Rosen

Plevneliev

Président de la République de Bulgarie

Discours prononcé devant l'Assemblée

mardi, 26 janvier 2016

Je vous remercie toutes et tous de m’offrir l’opportunité de m’adresser à votre illustre aréopage. Depuis 1949, votre Assemblée est un forum de débats. Vous êtes les gardiens des droits de l’homme, de la démocratie et de l’Etat de droit. Depuis plus de soixante–cinq ans, vous êtes un moteur de changement positif; vous guidez l’Europe et ses 800 millions d’habitants vers un monde plus pacifique, vers davantage d’unité et de coopération.

La Bulgarie a rejoint le Conseil de l’Europe en 1992. Cette adhésion a ouvert de nouveaux horizons à mon pays, en facilitant la transition du totalitarisme communiste vers une démocratie vivante. C’est un résultat historique pour les Bulgares, mais aussi une responsabilité: nous nous sommes engagés en faveur des valeurs européennes, qui inspirent depuis lors toutes nos actions internes et externes. Nous sommes déterminés à continuer d’honorer nos engagements, à respecter la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales, qui est au cœur de l’Organisation.

Nous sommes fiers de présider aujourd’hui le Comité des Ministres. C’est une responsabilité considérable, compte tenu des nombreux défis qui sont aujourd’hui les nôtres. Nous devons coordonner les efforts pour promouvoir nos valeurs communes. La 126e session du Comité des Ministres se tiendra à Sofia le 18 mai 2016, et la Bulgarie ne ménagera pas ses efforts pour parvenir aux résultats qu’elle souhaite atteindre pendant cette présidence. Nous comptons sur le soutien et la coopération de vos parlements et gouvernements.

« La Bulgarie a fait beaucoup de chemin depuis son adhésion au Conseil de l'Europe en 1992 ; grâce aux orientations que le Conseil de l'Europe nous a données pendant les années de transition, nous avons réussi à créer un « Etat démocratique moderne"

Nous nous sommes félicités de l’adoption par la Commission permanente de la déclaration sur les principes de l’unité et de la coopération européennes en octobre 2015, et nous sommes favorables à une nouvelle réunion d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement pour réaffirmer notre attachement à nos valeurs communes. Nous rendons hommage aux efforts de la présidente de la délégation bulgare à l’Assemblée parlementaire, qui a permis l’adoption de cette déclaration.

Il y a actuellement un nombre record de crises en Europe et dans le monde qui représentent un énorme défi. Nous ne pouvons rester les bras croisés et considérer que les générations futures n’auront qu’à régler les problèmes. Nous devons agir et prendre des décisions audacieuses. Une décision erronée est parfois préférable à l’inaction, car on peut toujours corriger une erreur, tandis qu’en ne prenant aucune décision on suscite une atmosphère d’incertitude, on crée une zone grise où prospèrent l’illégalité et l’indifférence. Or rester indifférent, aujourd’hui, n’est pas une option.

Je rappelle les défis que nous aurons à relever.

Le premier est celui de l’Etat de droit. À la base de toute crise, il y a la violation d’une règle. On ne peut vivre en paix que si chacun respecte les règles et si les règles s’appliquent à tous sans distinction. Nous ne pouvons accepter le recours aux armes, qui n’est pas un argument mais bien plutôt le témoignage d’une absence d’arguments. Nous devons donc créer et maintenir des mécanismes efficaces pour prévenir l’éclatement de crises et préserver l’Etat de droit. On constate aujourd’hui, malheureusement, que même un membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu ne respecte pas ces principes.

Deuxième grand défi: nous avons besoin d’une approche proactive. N’attendons pas que des images de combat envahissent nos écrans de télévision pour agir. La paix n’est pas simplement l’absence de guerre: ce sont les droits de l’homme et la primauté du droit. Nous avons besoin d’un système de détection précoce des violations, au niveau européen et même mondial, et nous ne pouvons pas simplement nous dire préoccupés, il faut réagir et trouver des solutions.

Troisième défi: les migrations. Les conflits en cours ont chassé de leurs foyers des millions de personnes, qui se pressent aux portes de l’Europe. La plupart ont fui la guerre et ne demandent que le droit à la vie. D’autres, c’est vrai, ne cherchent qu’à améliorer leur situation économique. Fermer la porte à ceux qui ont fui pour survivre, dénoncer les instruments internationaux qui assurent la protection des droits de l’homme, renier nos valeurs, ce n’est pas une option.

La Bulgarie respecte strictement le Règlement de Dublin et l’Accord de Schengen, et nous accorderons un statut de réfugié à tous ceux qui répondent aux critères. Nous sommes favorables à la création d’un mécanisme de répartition solidaire et équitable des réfugiés entre les Etats membres. Il nous faut un mécanisme qui permette de faire la distinction entre ceux qui sont vraiment dans le besoin et ceux qui ne cherchent qu’à améliorer leur ordinaire. Ce n’est pas incompatible avec des contrôles plus stricts aux frontières.

