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Réponse à Recommandation | Doc. 12564 | 07 avril 2011
Des pensions de retraite décentes pour les femmes
1. Le Comité des Ministres a examiné avec
intérêt la Recommandation
1932 (2010) de l’Assemblée parlementaire sur « Des pensions de retraite
décentes pour les femmes ». Il a porté la recommandation à l’attention
des gouvernements des Etats membres, conjointement avec la Résolution 1752 (2010), pour les garder à l’esprit, en tant que de besoin.
Il a également transmis les documents au Comité directeur pour l’égalité
entre les femmes et les hommes (CDEG), au Comité gouvernemental
de la Charte sociale européenne, au Comité européen des droits sociaux
(CEDS), au Comité directeur pour les droits de l’homme (CDDH) et
au Comité européen pour la cohésion sociale (CDCS), dont les observations
ont été prises en compte dans la présente réponse.
2. Le Comité des Ministres considère que les questions soulevées
par l’Assemblée sont pertinentes et d’actualité. Etant donné que
la proportion de personnes âgées va augmenter dans les sociétés
européennes, la nécessité de garantir des pensions de retraite suffisantes,
équitables et durables, tant pour les femmes que pour les hommes,
est devenue un enjeu pour tous les gouvernements. A cet égard, le
Comité des Ministres partage l’avis que l’égalité entre les sexes
en matière de pensions de retraite est essentielle et qu’il importe
d’y accorder une attention particulière lors de l’examen ou de la
réforme des régimes de retraite nationaux.
3. Le Comité des Ministres estime que les choix politiques relatifs
à l’organisation et à la gestion des régimes nationaux de retraite
relèvent des attributions et de la responsabilité de chaque Etat
membre – et devront être déterminés à la lumière du contexte économique,
social et démographique propre à chaque pays. Toutefois, du point
de vue du Conseil de l’Europe, il considère que la question de garantir
des pensions de retraite décentes aux femmes dans les Etats membres
doit être premièrement guidée par le principe général de l’égalité
entre les femmes et les hommes et deuxièmement viser à protéger
les droits des personnes âgées, ces deux points étant des domaines
d’action prioritaires de l’Organisation.
4. Conformément à cette approche, les ministres des Etats participant
à la 7e Conférence du Conseil de l’Europe des ministres responsables
de l’Egalité entre les femmes et les hommes (Bakou, 24-25 mai 2010)
ont adopté la Résolution « Combler le fossé entre l’égalité de jure et de
facto pour réaliser une véritable égalité entre les femmes
et les hommes » qui invite les Etats membres à « développer des politiques et des mesures spécifiques
notamment des actions positives y compris des mesures temporaires
spéciales, […] » pour, d’une part, combler le fossé salarial
entre hommes et femmes et d’autre part, permettre ainsi à ces dernières
de bénéficier de pensions de retraite décentes. Ils ont également
adopté un Plan d’action « Relever le défi de la réalisation de l’égalité de jure et de l’égalité de facto entre les femmes et les
hommes » qui recommande au Conseil de l’Europe « d’analyser l’impact de la crise économique
sur la réalisation de l’égalité de facto entre les femmes et les
hommes et développer des activités pour en contrecarrer les conséquences
négatives, notamment sur le marché du travail, y compris pour abolir
les inégalités salariales. » En septembre 2010, le Comité
des Ministres est convenu de tenir compte de la résolution et du
plan d’action susmentionnés dans les travaux futurs du Conseil de
l’Europe sur l’égalité entre les femmes et les hommes. La mise en
œuvre des mesures contenues tant dans le plan d’action que dans
la résolution vise à réduire, voire éliminer, la discrimination
et les inégalités dont les femmes sont victimes et à parvenir à
une égalité de facto entre
les sexes.
5. Le Comité des Ministres est néanmoins conscient que les régimes
de pension de retraite, de même que les niveaux de pensions de retraite
des femmes par rapport à ceux des hommes, varient considérablement d’un
Etat membre à l’autre. Par exemple, dans un certain nombre d’Etats
membres, les femmes peuvent exercer leur droit à la retraite avant
d’avoir rempli les conditions générales attachées à l’exercice de
ce droit, à la fois en matière d’assurance et d’âge, et le montant
de la pension est identique pour les hommes et les femmes remplissant
les mêmes conditions. Dans beaucoup de pays, le principe de la non-discrimination,
y compris fondée sur le genre, prévoit que les personnes qui effectuent
un même travail ou un travail de valeur égale se voient garantir
un même salaire, quel que soit leur sexe. Cela s’applique également
aux pensions garanties et aux pensions minimales.
6. Par ailleurs, le Comité des Ministres a conscience que dans
de nombreux Etats, le montant de la pension de retraite dépend directement
de la participation au marché du travail – et tant qu’il existera
un écart de facto important
entre les salaires et les périodes d’emploi des femmes et des hommes,
un écart similaire perdurera s’agissant du niveau des pensions de
retraite. A ce titre, il a pris note avec intérêt du Livre vert
de l’Union européenne sur les pensions de retraite qui examine
comment combler l’écart entre le montant des pensions de retraite
des hommes et des femmes. De la même manière, au moment d’évaluer
les effets positifs et négatifs de la réforme des régimes de pensions
de retraite sur les pensions des femmes, le Comité des Ministres,
comme l’Assemblée, estime qu’il importe de se pencher attentivement
sur la question de la bonification à accorder aux femmes qui se
trouvent défavorisées au titre de leur droit à la pension de retraite du
fait qu’elles ont consacré du temps à leurs enfants ou à d’autres
personnes à charge.
7. Le Comité des Ministres souligne en outre que la protection
des droits des personnes vulnérables, notamment des personnes âgées,
qui recouvre notamment, sans toutefois s’y limiter, la question
des pensions de retraite décentes et sa dimension d’égalité entre
les sexes, est un aspect essentiel d’une société socialement responsable
et démocratique. Les personnes âgées sont souvent victimes de discrimination
et d’abus, particulièrement menacées par la pauvreté et la perte
de leur dignité et souvent privées de leur droit à participer aux
processus décisionnels et à la vie de la société dans son ensemble.
Il importe donc tout particulièrement que leurs droits fondamentaux
et leur dignité humaine soient pleinement respectés. Une nouvelle
initiative prioritaire en 2011 fera le point sur la situation des
personnes âgées en Europe en vue d’établir une feuille de route
complète et des propositions de projets pour 2012-2013 pour rationaliser
les actions dans ce domaine. A la lumière de ces travaux, les propositions
spécifiques de l’Assemblée pourraient être examinées plus avant.
8. Le Comité des Ministres attire également l’attention sur la
Charte sociale européenne (révisée) qui reconnaît, notamment, le
droit à la protection sociale pour les personnes âgées dans son
article 23. Il invite les Etats membres qui ne l’ont pas encore
fait à envisager de ratifier cet instrument. Enfin, le Comité des
Ministres rappelle qu’en 2002, la Seconde Assemblée mondiale sur
le vieillissement a adopté le Second Plan d’action international
sur le vieillissement. Ce plan inclut un certain nombre de thèmes
centraux fixant des buts, objectifs et engagements, y compris l’égalité
entre les sexes chez les personnes âgées .