Siméon

Saxe-Coburg Gotha

Premier ministre de Bulgarie

Discours prononcé devant l'Assemblée

jeudi, 3 avril 2003

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, c’est un honneur pour moi, en tant que Premier ministre de la République de Bulgarie, d’intervenir devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, ce lieu symbole de démocratie et du respect des droits de l’homme, où s’harmonisent le développement économique et le progrès social, ce lieu où règnent la tolérance et le respect des minorités.

Sans grandiloquence, je dirai que c’est ici que se construit notre avenir commun – je répète bien, notre avenir commun, cette Europe du XXIe siècle. J’entends par «Europe», bien plus que sa dimension géographique: un modèle de développement, le rayonnement d’une civilisation.

Dans le contexte international difficile que nous vivons aujourd’hui, ces valeurs sont une fois de plus menacées.

Nous nous devons, en tant qu’Européens, de répondre aux nouveaux défis engendrés par la globalisation, d’une part, et par la menace croissante du terrorisme international d’autre part. La nouvelle Europe se construit à force de volonté et cette volonté commune nous permettra de répondre à ces nouveaux défis. N’oublions pas que nos différences font notre force, tant que nous nous reconnaissons un objectif commun.

Dans ce contexte, la Bulgarie appuie l’idée du 3e Sommet, qui se penchera sur le rôle et l’apport du Conseil de l’Europe dans les nouvelles institutions de notre continent. La Bulgarie soutient aussi la réforme de la Cour européenne des Droits de l’Homme.

Monsieur le Président, la valeur première qui nous unit, nous tous, au Conseil de l’Europe, c’est la vie humaine. C’est bien elle qui détermine notre attitude envers la menace inquiétante du terrorisme. C’est pourquoi mon pays salue les «Principes directeurs des droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme», adoptés par le Conseil.

C’est bien cette approche qui explique aussi notre attitude face à la crise irakienne. En tant que pays membre non permanent du Conseil de sécurité, notre priorité a été de trouver à tout prix une issue pacifique. J’exprime ici mon profond regret et ma déception par rapport au fait que les efforts diplomatiques de la communauté internationale pour désarmer l’Irak sans guerre n’aient pas conduit au résultat souhaité. Maintenant que les jeux sont faits, et une fois l’intervention militaire terminée, il faudra déployer tous les efforts pour créer des institutions démocratiques et préserver l’intégrité territoriale de l’Irak. C’est ce processus qui permettra la levée des sanctions contre ce pays tellement éprouvé, ainsi que le rétablissement des conditions de vie politiques et économiques normales du peuple irakien, ami de longue date de la Bulgarie.

Mesdames, Messieurs, la Bulgarie, comme vous le savez, fait partie de la civilisation européenne aussi bien sur le plan historique que sur le plan culturel.

Le Gouvernement bulgare a placé au centre de ses préoccupations la poursuite des réformes, la consolidation de l’Etat de droit, en conformité avec les principes et les normes européennes, en œuvrant dans des domaines tels que la réforme du système judiciaire et de l’administration, la lutte contre la corruption, la libéralisation du secteur privé dans un milieu concurrentiel favorable.

Des changements considérables ont été initiés dans la législation et la libéralisation partielle des médias électroniques, afin d’assurer leur indépendance. Une nouvelle loi sur les confessions religieuses, que la société bulgare attendait depuis plus de dix ans, a été adoptée au mois de décembre dernier. Elle garantit, entre autres, le traitement égal – je souligne le mot «égal» – de la protection des libertés religieuses, encourageant une activité sociale et éducative au sein des diverses confessions. Une loi sur l’ombudsman, institution qui m’est particulièrement chère, est en train d’être adoptée. Une loi spéciale sur la prévention de la discrimination est également à l’ordre du jour.

Monsieur le Président, l’expérience historique de la Bulgarie démontre que l’esprit de tolérance est à la base du bien-être et de la sécurité de toute société. Récemment – en mars dernier – nous avons commémoré le 60e anniversaire du salut des juifs bulgares rescapés des camps de la mort, tout en rendant hommage aux victimes de l’Holocauste. Les écoles bulgares ont consacré une heure scolaire au civisme, à l’esprit de tolérance interethnique et à la démocratie.

