Ilham

Aliyev

Président de l’Azerbaïdjan

Discours prononcé devant l'Assemblée

mardi, 24 juin 2014

Je tiens tout d’abord à vous remercier, Madame la Présidente, pour votre invitation. C’est un honneur et un plaisir d’être de retour à Strasbourg.

Je vous suis très reconnaissant d’avoir cité des extraits du discours que j’avais prononcé dans cette enceinte il y a dix ans. Je confirme ce que je disais à l’époque, car ces propos correspondent encore à notre position actuelle à l’égard des réformes et du développement réussi de l’Azerbaïdjan. Nous pensons toujours que si les réformes politiques et économiques sont mises en place en parallèle, elles peuvent être couronnées de succès.

Nous poursuivons donc nos réformes…

Les réformes politiques et économiques en Azerbaïdjan montrent donc que, lorsqu’elles sont mises en œuvre parallèlement, on peut obtenir de bons résultats. Depuis qu’il est membre du Conseil de l’Europe, l’Azerbaïdjan a connu de véritables transformations politiques et économiques. Les réformes en Azerbaïdjan ont commencé au milieu des années 1990, quelques années après que nous avons recouvré notre indépendance.

Les premières années qui ont suivi notre indépendance ont été marquées par de grandes difficultés. On peut même dire que notre peuple a connu une situation tragique: des tensions sociales, des difficultés économiques, une crise politique et un conflit armé. La gestion du précédent gouvernement a d’ailleurs aggravé les choses. L’existence même de notre Etat a été menacée. La guerre civile de 1993 constitue une véritable tragédie de notre histoire récente.

Une nouvelle Constitution a été adoptée. Des réformes économiques et politiques ont été conduites en parallèle; elles ont d’ores et déjà permis à notre pays d’accomplir des progrès. Nous avons choisi d’adhérer au Conseil de l’Europe car nous voulions aller plus loin dans ces réformes. Nous savions qu’en intégrant l’Organisation nous devrions prendre des engagements; nous y étions prêts. Nous respectons ces engagements.

Comme l’a rappelé la Présidente de l’Assemblée, nous avons adhéré à quelque 60 conventions du Conseil de l’Europe. Nous avons amélioré notre législation et les réformes mises en œuvre ont permis d’instaurer un nouveau climat au sein de notre société. Les libertés fondamentales sont toutes respectées en Azerbaïdjan.

Pour ce qui est de la liberté politique, il existe chez nous des centaines d’organisations et de partis politiques. La liberté d’expression et la liberté des médias sont elles aussi respectées, avec plus de 40 quotidiens, 200 hebdomadaires, 9 chaînes de télévision nationales, 14 chaînes régionales et 14 chaînes câblées. En ce qui concerne internet, le nombre d’utilisateurs représente 70 % de la population. À cet égard, le gouvernement a beaucoup investi pour que l’internet à haut débit soit disponible, non seulement dans toutes les villes, mais dans tous les villages du pays. L’accès à internet est libre et sans censure. Dans ces conditions, comment pourrions‑nous restreindre la liberté des médias? Tout au contraire, nous y sommes favorables, car elle est l’essence même de la démocratie. Grâce à elle, le gouvernement peut concentrer son action là où il y a des problèmes: cela crée un lien entre le gouvernement et la société. C’est l’un des grands atouts de l’Azerbaïdjan moderne; nous en sommes extrêmement fiers.

La liberté des médias est donc entièrement garantie, de même que la liberté de rassemblement et d’association, dont les institutions politiques profitent au quotidien. Les rassemblements se déroulent dans un climat tout à fait pacifique. Tout cela montre que nous sommes pleinement engagés dans un processus de réforme.

À cet égard, la mise en œuvre de réformes constitue pour nous une véritable priorité, non parce qu’il nous faut respecter pleinement nos engagements internationaux ou parce que nous voudrions recevoir des évaluations positives de la part des institutions internationales, mais parce que nous voulons moderniser notre pays. Il y a dix ans, les institutions démocratiques n’étaient pas suffisamment établies. Or nous savions que, si nous ne les mettions pas en place, le développement économique ne pourrait pas être durable. C’est la raison pour laquelle nous avons entrepris des réformes économiques et politiques. Nous avons encouragé la démocratisation de la société, ce qui a permis d’établir un climat très favorable.

La liberté de religion est également un atout pour notre pays. Depuis des siècles, notre société est multiethnique et multireligieuse. Les différentes communautés vivent en paix et en liberté au sein de l’Azerbaïdjan. Le multiculturalisme est ainsi l’une de nos grandes valeurs. Nous continuerons donc à nous concentrer sur cet aspect au cours de notre présidence. De ce point de vue, l’Azerbaïdjan a engagé, en 2008, le Processus de Bakou. En 2009, nous avons invité les ministres de la culture des pays du Conseil de l’Europe à participer à la Conférence islamique, qui tenait son sommet à Bakou. C’était la première fois que ces deux institutions tenaient une réunion conjointe.

