Zhelyu

Zhelev

Président de la République de Bulgarie

Discours prononcé devant l'Assemblée

jeudi, 31 janvier 1991

Monsieur le Président, Madame le Secrétaire Général, Mesdames, Messieurs, Permettez-moi quelques réflexions d’ordre général pour introduire mes propos.

Pour la Bulgarie, le fait d’appartenir à l’Europe n’a jamais eu de sens strictement géographique. Nous les Bulgares, nous avons toujours considéré notre pays, notre culture nationale comme faisant partie intégrante de l’espace culturel européen, du génie européen.

Tout au cours de notre longue histoire, des forces turbulentes s’étaient appliquées à nous arracher à la communauté intellectuelle de l’ancien continent, à son système de hiérarchie de valeurs, ce qui était d’ailleurs vécu comme tragédie nationale, mais le peuple bulgare retrouvait inlassablement le courage et l’énergie pour revenir à l’esprit de ses origines, aux traditions vivifiantes du lieu natal.

Nous n’avons qu’à rappeler le siècle dernier: après avoir souffert cinq siècles de domination ottomane, la Bulgarie a pu ressusciter à l’intérieur de l’Europe en s’intégrant de façon indiscutable aux institutions fondamentales de la réalité européenne – le parlementarisme pluraliste, la propriété privée, la morale chrétienne, l’éducation et la formation des esprits. Aujourd’hui, après quarante-cinq longues années de totalitarisme et de soviétisation forcée, la Bulgarie confirme sa volonté de rejoindre l’Europe libre et démocratique.

Se tenant au carrefour de trois continents, située à une croisée clé pour les Balkans, la Bulgarie a su focaliser les aspirations spirituelles de plusieurs tendances culturelles. De nombreuses civilisations ont enterré leurs débris séculaires dans nos terres: la Thrace, l’Antiquité gréco-romaine, Byzance, les Slaves, les Proto-Bulgares, les grandes cultures de l’Orient.

Une approche sémantique détaillée de la culture bulgare moderne permettrait d’y déceler plusieurs éléments établissant notre appartenance intellectuelle au patrimoine culturel mondial, compte tenu de la tendance permanente des artistes bulgares de s’inspirer de l’Antiquité, de la chrétienté médiévale, de l’humanisme de la Renaissance.

Il serait, certes, arbitraire d’attribuer au hasard le fait qu’au IXe siècle la Bulgarie avait donné le jour au premier alphabet slave, mis quelques années plus tard à la disposition de tous les peuples slaves – les Serbes, les Russes, les Ukrainiens, les Biélorusses – pour promouvoir l’expression écrite et le génie slave sous toutes leurs dimensions morales et intellectuelles.

En 1982, le pape Jean-Paul II proclamait les saints frères Cyrille et Méthode, les premiers grands maîtres du peuple bulgare, patrons de l’Europe unie, ce qui me semble la meilleure attestation de l’appartenance de l’Etat bulgare à la grande Europe.

A la veille du troisième millénaire, les nations de l’Europe retrouvent la chance unique de vivre ensemble dans un monde uni qui aspire à un avenir commun et le peuple de mon pays ne saurait que s’en réjouir. Nous sommes prêts à coopérer de la manière la plus efficace pour transformer ces vœux sublimes en réalité. La Bulgarie est fermement résolue à adhérer pleinement à toutes les institutions européennes s’engageant à endosser leur part de responsabilité, à payer leur quota pour la construction de la nouvelle Europe.

Nous considérons le Conseil de l’Europe comme une des institutions européennes les plus puissantes et prestigieuses, ayant fourni ses preuves tangibles dans la mise en route de l’intégration européenne. Durant quatre décennies d’existence dynamique, le Conseil de l’Europe œuvrait sans répit pour encourager et concrétiser le processus de la construction politique européenne.

En effet, les évolutions démocratiques et les réformes économiques accélérées en cours dans les pays de l’Europe centrale et orientale ces dernières années sont rendues possibles grâce, notamment, aux efforts déployés par le Conseil de l’Europe en leur faveur. Les dissidents démocrates de nos pays qui, sous des régimes totalitaires aux méthodes staliniennes, n’hésitaient point à engager leur dur combat, appréciaient hautement le Conseil de l’Europe en sa qualité de protecteur et défenseur des libertés fondamentales, de la dignité humaine, des valeurs morales et des idéaux de la création humaniste.

Aujourd’hui, ces régimes se sont effondrés aussi bien en Hongrie qu’en République fédérative tchèque et slovaque, en Pologne, qu’en Bulgarie, et les peuples ont opté pour la démocratie, ce qui rend leur volonté d’adhérer pleinement au Conseil de l’Europe tout à fait légitime.