Je réaffirme que la Bulgarie restera pleinement respectueuse des normes internationales en matière de droit humanitaire et de droits de l’homme, en particulier pour ce qui touche à la question de l’asile.

Mon pays a adhéré à la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés et à son Protocole de 1967. Nous respecterons ces textes et tous les autres. En tant que président du Processus de coopération en Europe du Sud-Est, la Bulgarie proposera, lors de la deuxième réunion informelle des ministres des affaires étrangères qui se réunira le 2 février 2016 à Sofia, une déclaration commune sur le défi des migrations.

Quatrième défi: le terrorisme et l’extrémisme violent ignorent les frontières, frappent par surprise là où cela fait le plus mal, menaçant nos valeurs et notre mode de vie. Aucun pays ne résoudra le problème seul. Nous devons réagir ensemble à cette menace globale. Ensemble, nous pouvons triompher de la haine, de l’extrémisme et de la folie destructrice.

Nous devons non seulement agir sur les symptômes, mais aussi sur les causes profondes. Il est certain que la coalition internationale, dont la Bulgarie est un membre éminent, vaincra l’Etat islamique. Vaincre militairement Daech n’est qu’une question de temps, mais cela ne résoudra pas tout le problème. Le terrorisme en tant qu’idéologie ne sera vaincu que si nous pouvons proposer mieux, grâce notamment à la formation et à l’éducation à la tolérance.

On ne naît pas terroriste, on le devient. On crée des terroristes. L’exclusion sociale, les inégalités, l’absence de perspectives, la haine attisée par le déni des droits, entraînent la radicalisation et le terrorisme. La marginalisation n’a ni nationalité, ni ethnie, ni religion, ni couleur de peau. Nous ne pourrons empêcher la radicalisation des groupes marginalisés dans notre société qu’en agissant par le biais de l’éducation et en développant des politiques d’intégration.

Le rôle du Conseil de l’Europe en tant que gardien et promoteur des valeurs de démocratie et de liberté est essentiel. Dans la recherche d’une solution globale, démocratique au terrorisme, nous nous félicitons de la réaction rapide du Conseil de l’Europe face à la multiplication d’actions violentes et à la radicalisation, notamment grâce à l’adoption par le Comité des Ministres, en mai 2015, d’un plan d’action destiné à combattre l’extrémisme violent et la radicalisation conduisant au terrorisme.

Nous sommes heureux également du Protocole additionnel à la Convention pour la prévention du terrorisme relatif aux combattants terroristes étrangers. La Bulgarie a signé ce Protocole le jour même où elle a pris la présidence du Comité des Ministres et la présidence bulgare veillera à ce que ce texte puisse être rapidement appliqué dans son intégralité.

Cinquième défi: la dichotomie entre intérêts globaux et principes globaux.

Aujourd’hui, nous constatons que le comportement de la Russie est guidé par les principes idéologiques de la superpuissance et de ses sphères d’intérêts. En face, se trouve l’Union européenne, projet unique où la grande Allemagne et ses 80 millions d’habitants a les mêmes droits que la petite Estonie et ses 1,3 million d’habitants, où l’on recherche le consensus, où personne n’est relégué à la marge, à la périphérie, où personne ne joue en deuxième division. Tous les Etats sont sur le même plan, qu’ils soient riches ou pauvres, grands ou petits.

Sur la scène mondiale, nous devons aussi veiller à ce que les intérêts généraux des uns et des autres ne s’opposent pas aux principes et aux valeurs internationales.

Sixième défi: nous constatons qu’aujourd’hui, l’Occident et la Russie s’opposent à nouveau. Malheureusement, la situation évolue mal en Europe. La crise en Ukraine a vraiment changé la donne. Nous sommes entrés dans une nouvelle phase que l’on pourrait qualifier une «paix froide». Personne ne veut la guerre, personne ne veut que les armes parlent à nouveau. Mais si ce n’est pas la guerre, ce n’est pas non plus une paix très chaleureuse. C’est une paix froide. Nous notons la réapparition d’éléments, de phrases de propagande qui ne sont pas sans rappeler la guerre froide. Nous voyons bien la déstabilisation des pays qui subissent des conflits gelés.

L’annexion de la Crimée a été une violation flagrante du droit international et ses principes. La Bulgarie sera toujours partisane de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Pour nous, la Crimée, c’est l’Ukraine; et l’Ukraine, c’est l’Europe.

Septième défi: les conflits gelés – qui ne cessent de croître. L’est de l’Ukraine pourrait d’ailleurs être le prochain. Est-ce vraiment tout ce que nous avons à offrir aux habitants de l’est de l’Ukraine? Vivront-ils mieux dans une région prise dans un conflit gelé, une région dominée par des groupes n’ayant aucune légitimité et qui ne la dirigent que grâce à leurs armes. Voyez ce qui se passe dans les autres conflits gelés. Les habitants vivent-ils bien? Non!

Il va nous falloir investir davantage dans la recherche de solutions à ces conflits. Nous ne devons cesser de rappeler que les populations ont le droit de vivre dans la paix et la prospérité et nous devons nous opposer à ces stratégies erronées et dangereuses qui visent à conserver le contrôle de régions, de pays ou de nations par les armes, en y faisant régner l’instabilité et la dépendance.