Malheureusement, dans différentes régions du monde, y compris dans notre voisinage, au Proche‑Orient, mais aussi en Europe, des tendances préoccupantes se font jour: le séparatisme, parfois même la haine, tendent à se développer. Il faut se pencher sur ces problèmes, car nous devons contribuer à créer un monde meilleur pour tous. Chacun, quels que soient sa religion et son niveau de vie, a le droit de vivre en paix et dans la dignité. Les tensions fondées sur le sentiment religieux sont très dangereuses pour tous les pays, y compris pour ceux dont la société est multiethnique.

S’agissant du conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, nous avons l’intention d’œuvrer à la mise en œuvre des nombreuses résolutions et décisions prises par les différentes organisations internationales. En effet, le Conseil de sécurité des Nations Unies, le Conseil de l’Europe – en particulier l’Assemblée parlementaire –, le Parlement européen et l’OSCE se sont prononcés à de nombreuses reprises sur cette question. La résolution du conflit suppose que nous travaillions tous ensemble. Si tel n’est pas le cas, les différentes résolutions votées ne servent à rien. Dans cette affaire, nous entendons faire respecter les principes du droit international. À cet égard, je suis très reconnaissant à la Présidente de l’Assemblée pour les remarques qu’elle a faites sur l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan.

Notre ministre des Affaires étrangères ayant évoqué hier devant vous les autres priorités de notre présidence, je n’entrerai pas dans les détails. Je me contenterai de rappeler que nous entendons lutter contre la corruption.

En la matière, l’Azerbaïdjan possède une expérience unique, de même d’ailleurs que les autres ex‑républiques soviétiques, qui souffrent toutes de ce problème. La corruption met en péril le développement de notre pays. Nous avons donc entrepris de prendre de nombreuses mesures, au niveau administratif et institutionnel, destinées à lutter contre le phénomène. Ainsi, nous avons mis en œuvre depuis un an et demi un programme concernant les services publics. Presque 2 millions de personnes se sont d’ores et déjà adressées aux centres créés à cet effet pour obtenir les documents requis. Cette expérience, qui permet de réduire la corruption, peut également être intéressante pour les autres Etats membres du Conseil de l’Europe. Le Secrétaire Général de l’Organisation s’est d’ailleurs rendu en Azerbaïdjan pour visiter l’un de ces centres.

La jeunesse et l’éducation sont une autre de nos grandes priorités. Notre société est jeune, dynamique et bien éduquée, avec un taux d’alphabétisation de 100 %. Pour bien se développer, une société doit être éduquée. C’est aussi une garantie contre le fondamentalisme. Au cours des dix dernières années, nous avons construit plus de 3 000 écoles dans notre pays.

La qualité de l’éducation est tout aussi essentielle. D’ailleurs, elle s’améliore. En effet, nous mettons en œuvre de nombreux programmes en lien avec de grandes universités internationales, où nous envoyons nos jeunes étudiants. Les échanges sont organisés de telle sorte que notre potentiel intellectuel soit en accord avec notre potentiel économique. Telles sont les grandes priorités sur lesquelles nous nous concentrerons au cours de notre présidence.

Pour l’Azerbaïdjan, il s’agit d’une étape importante dans l’histoire de son appartenance au Conseil de l'Europe. Selon le principe de rotation qui prévaut, notre tour est venu de présider, et cela représente pour nous une bonne opportunité de vous présenter notre pays et de nous attaquer à des problèmes parfois préoccupants au sein de différents pays européens, problèmes liés à la démocratie, à la prééminence du droit ou à une approche sélective des situations selon les pays. À cet égard, sous sa présidence, l’Azerbaïdjan souhaite que l’on aborde de la même façon des situations similaires dans différents pays et que l’on évite la politique des deux poids, deux mesures.

J’en viens maintenant au développement général de l’Azerbaïdjan. Notre pays est un pays jeune, qui a une grande tradition historique, des traditions locales. C’est un pays entreprenant, à la politique étrangère dynamique, un pays qui joue un rôle stabilisateur dans la région. Notre potentiel ne cesse de croître, car nous avons pris bien des initiatives en matière de coopération régionale, qui trouvent un écho d’autant plus positif auprès de nos voisins que notre voisinage s’étend. C’est ainsi que nos initiatives couvrent désormais un plus grand nombre de pays.

Nous bénéficions du soutien de la communauté internationale et notre réputation est excellente au sein des institutions internationales. Notre plus grand succès diplomatique fut l’élection de l’Azerbaïdjan en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies. De ce moment, nous sommes extrêmement fiers, d’autant que 155 pays ont appuyé notre candidature. Majorité absolue donc du côté de la communauté internationale, qui fait confiance à l’Azerbaïdjan et qui le considère comme un partenaire fiable.

Cela fait seulement deux ans que nous sommes membre non permanent du Conseil de sécurité. Pour autant, nous l’avons présidé à deux reprises déjà et selon les évaluations qui ont été réalisées, ces présidences ont été très réussies. Nous avons apporté notre contribution à la paix, à la sécurité et à la stabilité dans le monde.

