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Résolution 1910 (2012)
Le rôle des ONG dans la lutte contre l’intolérance, le racisme et la xénophobie
1. Depuis sa création, l’Assemblée
parlementaire œuvre à l’éradication de l’intolérance, du racisme
et de la xénophobie. Le Conseil de l’Europe a précisément été créé,
après la seconde guerre mondiale et les atrocités qu’elle a engendrées,
pour éviter le retour d’idéologies et de pratiques contraires à
la dignité humaine.
2. Dans une Europe où les actes violents motivés par l’intolérance,
le racisme et la xénophobie se multiplient et où des partis véhiculant
des messages à caractère raciste et xénophobe parviennent à remporter des
sièges dans les parlements nationaux, une vigilance et une lutte
constantes contre l’intolérance, le racisme et la xénophobie deviennent
des impératifs politiques.
3. L’Assemblée considère que les organisations non gouvernementales
(ONG) sont les alliées naturelles des parlements dans l’exercice
de leur fonction de surveillance, de prévention et de sensibilisation
dans ce domaine. Il est indispensable de prendre des mesures visant
à soutenir et à promouvoir l’action des ONG en vue d’améliorer les
politiques et la législation dans le domaine du racisme et de la
xénophobie, et de veiller à ce que le point de vue des groupes minoritaires
soit pris en compte dans leur élaboration, leur application et leur
suivi.
4. L’intolérance, le racisme et la xénophobie se nourrissent
de stéréotypes et de préjugés qui doivent être évités et éradiqués
à tous les niveaux. Les minorités visibles sont trop souvent montrées
dans les médias au travers d’images stéréotypées de leur culture
et de leurs traditions. Les comportements intolérants sont exacerbés
par les effets de la crise économique et le mécontentement d’un
nombre croissant de personnes qui se sentent de plus en plus vulnérables
en matière d’emploi, de sécurité et de protection sociale.
5. L’Assemblée exhorte les responsables politiques à ne pas employer
la peur pour alimenter leurs campagnes électorales, mais à réaffirmer
sans cesse les valeurs démocratiques de respect des droits de l’homme
et de la dignité humaine de nos sociétés. Elle rappelle à cet égard
sa récente Résolution
1889 (2012) sur l’image des migrants et des réfugiés
véhiculée pendant les campagnes électorales. Il est urgent d’engager des
travaux courageux et de longue haleine sur la diversité et la migration,
en coopération avec la société civile.
6. A la lumière de ces considérations, l’Assemblée recommande
aux Etats membres et observateurs, et en particulier aux parlements:
6.1. en concertation avec les ONG
compétentes, de prendre des mesures visant:
6.1.1. à promouvoir
la connaissance des différentes cultures et traditions, y compris
celles de groupes minoritaires, en offrant des modèles ou des exemples
de réussite qui montrent la contribution positive des minorités
à la société;
6.1.2. à promouvoir l’égalité des chances dans une société multiculturelle;
6.1.3. à mettre en place et à développer des structures de dialogue
dans lesquelles les ONG et les institutions publiques participent
sur un pied d’égalité;
6.1.4. à donner aux ONG compétentes une fonction consultative
auprès des institutions publiques pour qu’elles recommandent, à
la lumière de leur expertise, des mesures spécifiques de prévention
et de lutte contre l’intolérance, le racisme et la xénophobie;
6.1.5. à sensibiliser la société civile à la montée de ces phénomènes
et à la mobiliser pour les prévenir et les combattre, en organisant
des campagnes publiques à l’échelle nationale ou européenne;
6.1.6. à veiller à l’application des mesures et de la législation
pertinentes dans ce domaine;
6.2. d’élaborer des politiques de la jeunesse visant à l’éradication
de la discrimination et de l’exclusion;
6.3. d’encourager les médias à donner aux minorités la possibilité
de se faire entendre et de renforcer leur puissance médiatique dans
la société civile;
6.4. d’encourager et de soutenir les ONG dans leurs actions
visant:
6.4.1. à assurer la liaison avec les collectivités
territoriales;
6.4.2. à surveiller, prouver et dénoncer la discrimination;
6.4.3. à enjoindre les autorités d’agir contre l’intolérance,
le racisme et la xénophobie par des lois et des mesures appropriées;
6.4.4. à surveiller les actions des institutions publiques dans
ce domaine;
6.4.5. à renforcer leurs compétences et leurs capacités en tant
que source d’information pour les structures de suivi telles que
les médiateurs et les organismes de défense de l’égalité;
6.4.6. à faciliter l’accès à la justice des victimes de la discrimination
en leur fournissant des conseils et une représentation juridique;
6.4.7. à conférer aux groupes les moyens de lancer des campagnes,
d’organiser leur propre défense et d’affirmer et de faire appliquer
leurs droits;
6.4.8. à informer les minorités du cadre juridique pertinent
pour la défense de leurs droits;
6.4.9. à développer des stratégies de communication pour faire
entendre la voix des minorités dans les médias et à fournir aux
journalistes des informations cohérentes et fiables, en vue de combattre
l’hostilité envers les réfugiés et les demandeurs d’asile, l’islamophobie,
l’anti-tsiganisme et l’antisémitisme.
7. Par ailleurs, l’Assemblée encourage le Secrétaire Général
du Conseil de l’Europe à revoir et à renforcer la coopération avec
les organisations internationales non gouvernementales, notamment
à proposer des accords de mise en œuvre des instruments déjà existants
de lutte contre la discrimination, le racisme et l’intolérance avec
les directions et organes compétents du Conseil de l’Europe en vue
d’apporter des solutions à des situations concrètes et de développer
la culture participative dans les Etats membres.