1. Je souhaite remercier M. Silva
d’avoir abordé dans son rapport des sujets relevant du mandat de
la commission sur l’égalité et la non-discrimination et d’avoir
souligné l’importance accordée à l’égalité entre les femmes et les
hommes dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030
des Nations Unies. L'objet de cet exposé consiste à présenter quelques
informations supplémentaires sur la coopération actuelle avec les
Nations Unies, notamment en ce qui concerne les questions d’égalité
et de non-discrimination, principalement dans le cadre de la promotion
de l’égalité entre les femmes et les hommes, de l’inclusion des personnes
handicapées et de la lutte contre la violence à l’égard des femmes,
en vue de contribuer à la mise en œuvre du Programme de Développement
durable à l’horizon 2030, et plus précisément des Objectifs de développement
durable (ODD) 5, 10 et 16.
1. Promouvoir l’inclusion
des personnes handicapées
2. Le Programme 2030 promet de
«ne laisser personne de côté» et plaide en faveur de sociétés inclusives
. Comme l’a souligné le Secrétaire
général des Nations Unies, M. António Guterres, «les sociétés ne
réaliseront jamais les ODD sans la pleine participation de chacun,
y compris les personnes handicapées»
. La Convention des Nations Unies
relative aux droits des personnes handicapées vise à faire de la
pleine insertion des personnes handicapées dans la société une réalité.
Ces dernières années, le Conseil de l’Europe a demandé à plusieurs
reprises la mise en œuvre de cette convention, déjà largement ratifiée,
et l’a mise en avant comme une référence mondiale.
3. En outre, la Stratégie du Conseil de l’Europe sur le Handicap
(2017-2023) – Droits de l’homme: Une réalité pour tous
aborde l’égalité et la non-discrimination,
l’accessibilité, la reconnaissance de la personnalité juridique
dans des conditions d’égalité, la sensibilisation et le droit de
ne pas être soumis à l’exploitation, à la violence et aux abus.
Elle propose aux États membres des recommandations sur la façon
de garantir la participation pleine et effective des personnes handicapées
dans tous les domaines de la vie et de la société. Si le Comité
ad hoc des experts sur les droits des personnes handicapées du Conseil
de l’Europe a cessé son travail en raison des restrictions budgétaires,
la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil et l’Europe et l’Assemblée
parlementaire poursuivent leurs actions en la matière et attirent
régulièrement l’attention sur la nécessité d’intensifier les efforts
pour garantir la pleine inclusion des personnes handicapées dans
la société.
4. Ces dernières années, la commission sur l’égalité et la non-discrimination
de l’Assemblée a coopéré activement avec le Comité des droits des
personnes handicapées des Nations Unies. Elle a également tenu des
débats avec la Rapporteuse spéciale des Nations Unies pour les droits
des personnes handicapées. Des rapporteurs ont effectué des missions
d'information afin de discuter avec des représentants des Nations
Unies dans le cadre de la préparation de rapports sur «Les détenus
handicapés en Europe» (rapporteur: M. Manuel Tornare, Suisse, SOC)
et
«L’égalité et l’insertion des personnes handicapées» (rapporteure: Mme Carmen Quintanilla,
Espagne, PPE/DC)
.
Je souhaiterais également mentionner le rapport sur «Les droits
politiques des personnes handicapées: un enjeu démocratique» (rapporteure:
Mme Mechthild Rawert, Allemagne, SOC)
car il présente un ensemble
de recommandations concrètes destinées à encourager la participation
à la vie politique, un élément essentiel pour atteindre la pleine
inclusion.