Parallèlement, être membre du Conseil de l'Europe a été une expérience précieuse pour notre pays, une expérience qui nous sera très utile pour les futures initiatives que nous prendrons. Nous avons noué des relations extrêmement constructives avec la majorité des pays membres de la communauté internationale. Au surplus, nos relations bilatérales avec les pays européens se développent fortement. D’ailleurs, l’Europe n’est‑elle pas notre plus grand partenaire commercial? Les liens historiques unissant l’Azerbaïdjan à l’Europe se sont renforcés depuis l’accession à l’indépendance de celui‑ci.

Par ailleurs, l’Azerbaïdjan en tant que pays musulman est un membre actif de l’Organisation de coopération islamique. Nous avons à jouer un rôle sur le plan géographique, mais aussi culturel, tant il est vrai que nous pouvons servir de passerelle. Plus nos entreprises seront réussies, plus nous serons en mesure d’apporter une contribution positive à l’interaction entre les civilisations. Une réunion sur le dialogue entre les civilisations a été organisée à Bakou. L’Azerbaïdjan est vraiment un centre mondial du multiculturalisme et d’ailleurs un centre du multiculturalisme verra prochainement le jour dans notre pays.

Le plus grand problème auquel mon pays est confronté réside dans la violation de son intégrité territoriale. Comme vous le savez, un conflit oppose l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Il s’agit d’un conflit qui met en péril l’ensemble de la région. Ce ne peut être un conflit «gelé», il faut le résoudre! Le Haut‑Karabakh fait historiquement partie de l’Azerbaïdjan depuis des siècles. Les Arméniens se sont installés dans cette région il y a moins de deux cents ans. Malheureusement, le patrimoine historique situé dans le Haut‑Karabakh a été détruit par l’armée d’occupation arménienne et ce conflit a mené à l’occupation par l’Arménie de 20 % de notre territoire, un territoire ayant été reconnu à l’échelle internationale. Ce territoire occupé a subi un nettoyage ethnique du fait de l’armée arménienne et un million de personnes ont été déplacées, devenant ainsi des réfugiés. Sept districts autour du Haut‑Karabakh font l’objet d’une occupation depuis plus de vingt ans. Tout cela constitue une énorme injustice, car le Haut‑Karabakh fait historiquement partie de l’Azerbaïdjan. Je rappelle d’ailleurs que le terme «Karabakh», à l’instar des noms des villages et des régions du Haut‑Karabakh, est d’origine azerbaïdjanaise.

Le droit international reconnaît que le Haut‑Karabakh fait partie de l’Azerbaïdjan. Personne, hormis l’Arménie, n’a reconnu l’indépendance du Haut‑Karabakh. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté quatre résolutions demandant le retrait inconditionnel et immédiat des forces d’occupation arméniennes des territoires occupés. Malheureusement, ces résolutions sont restées lettre morte. C’est cela aussi la politique du deux poids, deux mesures. S’agissant d’autres pays, des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sont mises en œuvre en quelques heures, mais pour nous, il faut attendre des années. Les Arméniens ne veulent pas libérer les territoires occupés. En réalité, ils veulent maintenir le statu quo, ce qui est contraire aux efforts des médiateurs internationaux – le Groupe de Minsk, l’OSCE et ses coprésidents.

Les présidents de trois pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies – les Etats‑Unis, la Fédération de Russie, la France – ont en outre indiqué clairement que ce statu quo n’était pas acceptable et que l’Arménie devait retirer ses forces d’occupation des territoires occupés, mais l’Arménie ignore le droit international, les recommandations des grands pays du monde comme les résolutions de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, notamment celle adoptée en 2005. Une résolution a par ailleurs été adoptée par le Parlement européen et des décisions ont été prises par l’OSCE: toutes demandaient que les forces d’occupation arméniennes se retirent des territoires appartenant à l’Azerbaïdjan. Malheureusement, ce conflit n’est toujours pas résolu alors que l’Azerbaïdjan fait montre d’une attitude constructive depuis plus de vingt ans.

Dans le cadre du processus de négociation, nous avons pris certains engagements. Aujourd’hui tout le monde doit comprendre, les Arméniens également, que ce processus ne peut pas durer ad vitam æternam. Il faut que la situation se débloque! Et plus vite les autorités arméniennes reconnaîtront qu’il est inacceptable d’occuper le territoire d’un autre pays au XXIe siècle, mieux ce sera. Malheureusement, leur approche n’est pas actuellement la bonne. Le Président arménien ne s’est‑il pas adressé à votre Assemblée en arguant de l’incompatibilité nationale entre Arméniens et Azerbaïdjanais? Son successeur, Serzh Sargsyan, le Président actuel, a indiqué que le conflit était d’ordre religieux. C’est là une approche totalement inacceptable.

On ne peut pas dire qu’il existe une incompatibilité entre les Azerbaidjanais et les autres peuples. L’Azerbaïdjan est au contraire multiethnique. L’Arménie est en revanche très monoethnique, toutes ses minorités ayant été contraintes de quitter le pays. Cette approche ne peut donc pas être prise en compte dans les négociations. Il faut tout simplement restaurer la justice et l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan.

