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Réponse à Recommandation | Doc. 12969 | 26 juin 2012
Les recours abusifs au secret d’Etat et à la sécurité nationale : obstacles au contrôle parlementaire et judiciaire des violations des droits de l’homme
1. Le Comité des Ministres a examiné avec
intérêt la Recommandation 1983 (2011) de l’Assemblée parlementaire
sur « Les recours abusifs au secret d’Etat et à la sécurité nationale :
obstacles au contrôle parlementaire et judiciaire des violations
des droits de l’homme ».Il
l’a transmise à un certain nombre d’instances intergouvernementales pour commentaires
ainsi qu’à la Commission européenne pour la démocratie par le droit
(Commission de Venise) et au Commissaire aux droits de l’homme du
Conseil de l’Europe pour information.
2. La recommandation de l’Assemblée parlementaire rappelle de
façon convaincante que lorsque le secret est utilisé pour couvrir
des violations des droits de l’homme, non seulement les autorités
de l’Etat ne remplissent pas leur devoir de protection des droits
de leurs citoyens mais, qui plus est, la démocratie et l’Etat de
droit sont gravement menacés. Il en va de même lorsque la notion
de secret d’Etat est interprétée de façon très large, allant jusqu’à
inclure des informations ou des données que le public a un intérêt
légitime à voir divulguées.
3. Le Comité des Ministres prend note du souhait de l’Assemblée
parlementaire qu’il élabore une recommandation sur la notion de
secret d’Etat ainsi que sur l’usage qui doit en être fait. Le Comité
note qu’il répond à certaines des préoccupations de l’Assemblée
dans ses Lignes directrices pour éliminer l’impunité pour les violations
graves des droits de l’homme, adoptées le 30 mars 2011. Il attire
l’attention sur le fait que ces Lignes directrices stipulent entre
autres que « les Etats ont le devoir de lutter contre l’impunité
afin de rendre justice aux victimes » (Chapitre I, paragraphe 3)
et qu’elles « s’adressent aux Etats et s’appliquent à leurs actes
ou manquements, y compris à ceux qu’ils commettent par l’intermédiaire
de leurs agents » (Chapitre II, paragraphe 2). Cela étant, le Comité
des Ministres estime que les questions posées par l’Assemblée sont
importantes et il continuera d’en tenir compte dans ses travaux.
4. Concernant la recommandation de l’Assemblée parlementaire
d’inviter tous les Etats membres à revoir ou, le cas échéant, à
mettre en place des mécanismes parlementaires et d’autres mécanismes
indépendants chargés du contrôle des services secrets, le Comité
des Ministres tient encore une fois à rappeler les Lignes directrices
pour éliminer l’impunité pour les violations graves des droits de
l’homme. Ces lignes directrices invitent les Etats à « envisager
de mettre en place des mécanismes non judiciaires, comme des enquêtes parlementaires
ou autres enquêtes publiques, des médiateurs, des commissions indépendantes
ou des procédures d’arbitrage , qui compléteraient utilement les
voies de recours judiciaires nationales garanties par la Convention » (Chapitre XV) ainsi qu’à
« établir des mécanismes garantissant l’intégrité et la responsabilité de
leurs agents » (Chapitre III, paragraphe 7).
5. Par ailleurs, conformément à la recommandation de l’Assemblée,
le Comité des Ministres invite les Etats membres à revoir, si nécessaire,
les procédures au sein de la justice pénale et civile visant à faciliter
la mise en place de procédures spéciales devant les juridictions
pénales et civiles pour permettre le déroulement correct des procès
nécessitant le traitement d’informations de nature sensible et soumises
au secret.
6. Finalement, le Comité des Ministres souligne l’importance
de la participation de la population à la gouvernance, qui est essentielle
au contrôle judiciaire comme parlementaire du recours au secret
d’Etat. Par conséquent, le Comité encourage les Etats membres à
ratifier la Convention sur l'accès aux documents publics (STCE n° 205),
selon laquelle les limitations du droit d'accès aux documents publics
doivent être établies précisément dans la loi, nécessaires dans
une société démocratique et proportionnées.