous pouvez compter sur nous !

Chères/Chers collègues et ami(e)s,

En nous rendant à cette cérémonie, certain(e)s d'entre vous sont peut-être passés par l'exposition de photographies au rez-de-chaussée, organisée par la Représentation permanente du Luxembourg. Le titre de cette exposition est « Auschwitz ! Que faire après ? » Cela nous rappelle à tous que notre lutte contre l'intolérance et ses pires manifestations sont toujours « en cours ». Ainsi, unissons nos forces dans ce combat, je suis convaincue qu'ensemble nous réussirons.

Je vous remercie de votre attention.