Dans les territoires occupés, nos monuments historiques, nos mosquées, nos cimetières ont été détruits. Des territoires occupés entiers sont dévastés. L’OSCE a envoyé dans ces territoires deux missions d’étude et leurs rapports montrent clairement qu’il y a eu une destruction totale, conséquence du vandalisme arménien. L’intégrité territoriale est un principe fondamental du droit international. L’autodétermination aussi et les Arméniens l’évoquent toujours, mais celle‑ci ne saurait s’accomplir en violation de l’intégrité territoriale d’un autre pays. Les Arméniens devraient relire de façon minutieuse l’Acte final d’Helsinki!

Au demeurant, les Arméniens se sont déjà autodéterminés, ils disposent déjà d’un Etat, qui a d’ailleurs été créé sur le territoire historique de l’Azerbaïdjan. Peut‑être ne le savez‑vous pas, mais la délégation de l’Arménie, elle, le sait: un des premiers décrets de la République démocratique d’Azerbaïdjan, qui a été fondée suite à l’effondrement de l’empire soviétique, a été de faire d’Erevan la capitale de l’Arménie! Il y a donc déjà un Etat arménien. Combien d’Etats veulent‑ils? Veulent‑ils créer un Etat partout où ils vivent?

Ce conflit doit être résolu le plus rapidement possible, afin de mettre un terme à toutes les souffrances, y compris celles du peuple arménien, qui subit des décisions des autorités arméniennes menant le pays vers un effondrement et une catastrophe.

Ces dix dernières années, l’Azerbaïdjan a connu une croissance extrêmement rapide. Aucun pays n’a vu son potentiel économique croître comme celui de l’Azerbaïdjan: notre PIB a été multiplié par 3.4; le secteur non énergétique de notre économie représente désormais 55 % du PIB. Toutes les institutions financières internationales ont apprécié les réformes que nous avons effectuées au cours de la crise économique. Les principales agences de notation, Moody’s, Fitch et Standard and Poor’s, ont relevé la note de l’Azerbaïdjan. Nous sommes maintenant au 39e rang sur l’indice de la compétitivité internationale, ce qui signifie que nous avons réussi à transformer une économie centralisée en une économie de marché. Notre économie est maintenant compétitive, nous avons créé 1,4 million d’emplois, nous avons veillé à une répartition équitable des richesses naturelles et aujourd’hui le niveau de pauvreté a fortement baissé, le taux de chômage est descendu à 8 %, le déficit budgétaire reste dans les limites acceptées par l’Union européenne, la dette étrangère ne représente que 4 % du PIB, des programmes sociaux sont mis en œuvre et la situation politique est stable.

L’Azerbaïdjan est un membre actif de la communauté internationale. Le pays se modernise et fait face à l’avenir avec beaucoup d’optimisme.

Je n’abuserai pas de mon temps de parole afin que vous puissiez me poser des questions. Mais j’ajouterai que présider le Comité des Ministres est une grande responsabilité et que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour contribuer aux valeurs communes de la démocratie, de la prééminence du droit et de la liberté.

LA PRÉSIDENTE (interprétation)

Monsieur le Président, je vous remercie de votre discours.

Un nombre important de collègues a déjà exprimé le souhait de poser une question. Je rappelle à nos collègues que leurs questions doivent avoir un caractère vraiment interrogatif et ne pas dépasser 30 secondes.

M. McNAMARA (Irlande), porte‑parole du Groupe socialiste (interprétation)

Monsieur le Président, Amnesty International indique que 19 prisonniers politiques sont emprisonnés en Azerbaïdjan – d’autres donnent un chiffre encore plus élevé. La détention provisoire d’Ilgar Mamadov et de Tofig Yagublu n’est pas conforme au droit. J’évoquerai aussi les dysfonctionnements qui se sont produits lors des dernières élections ou la mise en détention d’un certain nombre de militants qui ont appelé à des manifestations pacifiques.

Notre Assemblée a adopté une définition du prisonnier politique et notre rapporteur n’a pas pu se rendre en Azerbaïdjan. Ne pensez‑vous pas que tous ces faits amoindrissent votre légitimité? Allez‑vous libérer ces prisonniers?

LA PRÉSIDENTE

Je rappelle aux personnes qui assistent à nos délibérations qu’elles ne doivent pas applaudir. Je vous remercie.

M. Aliyev, Président de l’Azerbaïdjan (interprétation)

l n’y a pas de prisonniers politiques en Azerbaïdjan. Vos propos sont fondés sur des informations erronées ou votre approche n’est pas impartiale. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que vous insultez l’Azerbaïdjan, mais sans succès.

L’Azerbaïdjan fait l’objet de provocations délibérées, nous en connaissons les sources et les raisons, cela n’a rien à voir avec la démocratie et les droits de l’homme, c’est purement géopolitique. La question que vous avez lue vous a sans doute été transmise par une personne qui a intérêt à attaquer l’Azerbaïdjan…

M. McNAMARA (Irlande) (interprétation)

J’écris moi‑même mes discours et mes questions.

M. Aliyev, Président de l’Azerbaïdjan

Si vous souhaitez ouvrir un débat, je pense que nous pouvons le faire dans un autre lieu.