Dans ce contexte, la Bulgarie a proposé que l’année 2005 soit l’année européenne de la citoyenneté par l’éducation. Nous estimons que le dialogue interculturel et interreligieux dans l’éducation favorise l’esprit de tolérance parmi les jeunes.

Les hommes politiques aussi bien que la société bulgare en général considèrent que le «modèle ethnique bulgare» est un acquis, une richesse, une expérience que nous pouvons partager avec d’autres. Le gouvernement s’est fixé comme priorité la pleine intégration des ressortissants bulgares appartenant à d’autres groupes ethniques. Je citerai en exemple le travail conjoint du gouvernement avec des organisations non gouvernementales roms ainsi que le Programme-cadre sur l’intégration des Roms dans la société bulgare, signé en 1999.

Monsieur le Président, comme pays membre du Conseil de l’Europe, la Bulgarie mène une politique active pour promouvoir les valeurs européennes aux niveaux national et international. Je suis heureux de constater que mon pays est devenu un facteur de stabilité et de sécurité en Europe du Sud-Est. Notre politique est orientée vers une coopération étroite avec les pays de la région, fondée sur le respect des institutions démocratiques, sur la primauté de la loi.

Je saisis l’occasion de ma présence en cette Assemblée pour saluer aujourd’hui l’adoption de la Serbie-Monténégro comme membre de plein droit au Conseil de l’Europe et je me réjouis à l’idée de coopérer avec elle dans cette enceinte, creuset de l’Europe du XXIe siècle.

Je voudrais en conclusion vous redire mon attachement au projet européen, à cette grande idée qui nous unit. Je suis persuadé que le débat sur l’avenir de notre continent saura consacrer et étendre le rôle du Conseil de l’Europe comme garant des valeurs démocratiques pour faire des droits de l’homme, de la sécurité et de la prospérité le bien de chaque citoyen européen.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Merci beaucoup, Monsieur le Premier ministre, pour ce discours des plus intéressants. Certains parlementaires ont exprimé le souhait de vous poser des questions. Je leur rappelle qu’il s’agit de poser effectivement des questions et non de prononcer des discours.

J’autoriserai des questions supplémentaires à la fin de notre dialogue, à condition toutefois qu’il nous reste suffisamment de temps.

La parole est à M. Atkinson, pour poser la première question.

M. ATKINSON (Royaume-Uni) (traduction)

Il y a trois ans, mon corapporteur et moi-même avions eu le plaisir de recommander l’adhésion de la Bulgarie au Conseil de l’Europe après avoir conclu qu’elle respectait nos normes en matière de démocratie, de droits de l’homme et de prééminence du droit. Depuis lors, toutefois, certains membres de groupes religieux minoritaires se sont plaints qu’ils faisaient l’objet de discriminations. Vous venez d’ailleurs de mentionner la nouvelle loi sur la religion, qui légitimise de telles discriminations, en contradiction avec la Convention européenne des Droits de l’Homme. J’aimerais savoir quelles mesures vous comptez prendre à cet égard?

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie. Monsieur le Premier ministre, si vous voulez bien répondre. A ce propos, je tiens à préciser que la règle des trente secondes ne s’applique pas à vous.

M. Saxe-Coburg Gotha, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Il est difficile de traiter cette question en si peu de temps, mais je vais tenter d’exposer le principe qui sous-tend cette législation. La loi en question vise à garantir l’égalité de toutes les religions pratiquées dans le pays. La référence qui y est faite à l’Eglise orthodoxe orientale n’exprime pas une quelconque préférence à son égard. Pour des raisons historiques, celle-ci fait partie de notre identité nationale. Mais, je le répète, elle ne bénéficie d’aucune prééminence sur les autres religions. De fait, nous avons constaté, comme d’ailleurs bon nombre de nos amis étrangers qui visitent la Bulgarie, qu’il règne dans le pays une grande tolérance et qu’une bonne coopération s’est instaurée entre l’Eglise orthodoxe et les autres religions. Nous avons également, comme tout le monde, été témoins des difficultés que peuvent susciter les questions interconfessionnelles. En Bulgarie, le gouvernement est constitué d’une coalition politique, ce qui prouve bien le rôle actif qu’y joue la communauté musulmane. De plus, des gens d’horizons religieux différents sont arrivés en Bulgarie au cours des siècles, s’y sont installés et s’y sont toujours sentis à l’aise.