Huitième défi: celui du nationalisme, qui n’a rien à voir avec le patriotisme. Un président très sage, le général de Gaulle, avait d’ailleurs bien établi la distinction entre les deux. Les patriotes sont ceux qui aiment leur pays; les nationalistes ceux qui détestent autrui, ceux qui détestent les différences.

Une vague de nationalisme submerge l’Europe aujourd’hui, se nourrissant des peurs des gens face aux migrations et au chômage, entre autres causes. Face au nationalisme et au populisme en pleine croissance, nous avons besoin d’un patriotisme moderne.

Aujourd’hui plus que jamais, 60 ans après l’adoption de la Convention européenne des droits de l’homme, ces nationalistes et populistes qui prônent l’intolérance, la haine et la xénophobie et qui sentent bien qu’ils ont le vent en poupe dénoncent les instruments internationaux qui protègent nos acquis. N’oublions pas que la Deuxième Guerre mondiale a éclaté parce que l’on a bafoué les principes démocratiques de dignité, d’égalité et de respect mutuel. Ne permettons pas qu’une nouvelle tragédie de ce genre déchire notre continent!

Il y a trois ans, au Parlement européen, un homme d’Etat très sage disait «mieux vaut une crise économique qu’une catastrophe morale; mieux vaut des problèmes économiques qu’une honte historique» C’était le président d’Israël, Shimon Peres.

Ensemble, nous avions inauguré à Bruxelles une exposition pour marquer le 70e anniversaire du sauvetage des juifs de Bulgarie. Le président Peres disait que les Bulgares étaient des gens modestes, tranquilles et timides mais, dans le même temps, de véritables héros et que la nation bulgare avait été un exemple de courage et d’humanité il y a 70 ans et qu’elle avait réalisé un véritable miracle. En effet, à l’époque, les Bulgares ont donné à leurs enfants et à l’humanité tout entière une leçon en montrant que, lorsque l’on est confronté à un choix décisif, mieux vaut prendre la bonne décision, celle que l’on ne regrettera jamais.

C’est une leçon qui marquera l’attachement aux valeurs humanitaires, une leçon d’honnêteté et de courage: une main tendue à ceux qui ont besoin de vous. Cela vous permet de marcher la tête haute et d’être un modèle pour vos voisins et vos amis, parce qu’en agissant pour ces autres, quels que soient ces autres, vous avez donné une leçon d’humanité.

La Bulgarie a su ainsi empêcher la déportation de sa communauté juive. À cette époque troublée, les Bulgares se sont mobilisés pour empêcher que l’on massacre les citoyens juifs. Malheureusement, nous n’avons pas pu faire la même chose pour les juifs venus du nord de la Grèce ou de régions de Yougoslavie, qui n’étaient pas citoyens bulgares. Nous portons encore le deuil de ces personnes et de toutes les autres victimes de l’Holocauste, que nous n’oublierons jamais.

Chers amis, mobilisons-nous en faveur de toutes les initiatives visant à s’opposer au fanatisme, à la xénophobie et à l’antisémitisme. Même les pires fléaux peuvent être stoppés si des gens d’horizons religieux, ethniques, culturels et sociaux très divers s’unissent, par-delà leur diversité, et disent non à la haine.

De mon bureau, à Sofia, je vois plusieurs édifices religieux: il y a, autour des bâtiments de la présidence, une église byzantine du ive siècle, une église orthodoxe, une mosquée, une synagogue et une cathédrale catholique. Toutes les communautés religieuses coexistent pacifiquement. C’est un grand exemple de tolérance, de sagesse et de respect de la diversité.

Neuvième défi: la dichotomie entre intérêts nationaux et solidarité. L’Europe est aujourd’hui affaiblie par toutes les crises dont elle est la proie. Les Européens se sentent de plus en plus menacés; ils ont l’impression qu’ils ont de moins en moins de perspectives. Eh bien, rétablissons des perspectives à long terme; redonnons un objectif et proposons la vision d’une Europe unie et pacifique.

Nous avons toujours eu pour principale force notre union et nos valeurs. Notre meilleure arme a toujours été l’intégration. Aujourd’hui, nous avons besoin de plus d’Europe et non pas de moins d’Europe. Nous avons besoin de leaders qui comprennent que les différends doivent être résolus de manière pacifique. Nous avons aussi besoin de citoyens engagés. Nous avons besoin de leaders qui préservent l’ordre international au lieu de le saper. Ce sont les principes qui doivent l’emporter sur la scène mondiale, et non les intérêts. Ne revenons pas à l’époque où les superpuissances dominaient leur sphère d’influence. Nombre d’entre nous ont été les victimes de telles politiques pendant des siècles.