Je le répète, il n’y a pas de prisonniers politiques en Azerbaïdjan. Le rapport de M. Strässer sur cette question a d’ailleurs été rejeté en janvier 2013 par cette Assemblée, car il était fondé sur de fausses informations, des calomnies et des rumeurs. Mais aujourd’hui, vous faites la même chose, vous déformez les faits! L’Azerbaïdjan est membre de la Cour européenne des droits de l’homme, toutes les questions relatives aux prisonniers peuvent donc être soumises à la Cour, nous respecterons ses arrêts.

Mme BAKOYANNIS (Grèce), porte‑parole du Groupe du Parti populaire européen (interprétation)

Monsieur le Président, je vous souhaite la bienvenue. Je reviendrai sur la question du Karabakh. Beaucoup d’initiatives ont été prises au cours des dernières années et le Groupe de Minsk est très actif. Pensez‑vous que le Conseil de l’Europe puisse prendre une initiative concernant le Karabakh? Comment évaluez‑vous la situation telle qu’elle s’est développée ces derniers mois? Pensez‑vous qu’une dynamique s’est installée dont on pourrait tirer parti?

M. Aliyev, Président de l’Azerbaïdjan (interprétation)

L’Azerbaïdjan souhaite évidemment aborder cette question. Nous l’avons d’ailleurs fait d’emblée, dès notre adhésion. Comme je l’ai souligné dans mon intervention, le Conseil de l’Europe a adopté une résolution en 2005 dénonçant cette occupation, qui doit cesser. Plus tard, une commission ad hoc a été créée sur le sujet, mais le boycott de la délégation arménienne et son comportement destructeur ont empêché qu’elle puisse jouer son rôle.

Il est indispensable que la communauté internationale s’empare de ce dossier et recherche des solutions. L’Arménie veut pérenniser le statu quo afin de faire oublier le conflit. C’est pourquoi elle table sur le Groupe de Minsk. Il n’y a pas d’alternative à l’heure actuelle en termes de médiation, mais le Groupe de Minsk n’a pas obtenu de grands résultats à ce jour. Le Conseil de l’Europe devrait certainement être plus actif sur ce front. Le rétablissement de la commission ad hoc serait en tout cas une très bonne chose.

Je suis loin d’être optimiste sur les perspectives de négociation compte tenu de la position arménienne. La dernière réunion bilatérale s’est déroulée au mois de novembre dernier à Vienne et a laissé penser que des ouvertures étaient possibles. Mais après les pas en avant sont venues, comme toujours, les déclarations dilatoires. Au total, la situation n’avance pas, et si la communauté internationale ne réagit pas, l’Arménie continuera de bloquer le processus.

Earl of DUNDEE (Royaume‑Uni), porte‑parole du Groupe démocrate européen  (interprétation)

Les réformes visant à améliorer le respect des droits de l’homme sont importantes en Azerbaïdjan. Elles sont soutenues par un plan d’action du Conseil de l’Europe. Quelles mesures particulières ont‑elles été mises en place pour se conformer à ce plan?

M. Aliyev, Président de l’Azerbaïdjan (interprétation)

Le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe s’est rendu dans notre pays. La coopération entre l’Azerbaïdjan et le Conseil de l’Europe est régie par un document général. Les droits de l’homme, les réformes démocratiques et la prééminence du droit sont notre priorité. Bien que nous ayons déjà beaucoup progressé, il reste encore à faire. Nous sommes tout à fait ouverts à la critique dès lors qu’elle se base sur des faits réels. Aucun des pays membres du Conseil de l’Europe n’a atteint la perfection. Malheureusement, les critiques qui nous sont adressées résultent souvent d’une approche biaisée, dont le principal ressort est de porter atteinte à notre réputation. L’Azerbaïdjan est membre du Conseil de l’Europe depuis de nombreuses années, au cours desquelles nous avons mené des réformes politiques importantes. Nous appartenons à la grande famille européenne et je suis convaincu que la coopération renforcée à l’occasion de notre Présidence du Comité des Ministres nous permettra d’obtenir de nouveaux résultats en matière de réformes démocratiques.

M. XUCLÀ (Espagne), porte‑parole de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (interprétation)

En 2006, la République d’Azerbaïdjan a adhéré à la Convention des Nations Unies contre la corruption. Ce thème correspond à l’une des activités prioritaires du Conseil de l’Europe, dans le cadre du GRECO.

Quelles mesures l’Azerbaïdjan a-t-il prises pour appliquer les dispositions de la Convention? Où en est la loi d’accès à l’information et à la transparence?

M. Aliyev, Président de l’Azerbaïdjan (interprétation)

La corruption est l’un des chantiers prioritaires de la Présidence azerbaidjanaise du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe. Ce fléau doit absolument être éliminé. Dans mon pays, issu de l’ex‑URSS, la corruption est profondément enracinée dans la société. Le gouvernement sait qu’il ne pourra réussir que s’il parvient à la faire disparaître. A cet égard, les expériences positives de pays membres du Conseil de l’Europe nous seront très utiles à l’avenir. Les mesures institutionnelles que nous avons prises donneront probablement de meilleurs résultats que des sanctions ou des mesures administratives. On ne peut pas simplement changer les personnes, il faut des mécanismes publics interdisant toute corruption et favorisant la transparence.