Le Conseil de l’Europe constitue un centre de gravité pour les pays de l’Europe occidentale, certes, mais pour ceux de l’Europe orientale également. D’autant plus que les transformations démocratiques se poursuivront sûrement sur plusieurs années, la petite étincelle révolutionnaire ayant allumé de violents brasiers longs à éteindre. Les techniques seront nombreuses et variées, les rythmes lents ou accélérés, mais nous avons la nette conscience que la réussite de cette ambitieuse entreprise dépendra directement d’une relance économique immédiate de l’économie, fondée sur les principes du marché, d’une amélioration de la conjoncture politique, juridique et culturelle, d’une mise au point d’un cadre éducatif adapté, tous ces éléments étant réunis pour garantir l’irréversibilité des processus engagés et pour promouvoir le statut du citoyen de nos pays, le dotant du comportement et du raisonnement européens.

La démocratie parlementaire pluraliste et la protection des droits de l’homme – deux idées fondamentales qui constituent le credo de votre Organisation, comme l’a bien mentionné devant l’Assemblée nationale bulgare l’année dernière le Président Anders Bjôrck – constituent le credo de la société bulgare également.

Mesdames, Messieurs, vous qui suivez de près le développement de la Bulgarie, vous savez certainement que l’année 1990 a marqué un tournant décisif de l’histoire moderne du pays.

Le régime totalitaire, complètement discrédité, fléchissait péniblement sous le poids des premières marques qui jalonnaient le passage pacifique vers la constitution démocratique du pays, vers l’économie de marché. En une seule année, la Bulgarie a sensiblement changé d’image: pour la première fois depuis des années, des élections libres et démocratiques ont eu lieu dans le pays; le parlementarisme pluraliste a repris de façon légitime son fonctionnement dans le cadre de l’Etat; un président de la République a été élu démocratiquement; au mois de décembre 1990, un nouveau gouvernement a été constitué avec la participation de toutes les forces politiques représentées au parlement, et ce gouvernement a pris la grave responsabilité de mettre en route la réforme économique; des syndicats indépendants défendent les intérêts des travailleurs; la radio, la télévision, les établissements de l’enseignement supérieur, la presse bénéficient d’une pleine autonomie.

La Grande Assemblée constituante a voté déjà plusieurs lois d’importance capitale pour le pays: la loi sur la dépolitisation de l’armée, des juges d’instruction, des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères et de la présidence; la loi sur les autorités locales provisoires, qui présente un atout majeur en faveur de la déstructuration accélérée des pouvoirs locaux; la loi sur les amendements au décret sur l’activité économique ouvrant les voies juridiques à la privatisation des entreprises d’Etat et à la protection des investissements étrangers; la loi sur la comptabilité; les débats en séance plénière au sujet du projet de loi sur la propriété des terres sont déjà clos.

Des projets de loi sur l’autonomie locale rédigés dans l’esprit de la Charte européenne de l’autonomie locale ont déjà été portés à l’attention des élus. Des experts travaillent sur le projet de la nouvelle Constitution démocratique du pays. Le texte constitutionnel sera fondé sur quelques principes essentiels: la sauvegarde des droits de l’homme et la protection des libertés fondamentales, dans le respect profond de la Convention européenne des Droits de l’Homme et de tous les textes internationaux dans ce domaine; la séparation des pouvoirs; la prééminence du droit.

D’autres projets de loi sont également discutés en séance plénière: les lois sur la réforme bancaire, la privatisation, la concurrence, les investissements étrangers, le code commercial et autres. D’importants amendements ont été portés à la loi sur la santé publique et à la loi sur le régime des retraites. D’autres améliorations sont prévues dans le domaine des conventions de travail ou du système de sécurité sociale, pour que les différentes dispositions soient mises en harmonie avec les principes de la Charte sociale européenne.

Une préoccupation majeure tourmente actuellement nos consciences: la situation écologique de la Bulgarie. Nous sommes parfaitement conscients que l’Europe unie de demain serait impossible sans une écologie saine sur le plan européen dès aujourd’hui. Dans ce sens, des spécialistes sont en train d’étudier le cadre d’une législation écologique conforme aux exigences et aux normes internationales. La République de Bulgarie prête une attention toute particulière au développement de la coopération européenne dans le domaine de l’écologie et aspire à participer solidairement à toutes ses manifestations.

Un projet de loi fondamental pour le pays est soumis à l’attention de la Grande Assemblée constituante: une loi contre la discrimination ethnique. Ces démarches législatives aboutiront, nous l’espérons fermement, à une amélioration de l’image de la Bulgarie dans le monde, ce qui lui tracerait la voie d’une digne participation à la construction de l’espace européen.

