Mots de bienvenue au Forum mondial de la démocratie
Strasbourg, mercredi 6 novembre 2019

Mesdames et Messieurs,

C’est un vrai plaisir pour moi de vous saluer toutes et tous ici, à Strasbourg, au Conseil de l’Europe, au nom de toute l’organisation et, plus particulièrement, au nom de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, qui tient siège habituellement dans cet hémicycle.

Permettez-moi, pour commencer, de remercier, à travers la présidence française du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, le Gouvernement français ainsi que nos partenaires locaux – la Région Grand-Est, le Conseil départemental du Bas-Rhin et la ville de Strasbourg – pour leur soutien au Forum Mondial de la Démocratie.

Le thème choisi pour ce Forum – « Information : la démocratie en péril » – est particulièrement pertinent, au vu des menaces qui pèsent sur la démocratie. Pourquoi donc ?

En tant que parlementaires et en tant que femmes et hommes politiques, nous sommes particulièrement conscient-e-s du lien vital entre la démocratie et la liberté d’expression et d’information. Si l’exercice de ces libertés fondamentales est compromis, la démocratie ne peut pas s’épanouir car ses principales actrices, ses principaux acteurs et bénéficiaires – nos concitoyennes et nos concitoyens – ne peuvent pas participer de façon substantielle et effective au processus de prises de décision.

Mais comment faire pour s’assurer de l’authenticité de l’information, alors que nous sommes toutes et tous de plus en plus exposé·e·s aux « fausses nouvelles », aux « faits alternatifs » ou encore à la propagande et à la manipulation délibérée de l’information ? Le professionnalisme et les normes éthiques des médias traditionnels représentent sûrement un garde-fou – même s’ils sont malheureusement aussi sous pression, notamment financière – mais qu’en est-il des réseaux sociaux ?

Et comment faire pour mieux protéger les journalistes contre les pressions, les intimidations ou la violence physique ? Nous avons besoin de prémunir nos démocraties contre les dérives autoritaires, car la liberté d’expression ne peut pas être pleinement exercée dans un environnement contraire au pluralisme ni lorsque la justice manque d’indépendance et d’efficacité.

Comment maîtriser les règles du jeu dans un monde de plus en plus numérisé ? Les nouvelles technologies entraînent des risques d’abus des libertés fondamentales, y compris par la propagation de messages haineux et de stéréotypes, notamment sexistes, qui visent et mènent souvent à des discriminations. Néanmoins, elles rendent le processus démocratique plus dynamique et plus réactif aux attentes de nos concitoyennes et de nos concitoyens. Ceci est notamment manifeste chez les jeunes qui – souvent – n’ont pas encore développé de repères clairs et manquent de confiance dans les institutions et les structures démocratiques traditionnelles et trouvent à travers les réseaux sociaux les outils nécessaires pour exprimer leurs craintes mais aussi leurs attentes.

Mes chères et chers ami·e·s,

Nous avons 3 jours pour débattre de ces quelques questions – ainsi que de beaucoup d’autres – dans des sessions plénières et des « labs » avec des participant·e·s et des expert·e·s éminent·e·s venant du monde entier. Leur expertise et leur expérience seront très utiles pour alimenter et guider nos discussions.

De plus, n’oublions pas que nous disposons encore d’un atout et pas des moindres : c’est l’acquis conventionnel du Conseil de l’Europe, organisation qui fête cette année son 70e anniversaire. Forte de nombreuses conventions ouvertes à tous les pays du monde et au bénéfice d’une inestimable expérience en matière de coopération politique et juridique dans le domaine des droits humains, notre organisation a su développer des normes et des standards de référence uniques sur de nombreux sujets.

Bien sûr, nous n’allons pas pouvoir résoudre tous les problèmes auxquels nos démocraties doivent faire face en trois jours mais je suis convaincue que nous pourrons tout de même en profiter pour identifier des pistes d’action visant à rendre nos démocraties plus fortes et plus résilientes face aux grandes préoccupations de notre temps et aux défis futurs.

Je me réjouis donc de pouvoir suivre les débats avec un grand intérêt et, sans plus tarder, je cède la parole à notre modératrice ainsi qu’à la Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe, Marija Pejcinovic Buric.

Je vous remercie de votre attention.