Je me rends compte que ma réponse était assez détaillée, mais dans certains pays anglo-saxons, Etats-Unis compris, il peut sembler étrange de légiférer dans ce domaine. En l’occurrence, toutefois, il s’agit uniquement de garantir l’égalité des différentes religions face aux autorités et à la justice. Je me suis efforcé de répondre au mieux à cette question, qui ne relève pas directement de mes compétences.

Mme KOSA-KOVACS (Hongrie)

Monsieur le Premier ministre, selon de récentes recherches, la plupart des Roms en Bulgarie vivent dans des conditions de discrimination. Le nombre de Roms souffrant de grande pauvreté est le double de celui des non-Roms.

Monsieur le Premier ministre, quels sont vos projets pour améliorer la situation des pauvres de cette minorité ethnique? Quelle contribution attendez-vous de la part de la Communauté européenne?

M. Saxe-Coburg Gotha, Premier ministre de Bulgarie

Pour commencer, je dirai que je suis très impressionné par le rôle actif joué par la Hongrie et ses autorités quant aux questions concernant les minorités roms en Europe. J’espère avoir le plaisir de me rendre cette année à Budapest pour participer à une conférence à ce sujet.

S’agissant de la communauté rom, qui est assez nombreuse, vous parlez de sa plus grande pauvreté. Ce n’est pas tout à fait le cas. C’est loin d’être une question de racisme. C’est plutôt une question socio-économique. Il faut malheureusement tenir compte du très haut taux de chômage en Bulgarie, par exemple dans le nord-ouest du pays où vivent de nombreux Roms. En conséquence, on compte parmi eux un nombre anormalement élevé de chômeurs.

Il faut tenir compte des problèmes sociaux ou de la pauvreté, pour appeler les choses par leur nom, sans faire de la discrimination à l’envers en ne favorisant qu’un groupe social ou une ethnie alors qu’il y a aussi, je regrette de le dire, des Bulgares non roms qui sont dans la même situation. Si l’on mettait trop l’accent sur le problème des Roms, cela pourrait produire un effet contraire parmi les Bulgares non roms. Il faut donc maintenir un équilibre.

Nous bénéficions heureusement de l’aide de quelques organisations non gouvernementales. Elles se donnent beaucoup de mal et elles nous sont très utiles pour combattre ce fléau, si je puis dire, que constituent le manque de moyens ou le chômage au sein d’une communauté qui – c’est une vision que je partage avec un grand nombre de Bulgares – apporte tout de même une culture supplémentaire. Il s’agit d’une culture très ancienne. Les Roms sont représentés partout en Europe. Il faut les accepter comme ils sont et tâcher de diminuer leurs problèmes ou, parfois, tenir compte du fait qu’ils ne sont pas tout à fait intégrés, bien que nous disposions à cet égard de programmes concernant l’administration ou le secteur privé.

Sans faire de discrimination à l’envers, je vous indique que notre parlement compte deux députés roms.

Mme PETROVA-MITEVSKA («L’ex-République yougoslave de Macédoine») (traduction)

Monsieur le Premier ministre, vous avez indiqué votre intention de vous rendre prochainement dans «l’ex-République yougoslave de Macédoine». J’aimerais savoir comment vous évaluez les relations bilatérales que nos deux pays ont instaurées en matière économique, politique et culturelle.

M. Saxe-Coburg Gotha, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

J’en viendrai bientôt à «l’ex-République de Macédoine». Pour commencer par une note personnelle, je dirai que j’attends avec une grande impatience cette visite dans votre pays que, je tiens à le rappeler aux honorables parlementaires ici présents, la Bulgarie a été la première à reconnaître.