5. Dans sa déclaration à l’occasion de la Journée internationale
des personnes handicapées, le 3 décembre 2018, M. Silva, rapporteur
d'un rapport intitulé «Pour une population active intégrant les personnes
handicapées», a souligné l’importance d'œuvrer en faveur d’une pleine
inclusion et de garantir l’accès à l’éducation et au marché du travail
pour les personnes handicapées afin d’atteindre les Objectifs de développement
durable. L’Assemblée devrait selon moi poursuivre ses efforts de
défense et de promotion de la pleine inclusion dans le cadre de
ses futurs rapports et du travail de sa sous-commission sur le handicap
et la discrimination multiple et intersectionnelle et appeler ses
membres à agir dans ce domaine au sein de leurs parlements nationaux.
2. Promouvoir l’égalité
entre les femmes et les hommes et l’approche intégrée de l’égalité
de genre
6. Les cibles de l’ODD5 sont claires
et la majeure partie de notre travail dans la commission sur l’égalité
et la non-discrimination peut être considérée, à mon sens, comme
une contribution à leur réalisation. Il convient également de souligner
que la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes ne
figure pas uniquement dans l’ODD 5 du Programme 2030, c’est aussi
un objectif transversal indispensable à la réussite globale de ce
Programme: «L’égalité et l’autonomisation des femmes … font partie
intégrante de tous les aspects d’un développement inclusif et durable.
En résumé, tous les ODD dépendent de la réalisation de l’Objectif 5
.»
7. Le Conseil de l’Europe œuvre dans le même sens et fait de
la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes et de l’approche
intégrée de cette égalité une priorité absolue. La Stratégie du
Conseil de l'Europe pour l’égalité entre les femmes et les hommes
2018-2023
, citée dans le rapport de M. Silva,
pourrait servir d’outil de référence pour la réalisation de l’ODD 5.
Je souhaite réaffirmer ici notre appui indéfectible à la stratégie,
qui revêt une importance particulière à un moment où nous pouvons
constater un recul des droits des femmes. Lors de la Commission
de la condition de la femme, le 12 mars 2019, M. António Guterres, Secrétaire
général des Nations Unies, a regretté le recul «profond, généralisé
et incessant» des droits des femmes et appelé à lutter pour «faire
reculer ce recul»
.
8. Son appel a été relayé par Mme Liliane Maury Pasquier,
Présidente de l’Assemblée parlementaire
, et par la plupart des participants
à la Commission de la condition de la femme. En tant que parlementaires,
je pense qu’il est essentiel de réaffirmer notre soutien le plus
ferme aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les
hommes, à chaque fois que nous en avons la possibilité, dans les
parlements nationaux, dans les médias ou lorsque nous participons
à des réunions publiques. Nous devons être vigilants car des droits considérés
comme «acquis» dans certains États membres sont aujourd'hui menacés.
Nous devons être fermes et affirmer que les droits des femmes sont
des droits humains, et ne tolérer aucune tentative visant à leur
porter atteinte.
9. Pour lutter contre ces menaces, je prépare actuellement un
rapport sur «l’autonomisation des femmes: promouvoir l’accès à la
contraception en Europe», dans lequel je présenterai des recommandations
sur la façon de garantir l’accès universel à la santé sexuelle et
reproductive et aux droits génésiques. J'espère que ce rapport apportera
une contribution utile et permettra de combattre les atteintes à
ces droits.
10. Depuis plus de 20 ans, le Conseil de l’Europe et son Assemblée
sont particulièrement actifs dans la promotion de la participation
politique des femmes, ce qui peut changer la donne en matière de
promotion et de protection des droits des femmes et apporter des
changements tangibles. Une plus grande participation des femmes
à la vie politique est primordiale pour que les droits des femmes
et l’égalité entre les femmes et les hommes deviennent une priorité
de l’ordre du jour politique et ne soient pas considérés comme un
sujet secondaire. Nous resterons sans aucun doute actifs dans ce
domaine et nous continuerons de suivre les évolutions des États
membres, en espérant qu’il n’y aura pas de régression sur ce plan.