Je suis loin de prétendre que les processus en Bulgarie suivent le calme trajet de l’harmonie sans conflit. Au contraire, des contradictions, des désaccords élèvent des obstacles parfois insurmontables à la démocratisation de la vie. Nous traversons une grave crise économique. Les ressources du pays étant limitées, la dette extérieure très lourde à rembourser, les relations économiques internationales presque complètement brisées, la réforme économique imposera un prix social pénible à payer. Pour nous, en termes simples, cela signifie une vie quotidienne lourde de privations. Nous n’ignorons pas le fait que le passage vers l’économie de marché est à réaliser par nous-mêmes, obligés que nous serons de mobiliser toutes les synergies – matérielles et morales – de stimuler toutes les ressources – humaines et structurelles – pour mener à bon port cette gigantesque entreprise. Mais il nous paraît impossible d’agir sans l’appui substantiel des organisations financières internationales, sans le soutien suivi des pays industrialisés; le cas échéant, nous nous retrouverons dans l’impasse. L’itinéraire dramatique qu’a connu l’évolution de l’idée européenne sera toujours présent dans nos esprits pour nous prévenir de toutes les menaces qui nous guettent: les efforts nobles peuvent être sapés et la grande Europe divisée, déchirée en régions riches et régions pauvres, en centre et périphérie. Cette nouvelle démarcation enlèverait à l’idée européenne ses dimensions prestigieuses.

De nouvelles difficultés se rajoutent à la récession dramatique de mon pays, générées par les derniers événements internationaux. La crise du Golfe a jeté des ombres obscures sur les perspectives de la croissance économique mondiale. Les petits pays dont les économies sont complètement conditionnées par leurs importations en énergie, et c’est le cas de la Bulgarie, en souffrent tout particulièrement. Dès les premières manifestations du conflit, la République de Bulgarie a appuyé, sans réserve, les résolutions votées par le Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que toutes les initiatives des forces multinationales qui en découlaient. Le Parlement bulgare a voté une décision aux termes de laquelle l’Etat bulgare était autorisé à envoyer un contingent militaire pour participer aux opérations à entreprendre par les forces multinationales dans la région du Golfe. Le vote est l’expression réelle de la nouvelle politique dans le domaine des relations internationales et de la protection des valeurs humaines universellement reconnues, en harmonie complète avec le droit international. Nous avons strictement respecté les sanctions économiques globales imposées par l’ONU à l’égard de l’Irak, ce qui a été ressenti comme une aggravation supplémentaire de la situation économique difficile. Sur le plan strictement économique, la participation de la Bulgarie aux mesures internationales prises vis-à-vis de l’agresseur du Koweït lui a coûté, rien que pour l’année 1990, 1 400 000 dollars. En dépit de ces pertes trop élevées pour le pays, nous n’avons pas hésité à joindre les actes de la communauté internationale, parfaitement conscients du fait qu’il est impossible de construire un monde pacifique et prospère sans apporter les garanties durables à la sécurité de tous les pays – aussi bien les petits que les grands. Le peuple du Koweït est en train de subir un destin tragique, ce qui nous oblige à faire face à un impératif de la société moderne: les Etats auront de plus en plus à compter sur les efforts unis de la communauté internationale pour combattre et étouffer la violence.

Certes, l’avenir pacifique d’une Europe heureuse et unie ne saurait être garanti que par les instruments mis au point à Paris, récemment, par la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe qui avait réuni les chefs d’Etat et de gouvernement des trente-quatre pays membres. Cette rencontre a remis en valeur les dix principes de l’Acte final d’Helsinki qui représentent un fondement solide de l’approfondissement des rapports entre les pays ayant signé ce document historique, il y a quinze ans, une stratégie qui a surmonté toutes les épreuves du temps. Or, nous, en tant que pays européen, nous n’envisageons la réussite de nos projets démocratiques que dans l’optique d’une adhésion absolue aux principes déjà mentionnés – respecter les engagements et accomplir les obligations conclues au nom de la prospérité de tous les pays membres du processus européen.

C’est toujours dans ce sens que le Parlement bulgare, le Président de la République, les gouvernements, les principales forces politiques du pays ont dénoncé l’utilisation de forces armées dans les pays Baltes, ce qui a causé la mort des innocents. Appliquer la force contre des citoyens pacifiques, contre des institutions d’Etat issues d’élections démocratiques constitue une forme extrêmement dangereuse de répression, ayant éveillé l’indignation et l’angoisse du peuple bulgare. Dans la conjoncture mondiale actuelle, les problèmes de la sécurité en Europe acquièrent de nouvelles dimensions, ce qui nous conduit à appuyer, sans réserve, toutes les mesures prévues pour consolider la sécurité et renforcer la confiance entre les Etats.