Comme vient de le mentionner Mme Petrova-Mitevska, nous sommes non seulement voisins, mais avons aussi une histoire commune, ce qui signifie que nous avons également de nombreux objectifs communs. En ce qui concerne la coopération économique que nous nous efforçons d’instaurer, il existe de nombreux terrains d’entente entre nos deux pays, sur la base desquels nous pourrons élaborer une perspective commune qui nous permettra d’intensifier nos relations.

Je sais qu’à une certaine époque des insinuations ont été faites quant à l’existence d’une minorité nationale de Macédoniens en Bulgarie. La Constitution bulgare reconnaît à la fois l’existence et les droits des minorités. Ce qui fait défaut, en revanche, c’est une terminologie juridique spécifique aux minorités. Le recensement de 2001, qui a été effectué très minutieusement, a fait apparaître que quelque 5 071 citoyens se définissaient eux-mêmes comme des Bulgares d’origine macédonienne ou comme des Macédoniens, au nombre desquels plus de 3 000 avaient indiqué le macédonien comme langue maternelle. Si j’ai mentionné ces chiffres, c’est pour souligner que nous sommes parfaitement au courant de la situation. Je pense que des visites régulières de part et d’autre ainsi que des efforts diplomatiques de la part de nos administrations respectives permettront de cultiver de bonnes relations, ce qui contribuera également à consolider la stabilité dans l’Europe du Sud-Est, parfois considérée à tort comme une «zone de conflit».

M.AGRAMUNT (Espagne) (interprétation)

demande à M. de Saxe-Cobourg-Gotha ce que la Bulgarie va faire contre la corruption.

M. Saxe-Coburg Gotha, Premier ministre de Bulgarie (interprétation)

revient sur la question malheureuse de la corruption. Le gouvernement réalise d’importants efforts pour réduire les effets négatifs de celle-ci, notamment par une coopération étroite avec le ministère de l’Intérieur. Le phénomène n’est pas limité à la Bulgarie: dans les pays en voie de transition, une période de flottement avant l’adoption de réformes démocratiques a permis le développement de la corruption. Des mesures ont cependant été prises au niveau de l’administration pour réduire les démarches bureaucratiques trop lourdes, notamment pour monter une entreprise, ce qui permet de couper à la racine certaines causes de la corruption.

Il existe différents types de corruption. Le Premier ministre demande aux membres de l’Assemblée parlementaire de ne pas faire de généralisations hâtives qui discréditeraient les démocraties naissantes.

M. SFYRIOU (Grèce)

Monsieur le Premier ministre, au cours de sa session de janvier dernier, notre Assemblée a pris position en faveur de l’application pacifique de la Résolution 1441 du Conseil de sécurité sur la crise irakienne. Pourriez-vous clarifier votre position très avant-gardiste en faveur des opérations de guerre américano- britanniques?

M. Saxe-Coburg Gotha, Premier ministre de Bulgarie

Monsieur le député, je crois savoir qu’un débat à ce sujet a lieu précisément dans cette enceinte aujourd’hui. Par conséquent, ce que je pourrais dire ne saurait être plus intéressant que les propos tenus au cours de cette discussion.

Revenant sur des propos précédents, je tiens à indiquer que la Bulgarie, en tant que membre non permanent, a déployé des efforts très importants au sein du Conseil de sécurité afin d’éviter le recours à la guerre. Nous avons œuvré jusqu’au dernier moment, tant et si bien que nous avons appuyé la dernière tentative de M. Blair, avec les six points conduisant à une deuxième résolution, comme ultime espoir et afin d’exercer une pression supplémentaire sur le régime irakien pour essayer d’éviter le pire.

Bien entendu, lorsque nous avons constaté qu’il n’existait aucune possibilité de consensus ni de sauver la paix, nous avons exprimé notre appui, in pectore, à cette deuxième résolution. C’est ainsi que, avec plus de quarante autres pays, la République de Bulgarie se trouve dans le camp de ceux qui ont offert une certaine coopération, comme le droit de survol et le droit d’atterrir pour des avions-citernes sur une base en Bulgarie. De plus, la semaine prochaine sans doute, un petit contingent d’une centaine d’hommes appartenant à des unités de protection chimique, bactériologique et nucléaire sera installé dans un pays limitrophe de l’Irak. Nous n’avons pas voulu que nos militaires, même s’ils interviennent pour des raisons humanitaires, soient engagés sur le terrain.