3. Prévenir et combattre
la violence à l’égard des femmes
11. Un autre sujet essentiel est
la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes. L’Assemblée
a entretenu une excellente coopération avec les Nations Unies sur
ce point, qui constitue la première cible de l’ODD 5. Le 1er mars 2019,
la commission permanente a tenu un échange de vues avec Mme Dubravka Šimonovic,
Rapporteuse Spéciale des Nations Unies sur la violence contre les
femmes, et Mme Feride Acar, présidente
du Groupe d’experts sur la lutte contre la violence à l’égard des
femmes et la violence domestique (GREVIO). Mme Šimonovic
a également participé à un événement parallèle sur le sexisme, le
harcèlement et la violence à l’égard des femmes parlementaires,
le 12 mars 2019 lors de la Commission de la condition de la femme,
coorganisé par l’Assemblée, la présidence finlandaise du Comité
des Ministres et l’Union interparlementaire. Par ailleurs, la commission
sur l’égalité et la non-discrimination et son réseau parlementaire
pour le droit des femmes de vivre sans violence sont en contact
régulier avec le Bureau du Haut-commissaire aux droits de l’homme,
y compris le secrétariat du Comité pour l’élimination de la discrimination
à l’égard des femmes et l’ONU Femmes.
12. Ces dernières années, l’Assemblée a tenu des débats sur des
rapports présentant des formes spécifiques de violence à l’égard
des femmes, notamment le harcèlement des femmes dans l’espace public, les
mutilations génitales féminines, le harcèlement, le mariage forcé
et la violence psychologique. Les résolutions adoptées exigent toutes
des actions ciblées visant à reconnaître et réprimer ces formes
de violence, contribuant ainsi à la réalisation de l’ODD 5. Selon
moi, en plus de ces actions spécifiques, nous devons faire en sorte
de sensibiliser, en tant que parlementaires, au fait que la violence
à l’égard des femmes trouve son origine dans une croyance fermement
ancrée selon laquelle les femmes et les hommes ne sont pas égaux.
13. Outre la référence à la Convention d’Istanbul dans le rapport,
je souhaiterais ajouter que le travail de suivi effectué par le
GREVIO peut permettre de réunir des données relatives à la réalisation
des ODD. Le travail du GREVIO peut aider grâce à des indicateurs
sur les progrès accomplis et l’évaluation des changements opérés,
par exemple au niveau législatif. Son suivi complet donne une excellente
image de la situation et permet d’identifier les lacunes dans la
mise en œuvre de la Convention.
14. Certains instruments juridiques du Conseil de l’Europe pourraient
s’avérer utiles au-delà du continent européen. La Convention d’Istanbul,
ouverte à la ratification par des États non membres du Conseil de l’Europe,
est l’un d’entre eux. Lors de la Commission de la condition de la
femme à New York, des responsables ont appelé à une ratification
universelle de la Convention d’Istanbul, qui est l’instrument juridique international
le plus complet dans le domaine de la prévention et de la lutte
contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.
Mme Marlène Schiappa, Secrétaire d’État
française en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes
et de la lutte contre les discriminations, a notamment appelé à
la ratification universelle de la Convention d’Istanbul lors d'un
événement parallèle organisé par la Mission permanente de la France
auprès des Nations Unies, en coopération avec le Conseil de l’Europe,
le 11 mars 2019, sur «La Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe:
un instrument global de prévention et de lutte contre la violence à
l’égard des femmes et des jeunes filles»
.
15. Je salue ces appels, en particulier à un moment où la Convention
est attaquée, y compris dans des pays qui l’ont déjà ratifiée. J’attends
avec impatience le rapport de Mme Zita Gurmai
(Hongrie, SOC) concernant «La Convention d’Istanbul sur la violence
à l’égard des femmes: réalisations et défis», ainsi que le débat
en plénière sur ce sujet. J’espère sincèrement que ces initiatives
permettront de mettre en lumière la valeur ajoutée de la Convention
d’Istanbul et l’effet positif qu’elle a déjà eu sur les vies des
victimes.