L’union en Europe s’est faite grâce à la coopération. Nous avions tiré les enseignements des guerres et des conflits, démontrant que c’est grâce à toujours plus d’intégration et de coopération que l’on rend les guerres impossibles – car c’est bien ainsi que la paix est préservée en Europe. Malheureusement, de nombreuses interprétations erronées des événements – voire des manipulations de l’histoire – nous menacent aujourd’hui. Il y a 70 ans, l’Europe était en ruines. Des dizaines de millions d’Européens étaient morts. Notre détermination à ne plus jamais vivre de tels événements a permis la création de l’Union. Des ennemis sont alors devenus des partenaires, des amis qui ont travaillé ensemble à construire un avenir meilleur, en partageant les mêmes valeurs. L’intégration et la coopération ont été l’antidote de la déstabilisation. Nous ne voulons pas revenir en arrière.

Les Balkans ont souvent été la victime de la politique des superpuissances consistant à se répartir les zones d’influence. La région a été une véritable poudrière. Eh bien, l’intégration et le triomphe des valeurs démocratiques dans la société ont permis des changements historiques. Ainsi, aujourd’hui, les Balkans ne sont plus une région déchirée par la guerre. Nous sommes en paix, même si les pays des Balkans doivent continuer à progresser. La tâche n’est pas achevée. De plus, malheureusement, rien n’est jamais acquis: les progrès accomplis pourraient être menacés. Nous ne pouvons donc pas accepter que les intérêts des puissants menacent le monde. Fermer les yeux face aux menaces n’est pas une solution. Malheureusement, force est de constater que nos acquis et nos principes ne sont pas irrévocables: ils restent menacés et notre tâche est de toujours les promouvoir et les protéger.

Cela faisait presque 19 ans qu’un président bulgare n’était pas venu dans cet hémicycle. Depuis lors, mon pays a beaucoup changé – de même, d’ailleurs, que les Balkans dans leur ensemble, et même l’Europe. Nous avons tous fait des progrès considérables. La chute du mur de Berlin a entraîné celle des régimes communistes en Europe. À l’époque, les Bulgares se sont dit qu’en deux ou trois ans leur pays deviendrait une véritable démocratie. Aujourd’hui, nous avons compris qu’il ne suffit pas de créer des institutions et de changer les lois: la démocratie est un processus, un état d’esprit qu’il faut créer puis cultiver. Il faut du temps pour que la démocratie s’enracine et prospère. Il faut, pour cela, faire en permanence beaucoup d’efforts: comme je l’ai dit, rien n’est jamais acquis. Nos démocraties ne sont pas parfaites, mais c’est la démocratie qui nous rend forts et humains. Mon prédécesseur Zhelyu Zhelev disait à cet égard: «On peut guérir la démocratie avec plus de démocratie.»

Aujourd’hui, la Bulgarie est fière d’être membre de l’Union européenne et de l’Otan. L’intégration européenne a permis des changements considérables et positifs: notre PIB a triplé, de même que nos budgets en faveur de l’éducation, de la santé et des retraites. Nous n’avons jamais été aussi peu endettés et notre déficit est l’un des trois plus faibles de l’Union européenne. En outre, nous n’avons jamais été aussi libres qu’aujourd’hui.

La Bulgarie est donc stable et en croissance économique – en 2015, nous étions dans le «top 5» européen. En dépit de cela, nous avons encore un programme ambitieux de réformes et de modernisation. Nous sommes d’ores et déjà l’un des pays les plus accueillants pour les start-up et l’innovation. Nous sommes le pays de la région qui accueille le plus de fonds permettant le développement de nouvelles entreprises et j’ai été fier de recevoir en 2015, au nom de mon pays, le prix de la première destination en Europe pour l’installation d’entreprises.

Notre politique étrangère est inspirée par les principes d’intégration, de rapprochement et de bon voisinage. Nous créons des liens, par exemple en construisant des infrastructures – autoroutes, ponts, réseaux ferrés et réseaux d’énergie. Nous rassemblons les personnes et les entreprises.

Notre région se développe donc, mais tout n’est pas fini: le poids du passé est encore lourd et rien n’est jamais gagné. De nouvelles tensions apparaissent, notamment entre les entreprises fonctionnant selon des modèles sains et les oligarchies qui œuvrent dans l’ombre avec leurs réseaux. Il y a aussi des tensions entre médias – entre ceux qui disent librement la vérité et ceux qui ne font que de la propagande. Nous devons accélérer les réformes dans la région, en particulier dans les domaines de la justice, de la transparence, de la lutte contre la corruption et en matière de législation concernant les médias. Nous devons promouvoir la transparence, en particulier dans le domaine des marchés publics. Pour ce faire, notre gouvernement souhaite s’appuyer notamment sur les nouvelles technologies. Lorsque l’on gère de l’argent public, il ne peut pas y avoir d’éléments secrets.

Il faut aussi poursuivre la coopération dans les Balkans, lesquels doivent devenir un exemple de solutions démocratiques aux conflits. Nous voulons que les frontières tombent dans les Balkans, et pas seulement qu’elles soient déplacées. Nous entendons travailler en faveur du développement, du rapprochement et de l’intégration. Nous voulons plus de coopération transfrontalière, car la coopération avec les voisins est un instrument très puissant pour le progrès, surtout dans notre région. Nous avons vu comment, des deux côtés de l’ancien rideau de fer, les gens ont pu se réunir et poser les bases d’un avenir commun: ne laissons pas nos différences nous isoler et n’oublions personne.