Plutôt que de parler de ce qui a été fait, il vaudrait mieux que nous regardions tous ici vers l’avenir afin de déterminer comment venir en aide à ce peuple, comment appuyer et instaurer un régime démocratique. Non seulement ce peuple le mérite, mais la communauté internationale voudrait le voir donner naissance à un Irak démocratique, appartenant à cette communauté internationale et pouvant contribuer ainsi à une solution de paix au Moyen-Orient.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie. La parole est à M. Toshev, un de vos compatriotes, pour poser la question suivante.

M. TOSHEV (Bulgarie) (traduction)

Monsieur le Premier ministre, je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue au sein de l’Assemblée. Ma question porte sur le point 4.ii de la Résolution 1211, de 2000, dans lequel l’Assemblée lance un appel aux autorités bulgares pour qu’elles tiennent davantage compte des normes européennes et des avis des experts du Conseil de l’Europe sur les projets de lois qu’elles examinent. J’aimerais connaître l’engagement que vous avez pris sur ce point. J’aimerais également savoir si la question sera soumise au Parlement.

M. Saxe-Coburg Gotha, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Chacun sait, y compris vous-même, Monsieur Toshev, que la Bulgarie, comme tous les nouveaux pays membres, fait l’objet d’une procédure de suivi en vue de garantir le respect des normes du Conseil de l’Europe. Il est manifestement certains points qui peuvent être améliorés et des mesures qui devraient être mises en œuvre plus rapidement. Toutefois, on sait aussi que lorsqu’il s’agit de passer d’un régime totalitaire à la démocratie, les difficultés ne manquent pas. C’est précisément le cas en ce qui concerne la législation relative aux libertés religieuses – de fait, vous êtes le président de la commission parlementaire des questions religieuses – que nous avons déjà mentionnée.

Il y a également d’autres questions importantes, telles que celle de l’institution d’un médiateur, que j’ai évoquée dans mon discours, ce qui permettra à nos citoyens de mieux se faire entendre auprès du gouvernement. Il est un certain nombre d’autres réformes et initiatives sur lesquelles non seulement notre parti, mais l’ensemble du gouvernement font plus particulièrement porter leur attention. A cet égard, je tiens à souligner, non tant à votre intention, Monsieur Toshev, qu’à celle de l’Assemblée – à laquelle je me suis adressée en espagnol il y a quelques instants -, que nous avons reçu bon nombre de critiques à propos du problème de la corruption. Ce problème fait partie de nos priorités et nous sommes déterminés à tout mettre en œuvre en vue d’atténuer ce phénomène, voire de l’éradiquer.

M. BINDIG (Allemagne) (traduction)

Je renonce à poser ma question, qui avait trait à la discrimination dont sont victimes les Roms, le Premier ministre ayant déjà répondu à une question analogue.

M. LLOYD (Royaume-Uni) (traduction)

Le Premier ministre a évoqué la consolidation de la situation en Europe du Sud-Est en vue de faire de cette région un espace européen normal et non une zone de conflit. Vous vous rappellerez, Monsieur le Premier ministre, que l’Union européenne et les Etats-Unis avaient promis que le Pacte de stabilité ferait partie du processus de normalisation. J’aimerais savoir si votre gouvernement est satisfait de ce qui a été fait tant sur le plan financier que sur le plan politique en vue de sa mise en œuvre?

M. Saxe-Coburg Gotha, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Merci, Monsieur Lloyd. Le Pacte de stabilité est une initiative que le Gouvernement bulgare a toujours appuyée.