Quand j’évoque ici, devant vous, les notions de sécurité, de prospérité, de stabilité pour tout le monde, je sais qu’elles ne deviennent tangibles, réelles, que dans un cadre démocratique garantissant le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Dans mon pays, nous accordons une attention toute particulière à ces aspects des changements mis en route. Les actions dans ce domaine, c’est-à-dire la protection des droits et des libertés de l’individu, ont été réalisées dans le souci de respecter les normes et les prescriptions en vigueur dans toute société démocratique. Nous sommes fiers de pouvoir adopter une attitude nouvelle pour le pays et de déclarer ouvertement notre volonté et notre disposition d’adhérer à la Convention européenne des Droits de l’Homme. Des efforts sont constamment faits pour perfectionner la législation et l’harmoniser avec les normes internationales, tout en respectant les principes fondamentaux d’égalité devant la loi et l’élimination de toute discrimination. Notons tout de même que l’accent est mis sur la sauvegarde des droits individuels sur les plans ethnique, religieux et linguistique, des droits qui sont partie inhérente à toute la gamme des droits et libertés fondamentaux. La Bulgarie n’acceptera jamais de négliger ces problèmes dont la solution est à trouver dans la voie du respect des droits et des libertés de chaque citoyen bulgare. La Bulgarie n’acceptera jamais la discrimination et l’inégalité. Nous avons dénoncé les graves violations des droits des Turcs bulgares ayant résolument rompu avec la pratique criminelle de l’ancien régime. Cependant, les résultats positifs ne sauraient berner nos consciences. Le pouvoir démocratique est appelé, et nous en sommes persuadés, à œuvrer tous les jours pour protéger les droits et les libertés, pour garantir la suprématie de la loi, pour assurer le cadre légal de toute entreprise d’Etat. Le Gouvernement bulgare, les forces politiques du pays n’hésitent point à entreprendre des mesures efficaces dans ce sens. Nous respectons énormément l’immense expérience accumulée par le Conseil de l’Europe dans ce domaine et nous y voyons une importante source d’inspiration. Donc, je répète devant vous: la Bulgarie exprime sa volonté et sa disposition d’adhérer à la Convention européenne des Droits de l’Homme – une des conventions fondamentales de la vie internationale.

La Bulgarie s’attache tout particulièrement aux problèmes de la sécurité et de la coopérations dans les Balkans. L’Histoire nous ayant assigné un emplacement unique de plusieurs points de vue, nous tâcherons d’en profiter pour minimiser un danger – hélas – bien présent, le manque de stabilité. Les diversités culturelles, religieuses, linguistiques et ethniques, bien étoffées par les préjugés et les préjudices du passé, seront à même de générer des conflits regrettables.

Le nationalisme, le chauvinisme constituent une vraie menace pour la paix et les processus démocratiques dans la région. Dans ce sens, la complémentarité et les interactions dans le cadre du continent imposent une nouvelle vision du phénomène balkanique. La seule façon d’éviter les pièges douloureux, c’est de promouvoir inlassablement l’évolution démocratique des Balkans, et la Bulgarie est prête à fournir sa contribution. Nous saluons toute forme de coopération dans notre région, fondée, comme je viens de le mentionner, sur les principes de la coopération paneuropéenne, inspirée par les idées du processus européen. Nous aurons sûrement la chance unique, et c’est une tâche difficile mais ô combien noble, d’assurer les liens entre tous les protagonistes dans les Balkans pour lutter, dans la dignité, pour l’européanisation des Balkans.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, l’expérience du Conseil de l’Europe dans tous les domaines de la vie actuelle se présente comme une source précieuse d’idées pour nous. C’est le Conseil de l’Europe qui est appelé à incarner le rapprochement et l’enrichissement des peuples européens unis dans une communauté unique. Ses réalisations ont fourni la preuve incontestable que la démocratie, la protection des droits de l’homme et le respect mutuel sont les principes fondamentaux qui peuvent garantir réellement des résultats positifs – la prospérité, le progrès social et la paix durable. Ces acquis seront à la portée du monde entier, de tous les peuples aspirant à un avenir pacifique. La Bulgarie aura les capacités pour participer à la solution de cette tâche historique, elle aura aussi la dignité de persévérer pour mériter sa place dans la grande famille du Conseil de l’Europe.

Nous apprécions l’idée d’accorder au processus européen une dimension parlementaire dont la base peut être assurée par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Elle représente pour nous un modèle de coopération européenne multilatérale qui nous rend très optimistes quant à un futur fonctionnement.

La République de Bulgarie exprime sa reconnaissance d’avoir été invitée à adhérer à quatre des conventions du Conseil de l’Europe. C’est avec plaisir que je vous annonce que le Parlement bulgare les a ratifiées. J’aimerais également reconfirmer notre volonté de remplir toutes les conditions nécessaires pour adhérer pleinement au Conseil de l’Europe.

Le peuple bulgare vit les mêmes joies, les mêmes espoirs, les mêmes angoisses que tous les peuples européens. Et quand nous partons vers l’Europe, nous partons vers nous-mêmes, nous revenons à nous-mêmes. La Bulgarie est un pays européen.

Merci de votre attention.

M. LE PRÉSIDENT (traduction)

Monsieur le Président, je vous remercie de votre discours fort intéressant. Votre présence dans cette Assemblée montre que la Bulgarie fait partie de l’Europe et nous espérons que les relations entre le Conseil de l’Europe et la Bulgarie ne cesseront de se développer. Vous avez eu l’amabilité, Monsieur le Président, d’accepter de répondre à des questions de l’Assemblée. Quinze questions ont été déposées. Il faut qu’il s’agisse de questions posées au Président, pas de déclarations – il n’y a que le Président qui puisse faire des déclarations. J’espère que tous les intervenants seront brefs. Conformément au Règlement, les intervenants disposent de trente secondes pour poser leurs questions.