Nous présidons actuellement le Processus de coopération en Europe du Sud-Est. Sous notre présidence, nous fêterons le vingtième anniversaire de cette initiative merveilleuse qui a permis d’instaurer la sécurité et la stabilité dans la région. Nos priorités concernent trois domaines: le rapprochement, la sécurité et la gestion des migrations. Nous continuerons également à travailler pour plus de démocratie, notamment dans le domaine de la liberté des médias, en promouvant l’accès à Internet et aux nouvelles technologies pour la société civile. Nous continuerons en outre à être de fervents partisans de l’élargissement de l’Union européenne et de l’Otan.

La Bulgarie est devenue, au fil des ans, un pilier de la stabilité dans la région. Les Balkans sont une région merveilleuse et passionnante. Nous voulons approfondir encore la coopération régionale, en particulier en faveur de la démocratie.

La Bulgarie est membre du Conseil de l’Europe depuis vingt ans. Le Conseil a été la première institution à ouvrir ses portes aux anciens pays communistes.

Grâce à ses conseils, nous avons pu franchir le cap difficile de la transition vers un régime démocratique moderne. Depuis 1992, nous avons réalisé de grands progrès, et les réformes récentes du gouvernement, dans les domaines de l’éducation, de la sécurité et de la justice, montrent que la Bulgarie a pris son destin en main. Nous relèverons de façon responsable tous les défis, nous ferons les réformes nécessaires et nous obtiendrons des résultats. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je demande à votre éminente assemblée de clore le dialogue post-suivi avec mon pays.

Ce n’est que grâce à la coopération, au respect de l’Etat de droit et des valeurs démocratiques que nous pourrons relever les défis qui sont les nôtres. Aucun pays aussi puissant et résolu soit-il ne peut y arriver seul. La coopération n’est, pas une question de choix, mais une nécessité. Les pères fondateurs de l’Union européenne ont fait l’histoire. Mais si vous arrêtez d’écrire l’histoire, quelqu’un va le faire à votre place. Ne cessons donc pas nos efforts et poursuivons ensemble notre chemin vers toujours plus d’intégration, de paix et de développement durable en Europe et dans le monde. Et, en période de crise en particulier, ne nous laissons pas guider par nos peurs – mais par nos rêves.

Nous sommes au XXIe siècle, nous avons besoin d’idées nouvelles. Nous ne pouvons pas nous en remettre aux erreurs du passé, aux idéologies qui ont failli dans le passé. Au XXIe siècle, nous devons mesurer la force d’un pays, non pas à la taille de son armée, à ses armes de destruction massive ou à l’efficacité de sa propagande, mais à ses bataillons de jeunes bien formés et à sa culture. Les nations ne devraient pas être fortes parce qu’elles sont étendues territorialement, mais parce qu’elles ont de grands rêves et de grandes ambitions. Ce n’est pas en modifiant les frontières que nous obtiendrons des succès; ce sont les succès de chaque individu qui feront le grand succès du pays.

Nous avons besoin d’un nouvel ordre international où chacun est considéré comme l’égal des autres: pauvre ou riche, grand ou petit. Nous avons besoin de leaders qui résolvent les différends de manière pacifique. Les gens puissants ne peuvent pas être le symbole du succès; seules des institutions démocratiques qui servent les populations sont des symboles de succès.

La génération qui a abattu le mur de Berlin ne saurait en reconstruire d’autres au cœur de l’Europe. Nous avons donc un grand nombre de défis à relever, mais ensemble nous y arriverons. Nous devons chérir nos valeurs de paix, de justice, de droit de l’homme, de primauté du droit, de tolérance et d’humanisme. L’histoire moderne de l’Europe s’écrira par une coopération politique, diplomatique, économique et non pas par des conflits.

Nous devons nous atteler à la recherche de solutions à tous les grands problèmes que j’ai cités. Nous devons considérer qu’il existe des opportunités pour tous. Le succès, c’est donner et non pas prendre. Et pour éviter de nouvelles crises, nous avons besoin d’union, d’unité et de règles. Nous devons être solidaires, nous devons refuser de geler des situations de conflit. Pour éviter des crises futures, nous devons comprendre que la solidarité est importante, et qu’elle ne peut être sélective. Nous sommes une famille avec une même destinée. Et une famille ne se laisse pas désorienter; même en difficulté, elle se serre les coudes.

Aujourd’hui, nous devons plus que jamais chérir ce projet européen. Il a besoin de toute notre confiance et de tout notre soutien!

LE PRÉSIDENT (interprétation)

Monsieur le Président, je vous remercie infiniment de votre intervention, très riche en inspiration.

Un certain nombre de parlementaires souhaitent maintenant vous poser des questions. Je vous propose de les regrouper par séries de trois. Nous commençons par les porte-parole des groupes.