Depuis quelques années toutefois, les activités ont été un peu moins soutenues que nous ne l’aurions souhaité. Nous avons conscience de l’ampleur de la tâche ainsi que de la nécessité de mettre en œuvre des projets d’infrastructures, vitaux pour le développement de l’Europe du Sud-Est. L’aménagement de corridors dans le cadre du pacte serait, par exemple, de nature à accélérer notre intégration et faciliterait la venue de visiteurs dans notre région. A ce stade, pour faire progresser la mise en œuvre du Pacte, il est besoin de quelques investisseurs sérieux, de la participation de quelques-unes des grandes entreprises de construction internationales, ainsi que de l’assistance d’autres pays d’Europe. J’espère que beaucoup d’autres pays partageront cette idée, qui me paraît très constructive. J’ai été heureux de voir que les autorités de l’Albanie, où je me suis rendu récemment, étaient très intéressées par nos travaux. Par ailleurs, nous travaillons avec nos voisins roumains à la construction d’un deuxième pont sur le Danube, qui revêt une importance vitale, notamment pour le développement du trafic vers la Grèce et d’autres régions. Toute assistance et, d’une manière plus générale, toute mesure visant à conforter le Pacte de stabilité seront donc les bienvenues.

M. ELO (Finlande) (traduction)

Dans une de vos précédentes réponses, vous indiquiez que la Bulgarie avait tout mis en œuvre pour tenter d’éviter l’intervention militaire en Irak. Toutefois, il y a trois mois, la Bulgarie avait exprimé, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, le point de vue selon lequel la Résolution 1441 fournissait assez de raisons pour lancer une opération militaire contre l’Irak. Une telle contradiction est-elle vraiment de nature à contribuer à surmonter la crise?

M. Saxe-Coburg Gotha, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

La déclaration à laquelle vous venez de faire référence émanait d’un porte-parole non autorisé. La délégation bulgare auprès des Nations Unies a toujours soutenu la position que je viens d’exposer. Mais, si on veut faire l’historique de cette malheureuse crise, il conviendrait également de citer les Résolutions 678 et 687. Cela dit, sans vouloir jongler avec les chiffres au risque d’en devenir pédant, j’affirmerai que la Résolution 1472 est, de loin, la plus importante. Comme je le disais, elle concerne ce qui peut être fait pour l’Irak et sa population dès la fin de la guerre.

M. JARAB (République tchèque) (traduction)

Monsieur le Premier ministre, c’est pour nous un grand honneur que de vous accueillir dans cette enceinte. Lors de la réunion que la sous-commission des médias de la commission de la culture, de la science et de l’éducation, a tenue cette semaine, on a évoqué la crise au sein de l’Agence de presse bulgare, BTA, et des critiques ont été émises à propos du nouveau projet de loi sur la radio et la télévision. J’aimerais savoir si vous souhaiteriez voir cette loi appliquée dans sa version actuelle si votre parti ne se trouvait pas au gouvernement, mais dans l’opposition.

M. Saxe-Coburg Gotha, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Je vous remercie. Pour répondre à la dernière partie de votre question, je dirai oui, sans hésiter.

En ce qui concerne notre agence de presse, la personne qui la dirigeait a malheureusement décidé de démissionner, parce qu’elle n’était pas capable de gérer cet organe établi de longue date et dont les Bulgares sont très fiers. Les trois candidats aujourd’hui en lice sont tous des journalistes professionnels, ce qui permettra, je pense, de surmonter ce que vous avez qualifié de crise. En ce qui concerne notre loi sur les médias, nombreux sont ceux qui jugent le processus d’adoption trop long. Je dois battre ma coulpe pour avoir provoqué un allongement de la phase préparatoire. Mais au vu de l’intérêt, des débats et des critiques considérables que cette nouvelle loi avait suscités, j’ai voulu prendre l’avis d’un panel de journalistes et d’ONG. Après avoir enfin trouvé une date qui convenait à tous, nous avons tenu une table ronde à laquelle ont pris part quelque quatre-vingts journalistes et représentants d’ONG. Le débat, qui a duré deux heures et demie, a été très enrichissant et très instructif. Je pense qu’une fois achevée la procédure d’adoption en cours, la loi pourra bientôt entrer en vigueur.