La parole est à M. Atasever.

M. ATASEVER (Turquie ) (traduction)

Je vous remercie, Monsieur le Président. Monsieur le Président de la République, permettez-moi de vous féliciter d’avoir opté pour la démocratie après soixante-dix années de communisme.

Hier, la RFTS (République fédérative tchèque et slovaque) est devenue membre de plein droit du Conseil de l’Europe. Je forme le vœu que votre pays puisse le devenir aussi dans un proche avenir.

Près de 220 000 Turcs, dans l’ensemble assez âgés, ont fui en Turquie. Je suis moi-même turc d’origine bulgare, de Tîrgoviste, et j’estime qu’il est de mon devoir de député de me préoccuper tout particulièrement de ce problème.

M. LE PRÉSIDENT (traduction)

Pourriez-vous en venir à votre question, Monsieur Atasever?

M. ATASEVER (traduction)

J’en ai presque terminé, Monsieur le Président. Ma circonscription compte aujourd’hui 20 000 réfugiés turcs de Bulgarie. Je leur ai procuré à tous un travail, un logement, une formation, une subvention de l’Etat, etc. Mais le principal problème est celui des pensions de vieillesse, car beaucoup ont bien plus de 50 ans et n’ont droit à aucune pension.

Ma question est donc la suivante: comment pourrions-nous résoudre ce grave problème en bons voisins? Je vous remercie.

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

précise que l’ancienne législation limitait à six mois le paiement des retraites aux Bulgares expatriés. Cette législation va être abrogée et le Parlement bulgare étudie un système qui permettra à tous ceux qui ont travaillé en Bulgarie de percevoir leur pension jusqu’à la fin de leur vie, qu’ils restent dans le pays ou qu’ils s’installent en Turquie.

M. PROBST (Autriche) (traduction)

Monsieur le Président, j’ai emmené en juin 1989 une délégation du Conseil de l’Europe visiter les territoires turcs dans votre pays. J’aimerais savoir ce qui a changé, c’est-à-dire quelle est la situation de la minorité turque musulmane en Bulgarie. L’émigration se poursuit-elle? Sont-ils nombreux à revenir? Qu’est-ce qui a changé dans l’intervalle? Ma seconde question est la suivante: j’ai entendu dire qu’on amenait d’énormes contingents d’ouvriers russes en Bulgarie – ils arrivent par groupes de quatre-vingts à cent – dans les centrales électriques, les ports, etc. N’est-ce pas étrange? Je vous saurais gré de bien vouloir répondre à mes deux questions.

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

indique que la Bulgarie a rompu avec la politique détestable du régime de Jivkov. Tous les Turcs ont le droit de reprendre leur nom original et la plupart l’ont fait. Ils peuvent s’exprimer dans leur langue maternelle et l’étudier à l’école. Il existe des journaux en langue turque. C’est dire qu’un tournant décisif a été pris et que les droits de cette minorité ethnique sont garantis.

M. NÛNEZ (Espagne) (interprétation)

s’était rendu compte sur place de l’ampleur de l’exode: 300 000 personnes. Combien d’entre elles sont rentrées? Combien ont pu reprendre leur nom? La liberté du culte musulman est-elle reconnue?

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

précise qu’il s’agissait en fait d’une expulsion imposée par l’ancien régime, contre laquelle l’opposition s’était élevée. Il est difficile de savoir combien de Bulgares turcs sont rentrés; on estime leur nombre à 120 000. Pour les noms de famille, on manque de précisions, mais chacun peut reprendre le sien. Quant à la liberté de culte, elle est reconnue pour toutes les religions, et des mosquées sont en construction, alors qu’on ne bâtit pas d’églises orthodoxes.

M. ESER (Turquie) (traduction)

J’ai prêté une oreille attentive à Son Excellence, le Président de la République de Bulgarie, pays voisin du mien. Je remercie le Président Zhelyu Zhelev des informations qu’il nous a données et tiens à souligner que je me félicite des progrès accomplis dans ce pays. Pendant cette période où une Europe nouvelle est en train de voir le jour, la coopération régionale revêt également une importance croissante. Il existe de nombreux exemples de coopération de ce type dans des domaines variés, dans certains cas au stade de projet et dans d’autres déjà opérationnelle. A cet égard, on peut citer notamment la coopération entre les pays riverains de la mer Noire, menant une action pour la protection contre la pollution des cours d’eau qui se déversent dans la mer Noire et de la mer Noire elle-même.

Comment, Monsieur le Président, concevez-vous l’avenir de cette coopération et dans quelle mesure faudrait-il la développer?

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

rappelle que son pays a construit des stations balnéaires et compte beaucoup sur le tourisme pour obtenir des devises; il est donc très intéressé par le maintien de la qualité des eaux de la mer Noire. Il existe, en Bulgarie, un important mouvement écologiste et un parti Vert qui compte des députés. La Bulgarie met au point des mesures de prévention et elle est prête à coopérer avec tous les pays riverains de la mer Noire.