M. VAREIKIS (Lituanie), porte-parole du Groupe du Parti populaire européen (interprétation)

Monsieur le Président, je vous remercie de ce discours empreint de spiritualité que j’ai apprécié à l’aune de votre histoire familiale. Ma question concerne les migrations. Votre pays, tout comme le mien, perd un grand nombre de ses citoyens, à la recherche d’une vie meilleure. Comment percevez-vous ce problème et quelle stratégie mettez-vous en place pour y remédier?

Mme MAIJ (Pays-Bas), porte-parole du Groupe socialiste (interprétation)

Monsieur le Président, merci d’avoir partagé avec nous les défis qui se posent à la Bulgarie et à l’Europe. La question des migrations en est un: comment trouver un équilibre entre la volonté de protéger nos frontières et la nécessité de protéger les droits des migrants?

Par ailleurs, vous n’avez pas cité, dans votre discours, la Convention d’Istanbul, relative à la violence à l’égard des femmes et à la violence domestique, qui représente également un défi à relever.

LE PRÉSIDENT (interprétation)

M. Michael Aastrup Jensen, porte-parole de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe, n’est pas présent dans l’hémicycle.

M. PRITCHARD (Royaume-Uni), porte-parole du Groupe des conservateurs européens (interprétation)

Monsieur le Président, je vous remercie pour votre intervention. S’agissant des migrations, si une partie des réfugiés provient du Moyen-Orient, une autre provient de l’Afrique subsaharienne. Or l’accord de libre-échange devrait nous permettre d’aborder un certain nombre des causes responsables de ces dernières migrations.

M. Plevneliev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

S’agissant de la question de M. Vareikis, je la diviserai en deux: d’une part, les migrations et, d’autre part, les politiques en matière de démographie.

Il est vrai que la Bulgarie se heurte à un grave problème en matière de démographie. De nombreux jeunes, qui ont reçu une excellente éducation, souhaitent se rendre à l’étranger pour y étudier et travailler. Les chiffres sont assez inquiétants et je dois dire que je serais favorable à une planification à long terme, à des solutions durables pour mon pays. Cependant, en tant que Président, je ne peux pas empêcher ces jeunes de partir, leur demander de rester à tout prix. C’est une chance pour eux d’être libres, de pouvoir essayer autre chose et de prendre leur vie en main.

J’ai dû quitter mon pays quand j’étais très jeune. J’ai vécu 8 ans en Allemagne où j’ai beaucoup appris. J’ai travaillé dur, mais j’ai été extrêmement heureux, quand j’ai pu rentrer en Bulgarie, de pouvoir moderniser mon pays, de hisser notre économie à un niveau supérieur, notamment en introduisant de nouvelles pratiques de gestion.

J’ai également compris que le fait d’être libre et qu’être habité par l’esprit d’entreprise donnaient un sens à sa vie. C’est pourquoi j’encourage les Bulgares, où qu’ils soient dans le monde, de faire de même.

Dans le même temps, je souhaite que l’on reste proche du million et demi de Bulgares qui vivent à l’étranger. C’est pourquoi j’ai pris l’initiative de mettre en place au cours des prochaines années un système de vote électronique. Ils pourront ainsi exercer leurs droits constitutionnels en tant qu’électeurs. De là où ils seront, ils seront en mesure de façonner leur pays. Je suis également persuadé qu’un grand nombre des Bulgares qui vivent actuellement à l’étranger reviendront et contribueront au développement de leur pays.

Quant aux perspectives démocratiques, il faut traiter ces questions en s’attaquant aux questions liées à l’éducation, sur les lieux de travail, dans l’industrie, car il faut œuvrer en faveur du développement économique. Bien sûr, on peut nous opposer les arguments de la pauvreté, du sous-développement, de l’absence de perspectives, de la marginalisation. La question centrale est de trouver les moyens pour y remédier afin de progresser. A mon sens, recourir au populisme n’est pas une façon d’y parvenir, car ce serait laisser aux générations futures le règlement de toutes ces difficultés.

Nous devons tout d’abord contenir le déficit. Nous n’aimons pas les termes de restrictions, de rigueur financière, très en vogue actuellement en Europe, même si, bien sûr, il convient de faire preuve de discipline. C’est ainsi que nous réformons pour améliorer la situation. Par exemple, ces dernières années, nous avons créé des emplois pour plus de 17 000 jeunes talents, uniquement dans l’industrie informatique, grâce à la révolution industrielle. Nous avons accueilli des industries du secteur automobile qui ont permis de créer ces emplois. Et nous voyons qu’un grand nombre de jeunes restent dans le pays, car ces industries nouvelles offrent des perspectives. Nous allons d’ailleurs lancer une nouvelle réforme qui permettra aux jeunes de rester en Bulgarie en mettant à profit l’enseignement à l’œuvre en Suède, en Autriche, aux Pays-Bas, en Allemagne qui mettent en œuvre des formations professionnelles et des apprentissages afin que les jeunes se forment en restant au plus près des entreprises.

La démographie est un problème à traiter sur le long terme.

J’en viens maintenant aux migrations. J’évoquerai à cet égard les sujets qu’elles soulèvent et me référerai à nos expériences.