16. Après la publication des résultats de l’étude UIP-APCE sur
le sexisme, le harcèlement et la violence à l’égard des femmes dans
les parlements d’Europe, en octobre 2018
, Mme Liliane Maury Pasquier, Présidente
de l’Assemblée, a lancé l’initiative #NotInMyParliament visant à
sensibiliser à la nécessité de prévenir et combattre la violence
à l’égard des femmes parlementaires. Je me félicite qu’elle ait
fait de la prévention de la violence à l’égard des femmes en politique
une priorité de son mandat, et je soutiens sans réserve son initiative.
Je me réjouis également de la tenue du débat en plénière sur le
rapport «Pour des parlements sans sexisme ni harcèlement
» (rapporteure: Mme Thorhildur
Sunna Ævarsdóttir, Islande, SOC) pendant la partie de session d’avril
2019.
4. Observations
finales
17. Il est impossible, dans un
avis, de mettre en évidence tous les domaines de coopération et
toutes les mesures prises en matière d’égalité et de non-discrimination
en vue de contribuer à la réalisation des Objectifs de développement
durable. Je souhaiterais toutefois remercier les Nations Unies d’avoir
réussi à garantir la promotion mondiale des ODD et à faire participer
efficacement des organisations régionales à leur promotion et leur
réalisation. Je saisis également cette occasion pour affirmer notre
soutien au multilatéralisme, qui assure le bon fonctionnement des
mécanismes de suivi.
18. Compte tenu des mandats du Conseil de l’Europe et des Nations
Unies et de leurs objectifs, la coopération est essentielle. Ce
sont deux acteurs bien placés pour faire avancer les ODD et promouvoir
leurs cibles. Je souhaiterais également apporter tout mon soutien
au rapport élaboré par Mme Jennifer de Temmerman
(France, NI) pour la commission des questions sociales, de la santé
et du développement durable, intitulé «Mise en œuvre des Objectifs
de développement durable: la nécessaire synergie de tous les acteurs,
des parlements aux collectivités locales», qui sera débattu en même
temps que le rapport de M. Silva.
19. L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe peut aider
à sensibiliser aux ODD, par l’intermédiaire de ses membres et de
leurs activités dans les parlements nationaux, qui peuvent demander
l’allocation de fonds suffisants et exiger la mise en œuvre de ces
objectifs. À chaque fois que nous soulignons, en tant que membres
d’un parlement, que le déséquilibre des pouvoirs empêche les femmes
et les jeunes filles de développer leur plein potentiel, nous contribuons
à sensibiliser à la nécessité urgente de mettre en œuvre l’ODD 5.
Nous pouvons contribuer à faire figurer les ODD en tête des priorités
de l’agenda politique de nos pays.
20. À mon sens, il pourrait être intéressant d'intensifier la
coopération entre les Nations Unies et l’Assemblée parlementaire.
Les parlements pourraient être encouragés à réfléchir à la façon
dont la législation existante empêche ou pourraient permettre la
réalisation des cibles décrites dans les ODD. Par conséquent, je
me réjouis que le projet de résolution appelle les États membres
du Conseil de l’Europe «à inclure des parlementaires dans leurs
structures et délégations nationales à différents stades de l’examen
des ODD, notamment aux sessions du Forum politique de haut niveau
pour le développement durable et de l’Assemblée générale des Nations
Unies, ainsi que lors d’événements thématiques, et à leur donner
la possibilité de participer activement aux travaux de ces processus
et événements».
21. Je conviens avec le rapporteur que le Conseil de l’Europe
est bel et bien un contributeur important du Programme 2030. Je
me sens particulièrement encouragée par le fait que l’actuelle présidence
finlandaise du Comité des Ministres et la future présidence française
font de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte
contre la violence à l’égard des femmes des priorités de leurs présidences,
et je me réjouis de notre future coopération à cette fin, à un moment
où les droits des femmes sont menacés en Europe.