M. BAUMEL (France)

Monsieur le Président de la République, après les progrès significatifs réalisés en Bulgarie sur la voie de la démocratie, quelles sont les prochaines étapes politiques et économiques que vous envisagez? Quelle date précise a été fixée pour les prochaines élections générales et quelles mesures comptez-vous prendre pour qu’elles puissent se dérouler dans des conditions parfaites au regard du pluralisme et du respect de la libre expression des électeurs?

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

répond que la Bulgarie est engagée dans un processus de démocratisation. Un système pluraliste a été institué, avec des syndicats indépendants, une presse et une télévision libres, des universités autonomes, un parlement et un président issus d’élections démocratiques. Un gouvernement non communiste est en place depuis quelque temps. On peut donc dire que les structures, sans doute encore imparfaites, d’une démocratie parlementaire sont en place. La prochaine étape sera le passage à l’économie de marché. La tâche sera sans doute plus difficile. Récemment, les taux d’intérêt ont été relevés et à partir du 1er février entreront en vigueur des accords sur la liberté des prix. Le parlement doit voter prochainement une loi rétablissant la propriété privée des terres et la réinstallation dans leurs droits des anciens propriétaires; d’autres textes sur la privatisation, la concurrence et la réforme bancaire sont prévus.

Dans ce contexte, il est possible que les élections prennent un certain retard. La réforme économique aura en effet des conséquences d’abord négatives. Cela dit, les élections devraient avoir lieu vers la fin de l’année. La décision en revient au parlement. Mais, de toute façon, elles seront organisées de manière démocratique.

Mme GRENDELMEIER (Suisse) (traduction)

Monsieur le Président, permettez-moi de reprendre la question de M. Probst qui vous a, me semble-t-il, échappé. J’ai entendu parler moi aussi de l’arrivée massive dans votre pays, par contingents de quatre-vingts à cent personnes, d’ouvriers, de travailleurs russes ou de travailleurs migrants établis dans les grands centres, les villes portuaires, etc. Or, on prétend qu’il ne s’agit pas d’une main-d’œuvre ordinaire, mais d’unités armées chargées, semblerait-il, d’une mission particulière qui pourrait bien mettre en péril la démocratie encore fragile en Bulgarie.

Voici donc mes questions: ces informations sont-elles exactes? Si elles le sont, que pensez-vous de la présence de ces contingents russes dans votre pays? Faut-il craindre que s’engage ici un processus qui, parallèlement aux événements baltes, ne peut qu’aboutir à une explosion de violence? Enfin, que feriez-vous, Monsieur le Président, dans ce cas-là?

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

estime qu’il n’y a pas lieu d’être inquiet. Ces travailleurs sont arrivés à la suite d’accords entre des entreprises bulgares et des agences soviétiques. C’est ainsi que, dans la ville de Vidin, sur le Danube, une quarantaine de travailleurs soviétiques sont venus pour occuper des emplois refusés par la main-d’œuvre locale. Dans le cadre de l’économie de marché, les entreprises bulgares doivent pouvoir recourir à des travailleurs étrangers sur la base d’accords mutuels. Des amendements en ce sens seront apportés à la loi bulgare. M. Zhelev estime que les craintes d’ordre politique qui ont été exprimées sont injustifiées.

Sir Russell JOHNSTON (Royaume-Uni) (traduction)

Ma question porte sur l’éducation. J’ai l’impression que la Bulgarie est confrontée à des problèmes énormes à propos de certaines matières du programme, notamment l’histoire et les sciences économiques. Je crois savoir que l’ancienne République Démocratique Allemande comptait 1 200 professeurs de marxisme-léninisme. Je me demande comment procède la Bulgarie pour substituer à l’endoctrinement un enseignement et un apprentissage véritables, et quelles en sont les conséquences pour le personnel.

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

fait observer que le système éducatif bulgare est en pleine mutation et que des réformes s’imposent dans la mesure où le matériel pédagogique et les programmes ne répondent plus aux attentes. L’histoire des différents partis communistes relève plus de l’idéologie que de l’éducation, et certaines disciplines comme l’économie et l’histoire ont été enseignées d’une manière trop idéologique. La Bulgarie espère que les organes du Conseil de l’Europe lui apporteront une aide pour construire un système éducatif moderne à la portée des jeunes et sans parti pris idéologique.

M. ROKOFYLLOS (Grèce)

Monsieur le Président de la République, après vous avoir félicité pour votre contribution, notamment de la hauteur de vue et de la netteté de vos convictions, je souhaiterais que vous nous fournissiez quelques précisions sur les relations gréco-bulgares. En effet, il me semble que les deux peuples et leurs dirigeants ont su, à partir des années 60, surmonter les malentendus et les hostilités du passé pour ouvrir une nouvelle ère de coopération et de collaboration dans plusieurs domaines.

D’après vous, quel est l’état actuel de ces relations et quelles perspectives d’avenir s’ouvrent à nos deux pays?