Il y a deux ans, alors qu’elle n’y était pas préparée, la Bulgarie a été la première à affronter une grande vague de migration, car nous avons une frontière terrestre extérieure à l’Union européenne. Aussi, avons-nous connu de grandes difficultés. Mais nous avons tiré les leçons de nos erreurs. Nous avons coopéré avec Frontex, avec l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, avec la Commission européenne. Nous y avons consacré des financements non négligeables. Nous voulons maintenir la sécurité de nos frontières et, pour ma part, je ne vois pas de contradictions entre le fait d’assurer la sécurité aux frontières et de préserver les droits de l’homme.

Nous avons instauré des mesures simples. Nos points de passage sont ouverts. Les personnes qui y accèdent sont enregistrées, sont auditionnées, des programmes d’intégration seront lancés, les installations améliorées.

En 2015, 31 000 réfugiés illicites sont entrés en Bulgarie et 95 000 tentatives de franchissement illégal de la frontière ont été enregistrées. A cet égard, la Bulgarie s’en tient au Règlement de Dublin. Nous enregistrons tous les migrants qui se présentent aux points de passage et nous leur accordons le statut de réfugié. C’est ainsi que plus de 11 000 personnes se sont vu octroyer le statut de réfugié. Nous assumons nos responsabilités. En ma qualité de Président de la Bulgarie, je suis fier de pouvoir dire que mon pays a fait preuve de solidarité. En premier lieu, nous nous sommes mis d’accord sur une solution européenne commune portant sur la répartition des migrants. Nous pensons très important que les 28 Etats membres de l’Union européenne restent unis pour trouver une solution commune à cette crise. Il n’y a pas d’autre moyen que d’appliquer des règles valables pour tous. La Bulgarie respecte les règles des Accords de Schengen et de Dublin alors que des pays essayent d’y déroger. Une telle situation n’est pas acceptable et ne peut perdurer.

En second lieu, la Bulgarie a constaté que le fait de maintenir la sécurité aux frontières dépendait de ses voisins. Je voudrais faire référence ici à la Turquie, avec laquelle nous avons instauré d’excellentes coopérations en matière de passages frontaliers. Celles-ci ne sont possibles qu’avec des voisins avec lesquels on entretient de bonnes relations.

Des solutions communes devront être façonnées au cours des jours qui viennent, tant la situation est urgente. Il convient que les pays européens maintiennent la sécurité à leurs frontières et soient honnêtes vis-à-vis des migrants. Il faut leur dire qu’on ne peut les accueillir en nombre illimité, qu’il est nécessaire d’établir une distinction entre ceux qui ont réellement besoin d’aide, car leur vie est en jeu, et ceux qui veulent améliorer leur niveau de vie.

Renforcer la sécurité aux frontières, adopter une approche commune, veiller à cette formule de répartition, coopérer avec la Turquie, ce sont des mesures indispensables. Quelle autre entité que l’Europe peut taper du poing sur la table? Nous connaissons la situation en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Il nous appartient dorénavant de leur demander de cesser ces guerres sanglantes. Je le répète, qui, en dehors des Européens est en mesure de faire entendre sa voix au Conseil de sécurité des Nations Unies?

Nous sommes confrontés à des situations tragiques. Face à la crise en Irak il y a quelques années, le Conseil des Nations Unies a autorisé la distribution de médicaments et d’aides diverses à ceux qui souffraient. Cette décision responsable a permis de sauver la vie de plusieurs centaines de milliers de personnes. Or, depuis cinq ans, le même Conseil de sécurité des Nations Unies ne parvient pas à ouvrir des couloirs sanitaires en Syrie. Voilà la situation telle qu’elle se présente aujourd’hui. C’est à nous Européens, qui croyons à la cause de la paix, de faire entendre notre voix et de nous attaquer au cœur du problème pour le régler.

Des questions m’ont été posées sur l’équilibre à trouver entre les droits de l’homme et la sécurité aux frontières.

La Bulgarie signera la Convention d’Istanbul pendant son mandat. Devant votre Assemblée hier, notre ministre des Affaires étrangères s’est engagé très clairement en ce sens.

S’agissant de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, et de l’Afrique en général, la crise humanitaire des réfugiés à laquelle nous sommes confrontés permet une analyse intéressante la situation. Voyons les faits présentés par les Nations Unies, qui font état de 60 millions de personnes déplacées qui ont dû quitter leur foyer en 2015. La situation est bien pire encore que ce qui s’est passé au cours de la Seconde Guerre mondiale. Même au cours de cette période, le nombre de personnes déplacées fut moindre qu’au cours de 2015.

Sur ces 60 millions de personnes déplacées, un million s’est rendu en Europe. Tels sont les chiffres avancés pour les premières semaines de l’année 2016.

Onze fois plus de réfugiés se sont pressés aux frontières extérieures de l’Union européenne en ce début d’année 2016 qu’au début de l’année précédente. Comment pouvons-nous empêcher les jeunes de profiter de leur mobilité et de leur liberté? Pouvons-nous leur dire qu’ils n’ont pas le droit de voyager et qu’ils doivent rester chez eux? En réalité, nous ne sommes qu’au début de cette nouvelle ère de mobilité des individus. Nous devons donc nous inscrire dans une approche européenne de long terme, honnête et franche. Nous devons connaître nos limites et mettre en œuvre les meilleures normes possibles en matière de protection et de défense des droits de l’homme.