Pour approfondir un peu la question sans toutefois trop entrer dans le détail, on pourrait ajouter que les journalistes eux-mêmes souhaitent une nouvelle loi meilleure que les précédentes. Les professionnels estiment que le directeur général de la télévision ou de la radio publiques ne peut décider de tout, dans son département, sans avoir à rendre de compte à personne. Nous voulons également faire de ces deux entreprises étatiques de vrais services publics et non des services gouvernementaux. Il est intéressant de noter que, dans un document qu’ils nous ont présenté, plusieurs parlementaires observaient que notre gouvernement, que j’ai le plaisir de présider, était jusqu’à présent le seul à n’avoir jamais exercé la moindre pression sur ces deux sources vitales d’information. Le processus est complexe, mais s’il est abordé avec professionnalisme et bonne volonté de la part de tous les intéressés, il sera possible d’élaborer une loi efficace et durable qui ne soit pas une loi de convenance pour tel ou tel parti politique.

M. HEGYI (Hongrie) (traduction)

Ma question est semblable à la précédente, mais il me paraît important de revenir sur le sujet. La sous-commission des médias de l’Assemblée a entendu beaucoup de plaintes à propos de la situation qui prévaut dans les médias en Bulgarie. J’aimerais savoir si vous partagez le point de vue selon lequel les médias publics doivent être indépendants de tous les partis politiques, majorité et opposition confondues. Comment envisagez-vous la création d’un tel service public dans votre pays?

M. Saxe-Coburg Gotha, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Je vous remercie pour cette question. Je me suis déjà expliqué sur ce point dans la réponse que je viens de faire à votre honorable collègue. Je ne puis que souligner une nouvelle fois ici que je suis convaincu que ces institutions doivent être véritablement publiques, c’est-à-dire travailler dans l’intérêt de tous, y compris des partis politiques. L’époque est révolue, où la radio et la télévision étatiques n’étaient que de simples instruments de propagande.

M. RIESTER (Allemagne) (traduction)

Deux questions ont déjà fait allusion à la lutte contre la corruption dans votre pays. Vous connaissez l’importance de ce problème pour le développement économique du pays et pour les investissements directs de l’étranger. Il existe à ce sujet des recommandations du Conseil de l’Europe. En conséquence, je peux retirer ma question.

Baroness HOOPER (Royaume-Uni) (traduction)

Je remercie le Premier ministre pour son discours. J’aimerais connaître le programme de son gouvernement en matière d’égalité des chances pour les femmes et les hommes. J’aimerais également connaître le taux de participation des femmes dans son administration aux échelons tant local que national.

M. Saxe-Coburg Gotha, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Je ne voudrais pas donner l’impression de discriminer les femmes en opérant une distinction entre les fonctionnaires de ce qu’on appelle le «sexe faible» et leurs collègues masculins employés dans l’administration bulgare. Mais puisque vous avez soulevé la question, sachez que 30 % environ des fonctionnaires, y compris les fonctionnaires municipaux, sont des femmes. Au parlement, qui compte 240 membres, siègent soixante-quatre femmes, dont une quarantaine de représentantes de notre parti. Nous sommes heureux de compter dans nos rangs autant de parlementaires féminines. Les femmes représentent 26 % du nombre total de membres du parlement.

J’ajouterai qu’il ne s’agit pas là d’un signe particulier; il ne s’agit pas non plus du résultat de la mise en œuvre de quelque mesure spécifique en vue de répondre à une certaine attente ou de se conformer à une mode. Le fait est que tout simplement, en Bulgarie, les femmes participent depuis des années à de nombreux domaines de la vie. Il y a trois femmes dans notre cabinet: la première cumule les fonctions de Vice-Premier ministre et de ministre du Travail et des Affaires sociales, la deuxième est ministre de l’Environnement et de l’Ecologie, et la troisième, que vous êtes certainement nombreux à avoir rencontrée ici, dirige le ministère de l’Intégration européenne.

Dans l’ensemble, je dirai que, dans ce domaine, la situation est satisfaisante en Bulgarie. Toutefois, je pense que chacun doit être jugé selon ses mérites. Il n’y a aucune raison de privilégier les femmes par rapport aux hommes. C’est ainsi que doit être vécue l’égalité au quotidien dans toute société normale.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Ainsi prend fin notre dialogue avec le Premier ministre, qu’au nom de l’Assemblée je remercie vivement pour son discours et pour les réponses qu’il a faites aux questions des parlementaires.