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

estime que les relations de la Bulgarie avec la Grèce sont exemplaires et souhaiterait que son pays ait avec ses autres voisins des Balkans – la Turquie, la Yougoslavie et la Roumanie – des rapports de voisinage aussi bons.

M. AHRENS (Allemagne) (traduction)

Monsieur le Président, ma question est moins d’ordre politique que pratique, mais elle n’en revêt pas moins une grande importance pour les citoyens. J’ai participé, il y a quelques semaines, à une conférence en Macédoine, dans le nord-est de la Grèce, consacrée à la coopération transfrontalière. J’ai constaté à cette occasion que les contacts entre les régions et les communes des territoires grecs et bulgares étaient encore très limités par rapport à ceux qui existent par exemple le long des frontières de l’Europe occidentale.

Je pose donc la question suivante: votre Gouvernement ne pourrait-il pas envisager d’adhérer prochainement à la Convention-cadre européenne sur la coopération transfrontalière des collectivités ou autorités territoriales, adoptée dès 1980 par le Conseil de l’Europe?

Je vous remercie.

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

réplique que son pays ne peut certainement pas répugner à adhérer à cette convention, car c’est là un instrument dont il ne peut que tirer profit dans ses rapports avec ses voisins des Balkans. La question est donc à l’étude; en particulier, les formalités pour l’obtention des visas vont probablement être allégées.

M. PANGALOS (Grèce)

Monsieur le Président de la République, les pays balkaniques ont déjà fait quelques pas qui semblaient imposés par la géographie, par l’histoire et par les nécessités du développement économique. Néanmoins, les dépenses militaires de nos pays, exprimées par rapport au revenu national, sont parmi les plus élevées en Europe et peut-être dans le monde. Ne pensez-vous pas qu’étant donné la fin de la confrontation entre les blocs politico-militaires en Europe, on pourrait envisager un rapprochement et un développement de la coopération balkanique, en particulier dans le sens d’une réduction concertée des dépenses militaires, surtout pour l’armement conventionnel, au-delà de ce qui est imposé par les accords déjà signés au niveau paneuropéen?

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

répond que la Bulgarie y serait tout à fait favorable, plus même que ses voisins, car elle y trouverait un intérêt économique évident. Ce serait pour elle une bouffée d’air frais. Cependant, plusieurs éléments font obstacle à des changements rapides: la situation incertaine dans les Balkans, mais surtout la désintégration du Pacte de Varsovie qui garantissait jusqu’à présent la sécurité de l’Etat. De même, les mutations en cours en Union Soviétique conduisent à s’interroger sur l’avenir de l’accord bilatéral signé avec ce pays. En attendant que la situation se clarifie, la Bulgarie s’attache à améliorer ses relations avec ses voisins dans le cadre de l’Europe en construction et M. Zhelev espère que, même lente, l’évolution sera aussi positive que dans d’autres régions du continent.

Lord MACKIE of BENSHIE (Royaume-Uni) (traduction)

Je suis à la fois agriculteur et politicien, et j’ai eu la chance de visiter votre pays, Monsieur Zhelev. J’y ai vu de bonnes terres et de la bonne agriculture, mais aussi de la mauvaise. Il existe dans votre pays un certain nombre d’unités d’exploitation vastes et modernes et je me demande s’il vous sera facile de les rendre à l’entreprise privée. Pouvez-vous nous dire en quelques mots comment vous comptez procéder? Ce sera difficile, mais je suis convaincu que vous y parviendrez.

Monsieur le Président de l’Assemblée, il ne m’a fallu que vingt-cinq secondes pour poser ma question.

M. LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous félicite, Lord Mackie; je vous rendrai les cinq secondes ainsi économisées un autre jour. La parole est à M. Zhelev.

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

déclare que le rétablissement de la propriété privée ne doit pas signifier le morcellement des terres. Pour le Gouvernement, de toute façon, la décision doit revenir aux paysans eux-mêmes qui auront toute liberté pour constituer de véritables coopératives, c’est-à-dire des coopératives de propriétaires, s’associant sur un pied d’égalité. Il est cependant possible que les fermes actuelles subsistent dans certains cas, à condition qu’elles aménagent leurs structures et modifient leur gestion. Pour le reste, tous les intéressés sont bien conscients du danger d’un morcellement et refusent ce qui serait un retour en arrière.

Lord KINNOULL (Royaume-Uni) (traduction)

Lord Mackie a empiété sur la question que j’entendais poser sur l’agriculture. Je félicite le Président aussi bien pour son exposé que pour ses réponses. Je voudrais poser une question générale à propos des mutations économiques auxquelles est confronté son pays. Quelle collaboration et quelle aide spécifique les pays européens peuvent-ils proposer à son pays et quelle aide a déjà été accordée?