M. VILLUMSEN (Danemark), porte-parole du Groupe pour la gauche unitaire européenne (interprétation)

Nous sommes tous d’accord sur la nécessité de mettre un terme à la crise actuelle des réfugiés, le meilleur moyen étant bien sûr d’en finir avec les guerres qui frappent les pays d’origine des migrants. Nous devons éviter que de nouveaux conflits éclatent. Comment le Conseil de l’Europe pourrait-il agir, de manière proactive, afin d’éviter que la guerre civile ne reprenne en Turquie et de proposer des solutions pacifiques à la question kurde?

LE PRÉSIDENT (interprétation)

Mme Goy-Chavent, inscrite dans le débat, n’est pas présente dans l’hémicycle.

M. BADEA (Roumanie) (interprétation)

Monsieur le Président, je voudrais savoir ce qu’il en est de l’enseignement du roumain en Bulgarie, en particulier dans la région roumanophone.

Mme CSÖBÖR (Hongrie)

Les migrations irrégulières ont augmenté de manière spectaculaire au cours des dernières années en Europe. Quel rôle peut avoir le Conseil de l’Europe dans la lutte contre les trafiquants? Quels sont les plans de la Présidence bulgare en la matière?

M. Plevneliev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

Le Conseil de l’Europe est une organisation enthousiasmante puisqu’elle a su, à bien des reprises, faire face aux crises qui ont secoué l’Europe et le monde. Les institutions internationales sont nombreuses. L’essentiel est sans doute de faire en sorte qu’elles coordonnent leurs efforts pour parvenir à des résultats efficaces. Le Conseil de l’Europe sait ce qu’il faut faire et parfois ne pas faire. C’est une plateforme qui permet aux nations de devenir plus démocratiques et d’avancer vers de meilleures normes de prééminence du droit. Au sein du Conseil de l’Europe, chaque pays a la possibilité de s’approprier le processus de démocratisation.

Pour résoudre les problèmes internationaux, il faut souvent agir avec audace, mais il incombe aux Etats de mettre à profit la plateforme du Conseil de l’Europe pour régler leurs conflits. Toute solution durable passe par le dialogue et le débat. Je suis personnellement convaincu que le règlement d’un conflit doit se fonder sur la reconnaissance des droits de l’homme et le respect des règles constitutionnelles. Certains des problèmes auxquels nous devons faire face existent depuis des décennies. Je suis fier d’être européen et j’aimerais que nous soyons capables, par nous-mêmes, de les résoudre. Tout au long de son histoire, notre Organisation a connu bien des succès. C’est l’une des rares institutions dont on sait avec certitude que l’on peut compter sur son aide, mais tout dépend de la volonté des autorités nationales de demander cette aide.

En ce qui concerne l’enseignement du roumain comme langue maternelle, il est inscrit dans la Constitution de la Bulgarie et nous en sommes très fiers. D’innombrables textes et réglementations adoptés dans notre pays sont conformes à la législation européenne. Chacun, dans notre pays, est libre de parler et d’apprendre dans sa langue maternelle.

Je me suis récemment entretenu avec les présidents de plusieurs pays des Balkans. Il semblerait que la traite d’êtres humains soit devenue une activité bien plus lucrative que le trafic de drogue ou d’autres activités criminelles. Actuellement, des millions de personnes font l’objet de cette traite. Nous avons adopté des réglementations très strictes en Bulgarie et mené avec succès des opérations de police pour arrêter les trafiquants. Nous avons été stupéfaits de constater l’ampleur de leurs activités criminelles. La traite d’êtres humains est porteuse de nombreuses menaces pour les pays européens.

Je veux le dire très clairement ici, devant vous, qui représentez cette Organisation de 47 Etats membres: quelles que soient les crises, quels que soient les problèmes que nous traversons, qu’il s’agisse de la crise ukrainienne, du problème des migrations, des problèmes économiques, je le répète, nous ne pourrons les résoudre que par une approche européenne commune. Aucun d’entre nous ne peut y remédier isolément. Le terrorisme est bien une menace globale, de même que la traite des êtres humains, qui expose des millions de personnes à d’immenses difficultés; ils appellent donc une approche commune.

La Bulgarie prend pour sa part d’importantes mesures en ce sens. Nous avons ainsi présenté un ensemble de lois permettant de renforcer la sécurité nationale. Nous coopérons avec tous nos partenaires au sein de l’Otan et en Europe. Nous procédons à un partage transfrontalier des informations et des renseignements, puisque ces problèmes sont eux-mêmes de nature transfrontalière.

LE PRÉSIDENT (interprétation)

Nous devons malheureusement arrêter maintenant la phase des questions.

Monsieur le Président, je vous remercie, au nom de l’Assemblée, pour votre allocution et pour vos réponses aux questions qui vous ont été posées.