Mon pays est l’un des premiers à avoir participé à l’initiative de M. Blair en faveur de la transparence. Aujourd’hui, elle s’applique à 100 % dans le domaine politique. Nous devons obtenir un pourcentage équivalent dans le secteur financier et dans les services publics. Nous y travaillons sans relâche.

M. KOX (Pays‑Bas), porte‑parole du Groupe pour la gauche unitaire européenne (interprétation)

Je vous remercie, Monsieur le Président, pour votre très intéressante allocution et pour votre analyse positive de l’évolution des droits de l’homme dans votre pays. Malheureusement, tout le monde ne partage pas votre optimisme. Je m’en suis rendu compte lors de ma visite à Bakou, mais je dois rencontrer prochainement d’autres personnes sur le sujet.

L’Azerbaïdjan est‑il disposé à organiser à Bakou une table‑ronde sur le respect et la défense des droits de l’homme? Le Conseil de l’Europe propose son aide pour l’organisation d’une telle manifestation, à laquelle vous participeriez, Monsieur le Président. J’attends avec impatience votre réponse.

M. Aliyev, Président de l’Azerbaïdjan (interprétation)

Je suis tout à fait favorable à cette manifestation. Nous en avons d’ailleurs longuement discuté avec Mme Brasseur et M. Jagland lors de leur visite au mois de mai dernier. Nous ne sommes pas d’accord sur tous les sujets mais le dialogue est constructif.

La situation de mon pays au regard des droits de l’homme et de la démocratie n’est pas parfaite, mais les progrès sont patents. Nous sommes prêts à entendre les critiques constructives. Force est de constater que, dans cet hémicycle, on s’attache au versant négatif des choses. J’ai préféré, dans mon allocution, souligner les progrès accomplis par mon pays. Nous avons aujourd’hui une discussion ouverte et sincère. Je voudrais souligner que certaines opinions proférées à l’encontre de mon pays ne visent qu’à mettre à mal sa réputation. Je vous invite donc à regarder le fond, rien que le fond. Aujourd’hui, en Azerbaïdjan, les médias sont libres et internet est accessible pour 70 % de la population. La censure n’existe pas chez nous. Après la dernière élection présidentielle, des rassemblements des partis d’opposition ont eu lieu sans aucune restriction. A condition d’informer les autorités trois jours avant, tout mouvement peut se réunir de manière publique. J’ajoute que la dernière réunion organisée par l’opposition après les élections, afin de contester les résultats de celles-ci, n’a réuni que 840 participants. Si l’opposition est faible en Azerbaïdjan, ce n’est pas parce que nous lui interdisons d’exister.

Quant au développement économique du pays, je vous invite à venir vous rendre compte par vous‑mêmes des effets de la forte croissance de certains secteurs. On ne peut pas la passer sous silence!

La population soutient donc le pouvoir et le gouvernement est fort, non parce que nous empêchons les autres de s’exprimer mais parce que nous agissons correctement. L’opposition actuelle, ce sont ceux qui étaient au pouvoir en 1992‑1993; ce sont eux qui ont créé le chaos, qui sont responsables de la perte de territoires, qui ont provoqué la guerre civile. Ensuite, ils sont partis! Les jeunes générations ne savent pas ce qui s’est passé à l’époque; ce n’est pas leur faute. On les induit en erreur.

Nous sommes d’accord pour engager un dialogue dans le cadre d’une table ronde, avec votre participation.

LA PRÉSIDENTE (interprétation)

Si vous le voulez bien, Monsieur le Président, nous allons maintenant prendre les questions par groupes de trois.

Mme CHRISTOFFERSEN (Norvège) (interprétation)

Monsieur le Président, la lutte contre les violations des droits des LGBT en Europe est pour nous une priorité. Reconnaissez‑vous les droits des LGBT comme faisant partie des droits fondamentaux de l’homme? Si tel est le cas, que compte faire la République d’Azerbaïdjan pour garantir les droits des LGBT et leur liberté de s’organiser dans votre pays?

M. ROCHEBLOINE (France)

Monsieur le Président, estimez‑vous que les sévices arbitraires infligés à Mme Leyla Yunus, éminente personnalité engagée dans la défense des droits de l’homme en Azerbaïdjan, sont de nature à convaincre l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe de la capacité de l’Azerbaïdjan à respecter les libertés fondamentales internationalement reconnues et consacrées notamment par la Convention européenne des droits de l’homme?

Mme FIALA (Suisse) (interprétation)

Monsieur le Président, les incidents violents à la frontière de votre pays se sont récemment multipliés. Tous les jours, des personnes sont blessées, dont nombre de civils. Etes‑vous prêt à adhérer à un cessez‑le‑feu et à mettre en œuvre le processus proposé par les coprésidents du Groupe de Minsk, à enquêter sur les incidents qui sont survenus et à veiller au retrait des tireurs d’élite?