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

répond que l’aide est surtout venue du Conseil de l’Europe, qui s’est attaché à encourager la démocratisation en Bulgarie. L’Organisation a ainsi contribué en juin dernier à la tenue d’élections réellement libres et démocratiques, en envoyant dans le pays une délégation d’observateurs prestigieux. Un groupe d’experts est également venu assister l’Assemblée nationale dans l’élaboration d’une législation sur l’organisation des pouvoirs locaux. D’autre part, dix jeunes journalistes bulgares ont été invités à venir se former à Strasbourg. Mais M. Zhelev ne peut énumérer toutes les initiatives par lesquelles le Conseil fait bénéficier la Bulgarie de son immense expérience. Il est certain enfin qu’une éventuelle adhésion à l’Organisation donnerait à la Bulgarie une carte de visite qui lui ouvrirait la porte de bien d’autres organisations, européennes ou mondiales, et imprimerait un élan inégalé à toutes sortes de coopérations fructueuses.

M. VURALHAN (Turquie) (traduction)

Monsieur Zhelev, j’apprécie votre ouverture d’esprit et votre sincérité. J’espère que ce dialogue authentique permettra à votre pays d’occuper bientôt la place qu’il mérite au sein de la famille des nations européennes. Je voudrais évoquer le statut des Turcs dans votre pays. Je suis heureux d’apprendre que vous êtes prêt maintenant à leur accorder un statut de citoyen à part entière. Vous avez aussi mentionné que vous comptiez organiser des élections dans l’année en cours. Les citoyens d’origine turque bénéficieront-ils d’un statut qui leur permettra, s’ils sont élus, de siéger aux conseils régionaux et de faire entendre leurs voix à propos de toute réforme que vous envisagez pour votre pays, Monsieur le Président?

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

certifie que les Turcs de Bulgarie ont la même possibilité que leurs concitoyens d’entrer dans tous les organes des pouvoirs locaux, de même qu’au Parlement. Il souligne que l’Assemblée nationale compte actuellement un groupe parlementaire turc fort de vingt-quatre élus. Il n’est peut-être pas bon d’encourager la formation de partis ou de groupements sur une base ethnique, mais le fait illustre parfaitement la politique du Gouvernement en matière de droits des minorités.

M. BASIAKOS (Grèce) (traduction)

Encore davantage ces derniers temps, nous entendons exprimer des craintes à propos de la sécurité des installations nucléaires bulgares et surtout de celles situées près de la frontière avec la Grèce. Quelle est la position du Gouvernement bulgare? Quelles mesures compte-t-il prendre pour éviter toute friction avec les pays voisins?

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

répond qu’aucune centrale nucléaire n’est installée à proximité de la frontière avec la Grèce, mais qu’il en existe proches de la Roumanie. L’intention du Gouvernement bulgare est de les moderniser avec l’aide de l’Occident afin de garantir une sécurité plus grande. Ces centrales sont essentielles pour la Bulgarie qui ne possède pas d’autre source d’énergie. Dans cette optique, des négociations bilatérales sont en cours, notamment avec la France et avec les Etats-Unis.

M. ATKINSON (Royaume-Uni) (traduction)

Monsieur le Président, je crois que vous avez réussi à sensibiliser l’opinion publique internationale lorsque votre Gouvernement a ordonné une enquête sur l’assassinat, dans une rue de Londres, avec une pointe de parapluie empoisonnée, du citoyen bulgare Giorgy Markov qui travaillait pour la BBC. Pouvez-vous nous faire part des résultats de l’enquête? Qui était responsable de l’assassinat? Etes-vous d’avis que les liens soupçonnés entre la Bulgarie et le KGB soviétique, qui sont à l’origine de la tentative d’assassinat contre le pape Jean-Paul II, devraient également faire l’objet d’une enquête?

M. Zhelev, Président de la République de Bulgarie (interprétation)

répond que le Parlement bulgare a constitué une commission d’enquête afin d’éclaircir les circonstances de tous ces crimes. Cette enquête est déjà fort avancée et le Président de la République espère être capable bientôt d’en faire connaître les résultats à l’opinion publique internationale. Il est en effet très important pour la nouvelle Bulgarie que toute la vérité soit connue sur ces affaires. C’est le seul moyen pour elle de conquérir la confiance internationale et de prouver que la Bulgarie fait bien partie de l’Europe. L’Etat bulgare n’entretient pas aujourd’hui davantage de relations avec le KGB qu’avec les services secrets d’autres pays. Il souhaite d’ailleurs qu’elles soient les moins intenses possible. Par ailleurs, le contre-espionnage bulgare sera restructuré sur les modèles occidentaux, français ou allemand par exemple. Mais la Bulgarie estime que ses bonnes relations avec d’autres pays rendent un service de contre-espionnage très peu nécessaire.

M. LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie très sincèrement, Monsieur Zhelev. La liste des questions est épuisée. Vous y avez fort bien répondu. Au nom de l’Assemblée, je voudrais vous dire que nous avons été impressionnés par votre capacité à donner des réponses brèves et concrètes aux nombreuses questions difficiles posées. Encore une fois, je vous remercie d’être venu et de votre exposé. Au nom de l’Assemblée, j’exprime l’espoir que les bonnes relations établies entre le Conseil de l’Europe et la Bulgarie continueront dans le même esprit.