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Addendum au rapport | Doc. 14010 Add. | 18 avril 2016
Prévenir la radicalisation d’enfants et jeunes en s’attaquant à ses causes profondes
Commission des questions sociales, de la santé et du développement durable
1. Introduction
1. Il est apparu, lors de l’examen
du projet de rapport susmentionné pour adoption par la commission
des questions sociales, de la santé et du développement durable,
le 15 mars 2016, à Paris, qu’il était nécessaire d’y apporter certaines
précisions de manière à ce que la commission puisse l’avaliser sans
réserves. Les explications ci‑dessous ont également pour but de
motiver les amendements au projet de résolution que je soumettrai
moi‑même à la commission au tout début de la partie de session d’avril
afin qu’ils puissent être présentés au nom de la commission.
2. La radicalisation, un phénomène qui se développe dans différents contextes
2. Je suis absolument convaincue
que la radicalisation ne doit pas être associée à un pays, un groupe
ou une religion en particulier. Des processus de radicalisation
extrêmes, souvent basés sur des idéologies glorifiant la violence,
ont été observés dans toute l’Europe ces dix dernières années, aussi
bien dans le contexte de divers mouvements religieux sectaires que
dans la sphère politique.
3. Depuis quelques années, certains pays européens voient resurgir
des mouvements politiques d’extrême droite et extrémistes. Etroitement
liée à ce phénomène, la xénophobie gagne du terrain en marge de
la société dans de nombreux pays, en particulier dans des contextes
marqués par la crise économique, un chômage élevé et la compétition
pour le partage de maigres ressources publiques, ainsi que, tout
récemment, en réaction à l’arrivée d’un grand nombre de migrants
et de réfugiés. Ces tendances politiques peuvent être observées
dans toute l’Europe, de la Norvège à la Grèce et de l’Allemagne
à l’Ukraine. Si l’attentat perpétré par Anders Breivik en Norvège
en 2011 est l’un des exemples les plus médiatisés, l’Allemagne surveille systématiquement
plus de 20 000 extrémistes de droite, dont pratiquement 10 000 sont
considérés comme potentiellement violents. En Grèce, l’extrémisme
de droite a attiré des adeptes peu nombreux mais très motivés .
3. Axe du rapport
4. Dès 2014, la commissaire européenne
Cecilia Malmström estimait que ces tendances représentaient la menace
la plus grave pour l’Union européenne . Je suis convaincue
qu’elles doivent aussi être traitées au niveau du Conseil de l’Europe.
Cependant, dans mon rapport, j’ai opté pour une approche plus ciblée
en prenant comme point de départ les tout derniers attentats perpétrés
en Europe et dans des pays voisins par des organisations terroristes
islamistes. Nous ne pouvons nier cette violence des terroristes
islamistes, qui ne doivent pas être associés à l’Islam en tant que
religion ni à la majorité de la communauté musulmane, désireuse
de coexister pacifiquement avec les membres des autres communautés
religieuses, au sein des sociétés où elle se trouve. Je souhaiterais
aussi réitérer que la question de l’extrémisme politique de droite
a déjà fait l’objet de la Résolution
2011 (2014) de l’Assemblée «Faire barrage aux manifestations de
néonazisme et d'extrémisme de droite», et de la Résolution 2069 (2015) «Reconnaître et prévenir le néoracisme».
5. Comme certains de mes collègues l’ont dit à la réunion de
Paris mentionnée plus haut, je suis aussi convaincue que les médias
sociaux et les prisons sont des lieux essentiels d’apparition et
de développement de la radicalisation et que les médias en général
contribuent à la création de stéréotypes qui renforcent la suspicion
et la haine entre les différentes communautés culturelles et religieuses.
J’aborde ces problèmes cruciaux à la fois dans le projet de résolution
et dans l’exposé des motifs. Toutefois, leur examen plus détaillé aurait
outrepassé les limites de ce rapport, dont le but est d’examiner
les causes profondes. Le rôle des médias ainsi qu’une action ciblée
pour prévenir la radicalisation des jeunes en prison sont certainement
des sujets qui méritent que l’Assemblée s’en saisisse dans ses futurs
travaux.
4. L’inclusion sociale, l’une des principales réponses
6. Je pense personnellement que
l’exclusion sociale des enfants et des jeunes est la cause profonde majeure
de leur frustration et de leur colère, ce qui les rend réceptifs
aux idées radicales; l’exclusion sociale constitue donc le facteur
central qui pousse les jeunes à se rallier à des mouvements radicaux
de toutes sortes. Pour les mineurs, une idéologie radicale peut
être l’occasion de se venger de ses propres souffrances et de porter
la cause «glorieuse» du groupe qu’ils ont fait leur, ce qui leur
procure une reconnaissance et un sentiment d’appartenance qu’ils
ne reçoivent pas de la part des sociétés dans lesquelles ils vivent.
7. Bien sûr, les enfants et les jeunes ne seraient pas amenés
à se radicaliser s’il n’y avait pas des facteurs d’attraction. Au-delà
des causes profondes «maison» liées au rôle et à la position sociale
des jeunes, nous devons aussi nous attaquer aux groupes extrémistes
violents de toutes sortes, qu’ils soient de nature politique, idéologique
ou religieuse. Je tiens à rappeler une fois de plus que certains
de ces problèmes, à savoir les «facteurs d’attraction», ont déjà
été traités par l’Assemblée dans sa toute récente Recommandation 2084 (2016) sur les combattants étrangers en Syrie et en Irak.
8. Pour ce qui est de «s’attaquer aux causes profondes», l’inclusion
sociale des enfants et des jeunes d’origine ethnique étrangère,
mais aussi de ceux appartenant à d’autres groupes sociaux défavorisés, constitue
un élément crucial de prévention de leur radicalisation. Je pense
que cela ressort déjà clairement de mon exposé, mais je cherche
à renforcer cette idée dans le projet de résolution en proposant
des amendements en ce sens. L’idée que l’inclusion sociale est la
réponse clé face aux processus de radicalisation a déjà été soulignée
lors de la toute récente conférence du Conseil de l’Europe sur les
droits de l’enfant, à laquelle j’ai participé au nom de l’Assemblée
parlementaire en ma qualité de Rapporteure générale sur les enfants .