M. Aliyev, Président de l’Azerbaïdjan (interprétation)

S’agissant de la première question, je l’ai dit, aucune restriction n’est imposée aux populations d’Azerbaïdjan. Du point de vue des libertés, la situation n’y est guère différente de celle qui prévaut dans vos pays.

Ensuite, Leyla Yunus n’a pas été victime de sévices ou de mauvais traitements. C’est plutôt elle qui a fait subir des mauvais traitements aux policiers, puisqu’elle les a attaqués verbalement et physiquement. Elle a tenté de s’enfuir alors qu’elle devait déposer dans une affaire liée à une enquête pénale; on l’a donc interceptée, invitée à bien vouloir déposer comme témoin, mais elle a malheureusement refusé, plusieurs semaines durant, faisant fi des requêtes parfaitement légitimes qui lui étaient adressées à cette fin.

Quant aux incidents frontaliers, vous avez évoqué une question récurrente: les mesures de sécurité et de confiance demandées par le Groupe de Minsk. Mais la distance entre les soldats azerbaïdjanais et les soldats arméniens ne dépasse parfois pas 50 mètres: dans ce cas, pas besoin d’un tireur d’élite pour causer des dommages! Pour que la confiance revienne, il faut d’abord que les forces d’occupation arméniennes se retirent de nos territoires. Les blessés dont vous parlez étaient sur notre sol; ils n’étaient même pas sur le territoire du Haut‑Karabakh qui, d’ailleurs, appartient aussi à l’Azerbaïdjan. Que font les soldats arméniens là‑bas? La plupart sont recrutés en Arménie. Que font‑ils dans ces territoires occupés? Si nous retirons nos forces, comment protégerons‑nous notre territoire de nouvelles attaques?

Les dirigeants arméniens doivent comprendre que leur politique vis‑à‑vis du Haut‑Karabakh est un échec, qu’ils ont perdu la bataille avec l’Azerbaïdjan. Selon les statistiques, le taux de pauvreté en Arménie dépasse 40 %, et 40 000 personnes ont définitivement quitté le pays au cours du premier trimestre de cette année; c’est le résultat de cette politique d’occupation. Et maintenant, ils vont partout se plaindre de la menace que représenterait l’Azerbaïdjan. Mais c’est notre territoire qui est occupé, et ce sont eux qui représentent une menace pour nous et pour toute la région! Lorsqu’ils auront compris que cette politique est sans avenir, puisque nous n’accepterons jamais l’indépendance du Haut‑Karabakh, le conflit pourra être résolu; plus cela arrivera tôt, plus les Arméniens connaîtront vite une vie meilleure.

M. FLYNN (Royaume‑Uni) (interprétation)

En Azerbaïdjan, des journalistes ont été accusés à tort et emprisonnés et les élections ont été truquées. J’ai parlé aux personnes impliquées. L’Azerbaïdjan va‑t‑il porter ses normes au niveau de celles du Conseil de l’Europe, ou son exemple déplorable va‑t‑il encourager d’autres pays à revoir à la baisse leurs propres critères en matière de droits de l’homme?

M. DÍAZ TEJERA (Espagne) (interprétation)

Monsieur le Président, pouvez‑vous nous parler des éventuels risques énergétiques et d’instabilité dans la zone géographique dont l’Azerbaïdjan fait partie, avec nombre d’autres pays, et où il joue un rôle clé, un peu comparable à celui d’Israël au Proche‑Orient?

Mme LOKLINDT (Danemark) (interprétation)

Monsieur le Président, vous avez dit que toutes les libertés étaient respectées dans votre pays, mais, selon les médias internationaux, il y a toujours des milliers de personnes déplacées en interne. Comment comptez‑vous relever ce défi?

M. Aliyev, Président de l’Azerbaïdjan (interprétation)

Monsieur Flynn, dans votre brève intervention, vous avez menti à deux reprises. Oui, vous avez menti et je vais vous le prouver!

Premier mensonge: les journalistes ne sont pas accusés à tort en Azerbaïdjan; depuis 2009, personne n’y est en prison pour diffamation. Second mensonge: les élections n’ont pas été truquées. L’APCE a envoyé une délégation sur place. Si vous n’avez pas pris connaissance de son rapport, vérifiez avec vos collègues! Ils ont évalué positivement les élections chez nous et le rapport a été approuvé ici même. Il y a eu plus de 1 000 observateurs internationaux, plusieurs contrôles à la sortie des urnes ont été opérés par des organisations internationales, et l’appréciation qui en est résulté a toujours été positive. Le Parlement européen a envoyé une délégation: le rapport était tout aussi positif. Même chose pour l’Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Alors pourquoi mentez‑vous? Ici les élections ont été libres et équitables, ces institutions en témoignent. Peut‑être que ce que vous avez dit se fait chez vous.

La sécurité énergétique. L’Azerbaïdjan joue son rôle. Nous sommes un pays qui contribue à cette sécurité. Je n’ai pas évoqué ce sujet car je voulais laisser plus de temps pour les questions. Nous le prenons très au sérieux. Nous avons une pleine sécurité énergétique, car nous avons diversifié les voies d’acheminement du gaz et du pétrole. Nous aidons plusieurs pays européens pour qu’ils en bénéficient. Certains d’entre eux sont représentés ici, ils reçoivent 40 % de leur pétrole d’Azerbaïdjan.

On vient de lancer un projet de grand gazoduc qui nous permettra d’être exportateur de gaz vers l’Europe. La sécurité énergétique et la stabilité politique doivent être considérées en bloc. L’investissement pour ce projet est de 45 milliards d’euros.

La parlementaire du Danemark a évoqué la question des personnes déplacées à l’intérieur du territoire. Vous parlez des personnes qui souffrent de l’occupation arménienne?

Mme LOKLINDT (Danemark) (interprétation)

Il y a plusieurs catégories de personnes déplacées.

M. Aliyev, Président de l’Azerbaïdjan (interprétation)

Nous avons plus de un million de personnes déplacées à l’intérieur: 250 000 Azerbaïdjanais ont été expulsés d’Arménie, 700 000 du Karabakh et des 7 districts que j’ai cités. Des réfugiés viennent à cause de guerres. On fait de notre mieux pour améliorer leurs conditions de vie mais il faut beaucoup de temps et d’argent. Chaque année on installe plus de 20 000 PDI. Nous avons construit 82 centres et 40 000 familles bénéficient d’appartements ou de maisons.

LA PRÉSIDENTE (interprétation)

Etes‑vous d’accord pour répondre encore à trois questions Monsieur le Président, même si nous devons aller un peu au‑delà de 13 heures?

M. Aliyev, Président de l’Azerbaïdjan (interprétation)

Oui.

M. JAPARIDZE (Géorgie) (interprétation)

Je souhaite à l’Azerbaïdjan une présidence fructueuse du Comité des Ministres. Concernant la coopération régionale, l’Azerbaïdjan est l’une des forces motrices avec la Turquie et la Géorgie. Où en sommes‑nous?

M. BIEDROŃ (Pologne) (interprétation)

Votre délégation ne comprend que des hommes. Votre pays est 99e sur 136 pour l’égalité et le respect des genres. Qu’en est‑il de l’égalité homme-femme? Quand allez‑vous ratifier les conventions en la matière?

M. ARIEV (Ukraine) (interprétation)

Tous les membres de l’organisation GUAM souffrent de l’invasion russe. Le leader des Tatars de Crimée ne peut pas retourner dans ce pays à cause des forces russes. Pouvez‑vous l’aider?

M. Aliyev, Président de l’Azerbaïdjan (interprétation)

La coopération en matière d’énergie et de transport entre la Géorgie, la Turquie et l’Azerbaïdjan a entraîné des mutations géopolitiques marquées. Nos trois pays ont eu un premier sommet des chefs d’Etat et de gouvernement à Tbilissi le mois dernier. La coopération énergétique est importante pour la région que nous stabilisons pour la sécurité énergétique.

La première mutation géopolitique fut la construction d’un oléoduc reliant la Caspienne à la Méditerranée. Maintenant on s’occupe d’autres projets: le pipeline Trans-Anatolie, le pipeline du Sud Caucase et le pipeline Trans-Adriatique depuis Bakou et en passant par la Géorgie, la Turquie, l’Albanie, l’Italie et la Bulgarie. De nombreux autres pays seront aussi desservis.

Il y a également un gros projet ferroviaire Bakou-Tbilissi-Kars qui reliera l’Asie à l’Europe.

La stabilité est un préalable au développement chez nous. Nous attachons beaucoup de prix aux relations bilatérales avec la Géorgie et la Turquie. Nous continuerons activement à développer cette coopération.

Il est un peu bizarre de nous accuser de manquements au principe de l’égalité homme-femme. Nous sommes un pays de grandes traditions. Lorsque la première République démocratique d’Azerbaïdjan a été instituée en 1918, l’un des premiers décrets a été pour octroyer le droit de vote aux femmes, sans doute bien avant plusieurs pays ici représentés. Les femmes ont les mêmes droits que les hommes en Azerbaïdjan. Elles participent activement à la vie politique. Ma délégation est certes uniquement composée d’hommes, mais des femmes de notre pays jouent un grand rôle dans cet hémicycle. Vous les connaissez.

Pour l’égalité homme-femme, nous avons adopté une loi et un code de la famille. Nous revoyons la convention d’Istanbul. Nous n’avons aucune objection. Venez à Bakou et vous verrez que les femmes ont les mêmes droits que les hommes. Nous nous en réjouissons.

Les activités du GUAM dépendent largement de la position de l’Ukraine. À plusieurs reprises le Gouvernement ukrainien a changé de position, parfois très favorable au GUAM, parfois très opposé. C’est donc très difficile pour les autres pays de prévoir l’évolution à long terme de cette organisation. On attendra des signaux positifs de l’Ukraine pour savoir si cette structure peut être aussi active qu’avant.

LA PRÉSIDENTE (interprétation)

Merci infiniment, Monsieur le Président pour votre intervention et pour vos réponses aux questions de mes collègues.